dimanche 23 mai 2010

Première vidéo

43°42'7.74"N 7°14'13.69"E

Aujourd’hui, on va essayer un nouveau mode de communication.

Il y en a qui disent que communiquer c’est mon truc, et je vous avoue que je ne sais pas si c’est totalement vrai...
Dans le sens où même si j’ai le verbe et l’écrit relativement aisé, je ne suis pas très sûr d’arriver à me faire comprendre pour autant.
Mais bon, j’imagine que par rapport à d’autres pour qui s’exprimer relève de l’exploit, on peut effectivement dire que j’ai quelques facilités.

Donc, après avoir essayé l’écrit, la photo, le diaporama, puis l’audacieuse version du diaporama commenté, je me confronte aujourd’hui à un autre mode de communication : La vidéo.

Bon, je passerais sur la galère que ça a été de faire ce petit film de dix minutes. Tout est perfectible dans la vie et cette première mouture en est un vivant exemple. Donc, amis et lecteurs, soyez indulgents s’il vous plaît !

jeudi 13 mai 2010

Et la politique dans tout ça ?

43°42'7.74"N 7°14'13.69"E

Depuis quelques semaines je m’abreuve de récits en tout genre sur ce que les pros appellent les « grands voyages ». A savoir les histoires vécues par des équipages de plaisanciers tout autour du globe.
J’y recherche à la fois des informations, des trucs, des astuces, des expériences... Bref je suis à l’affut d’un peu tout et n’importe quoi. Et lorsqu’un texte me semble intéressant, je le mets de côté dans mes archives.

Ces archives commencent d’ailleurs à être conséquentes ! Cependant, si j’observe bien tous ces textes, je relève qu’ils ont tous un point commun : Ils manquent tous d’humanité.

J’y lis des tas d’observations sur les pays, les coutumes, les pratiques administratives des uns et des autres, mais nulle part je n’arrive à trouver quelqu’un qui me raconte les gens...
Oh bien sûr, il y a parfois quelques observations du genre : « les gens sont gentils ! », « Ils sont souriants, sympathiques ! »...
Les commentaires sur les prix sont aussi nombreux, comme « ici la vie est chère » par exemple. Ou encore « Méfiez-vous du shiplander sur le port, c’est un voleur... »

Mais tout ça reste, comment dire, extérieur. Oui c’est ça, on a l’impression que tous ces plaisanciers passent, jettent un œil et repartent sans vraiment regarder ce qu’ils voient. Un peu comme si l’observateur restait volontairement sur le bord de la scène pour regarder les choses de loin... Mais il ne lui arrive jamais de descendre sur la scène et de se mêler aux acteurs.
C’est triste je trouve.

Bien sûr, j’imagine que cette position est confortable quelque part... Car il est toujours confortable de rester en dehors des choses et cela évite surtout de porter un jugement. Et je ne vous parle pas d’y apporter un jugement politique ! Là, c’est le désert. Nulle part, là encore, je n’ai pu lire une quelconque appréciation critique des systèmes que ces gens ont pu rencontrer.

Avant que de me mettre moi-même à juger ces récits de voyages, plusieures raisons peuvent expliquer cette vacuité...
Tout d’abords, peut-être que je ne suis pas tombé sur les bons sites. C’est possible en effet. Mais en même temps avec la centaine que j’ai parcouru jusqu’à maintenant, j’aurais pu au moins en rencontrer un, et ce n’est pas le cas. Bien sûr, je laisse de côté les sites qui parlent d’actions humanitaires.

La deuxième hypothèse est que c’est moi qui me trompe du tout au tout et que le voyageur n’a justement pas à porter de jugement sur ce qu’il voit. Vaste question qui me tarabuste d’ailleurs depuis un bout de temps et à laquelle j’ai déjà répondu partiellement. A savoir qu’il faut arrêter de se contenter de dire que tout est égal dans ce monde et que celui-ci serait certainement meilleur si on portait un peu plus de jugement politique sur les choses.

Autre hypothèse, la plaisance est un luxe de riche. Ceci expliquant cela, la plupart des voyageurs autour du monde se tapent royalement des gens qu’ils rencontrent et se contente de profiter de leur soleil et de la misère des autres. Cette hypothèse se trouve étayée par une chose que j’ai remarquée, qui est que partout j’ai pu lire le conseil suivant : Il faut un début et une fin au voyage. Avec si possible des breaks, c'est-à-dire des retours en France.
Bon, pour l’instant c’est un conseil que je n’arrive pas bien à comprendre, mais je n’exclus pas le fait qu’il me devienne compréhensible au fil du temps...
Je sais que ça n’a pas l’air très évident ce que je dis là. Je vais donc essayer de le formuler autrement. C’est un peu comme si dans l’esprit des nantis de ce monde, et qui ont la chance de pouvoir s’offrir la possibilité de voir le Monde (avec un grand M), les rencontres ne pouvaient s’inscrire que dans une période définie. Genre, c’est bien joli tout ça, mais faudrait voir à pas s’éterniser non plus.

Ensuite, j’ai remarqué dans mes lectures la glorification de cette fameuse solidarité des gens de mer... Celle-là, je la comprends car elle est utile et nécessaire. Cependant je me demande si la plupart des plaisanciers ne confondent pas à la longue solidarité et... endogamie. Je veux dire par là qu’ils restent tous ensemble, ils mouillent au même endroit, se mettent à couple ensemble, ne se parlent qu’entre eux et quasiment qu’entre eux... Oui endogamie est bien le mot qui convient.
Et cette endogamie donc a tendance à les exclure de la vie du pays qu’ils parcourent, au même titre qu’ils excluent eux-mêmes les populations de ces pays.

Vous savez à quoi ça me fait penser ? Aux roms... Au communautarisme. A l’exclusion autoentretenue... Toutes ces choses qui me dérangent déjà fortement dans mon propre pays.
C’est pourquoi j’ai décidé... Enfin, j’ai l’intention on va dire, de ne pas trop m’impliquer dans cette communauté des gens de mer. J’en prendrais et je ferais ma part, parce qu’il ne s’agit pas non plus de trop cracher dans la soupe, mais je garderais une certaine distance quand même. Avec la prise de risque que cela sous-entend...
Mais je crois, en tous cas pour l’instant, que c’est le prix à payer pour ne pas tomber dans les travers dont je vous ai parlé plus haut.

Ensuite, je me suis dit que ce jugement politique qui est le mien, et que j’affine depuis quelques années maintenant en tenant un blog dédié au faits de société, je n’allais pas l’abandonner pour autant. D’ailleurs je ne vois pas trop comme je pourrais faire... Je ne vais pas, comme ça du jour au lendemain, balancer mes idées par-dessus bord, ou bien m’ablater une partie du cerveau. (Oui ça ce dit le verbe ablater !)
Aussi, j’ai l’intention de continuer à écrire sur la politique...

Je ne sais pas encore très bien comment tout cela va se goupiller mais voilà un peu comment j’imagine les choses. Imaginez qu’à chaque escale dans un pays, je me mette à essayer de vous décrire le système politique qui régit ce pays. Les partis en présence, les enjeux, les idées prédominantes, le système électoral... Bref, un instantané de ce qui se passe, avec mon regard perso.
Pour arriver à ça, je suppose qu’il me faudra faire deux choses. La première c’est de rester suffisamment longtemps pour pouvoir m’imprégner des choses. Me documenter aussi bien sûr. Et puis trouver quelqu’un qui me raconte les choses de l’intérieur. Je m’imagine assez bien me mettre en quête d’un quidam et de lui demander de me raconter la politique de son pays... Et de ne le lâcher que lorsque j’aurais tout bien compris et tout noté pour vous le faire partager.

Ouais, ça me tenterais bien de faire ça... En fait la vraie question c’est : Et vous, est-ce que ça vous plairait de lire des trucs comme ça ?
Moi j’crois bien que oui... En tous cas j’espère. Parce que d’une part j’aime à croire que mon lectorat actuel qui apprécie ce que j’écris sur la politique dans JVVD me suivra sur la Boiteuse. Et d’autre part, je crois vraiment que ce serait une nouveauté. Un truc jamais lu nulle part.

J’attends vos commentaires et vos conseils sur ce sujet.

En attendant, moi je poireaute. Je reste toujours coincé dans la pétole à la position susmentionnée. Mais le vent ne devrait plus tarder à se lever maintenant... Encore un peu de patience...

dimanche 2 mai 2010

De la picole à la pétole

Où en étais-je ? Ah oui, par la suite donc, il me fallut attendre vingt ans pour remettre les pieds sur un bateau...

C’est pas banal la façon dont ça c’est passé... A l’époque, nous étions en 2000, je picolais pas mal. Bon, allez, on va arrêter la pudeur mal placée (on n’est pas là pour ça après tout) et disons-la carrément : J’étais alcoolique.
Un vrai, un pur un dur. Un pour qui le seul et unique carburant permettant de le faire avancer dans la vie était l’alcool.
Bon, je ne vais pas m’appesantir sur les raisons qui m’ont conduit à une telle situation... Les plus perspicaces d’entre vous n’auront qu’à lire entre les lignes. Le fait est que ma vie de l’époque tournait plutôt en rond. Boulot-picole-dodo-picole-boulot, etc... Et comme souvent dans ces situations ma famille tentait maladroitement de m’aider.
Une des ces façons maladroites fut de m’inciter à ne pas rester enfermé chez moi pendant mes congés. Je buvais déjà pas mal pendant la semaine, mais je ne vous raconte pas les doses que je m’enfilais lorsque je ne travaillais pas !
Je me suis vu donc offrir, une fois par an, un stage de ce que je voulais... Un break, un séjour, bref une occasion de sortir de chez moi et de me changer les idées.

Tout naturellement je me tournais vers cette activité qui résonnait encore dans le fond de mon cœur, la voile.
Donc à partir de 2000 j’ai commencé à suivre les stages de formation des Glénans, me partageant chaque année entre Marseillan dans l’Héraut et Bonifacio en Corse.
J’ai appris assez vite... Enfin je crois. Difficile de se juger soit même dans ce domaine comme dans d’autres d’ailleurs. Le fait est que je suis arrivé en quelques années à ce que les Glénans nomment le niveau quatre voiles. A savoir celui qui précède le monitorat.
J’adorais ces moments sur la mer... Je me sentais bien. Je ne buvais pas, ou peu. Je trouvais des petites parcelles de bonheur dans le mouvement des vagues et le vent contre ma joue.
Ah ce vent... Ce moteur que je croyais invisible lorsque j’étais gamin, quelle révélation ce fut pour moi quand enfin j’appris à le voir... A le lire. A décrypter le moindre de ses signes. Grâce à lui, je savais où j’étais. J’avais la conscience aigüe de ma place à un moment donné. Là encore c’était magique !
Mais cette magie n’avait hélas qu’un temps... Dès mes périodes de voile finies, je retombais immanquablement dans ma solitude et ma dépression.

Puis s’ensuivit une période de ma vie que je vais avoir un peu de mal à raconter dans les détails... En gros, et pour faire vite, je suis arrivé au bout du bout de mon alcoolisme en même temps que je perdais ma mère. Et contrairement à ce qu’on pourrait penser, c’est la convergence de ces deux événements qui me sauva. Je me suis soigné, j’ai repris du poil de la bête comme on dit. J’ai surtout réappris à m’aimer, et c’est bien ça le plus important.
En fait, dans la réalité, il m’a fallu des années pour me reconstruire... et j’ai été aidé en cela par deux choses.

La première ce fut, là encore paradoxe, un pépin de santé. Une vielle blessure datant de l’armée m’a immobilisé pendant trois ans, ce qui m’a permit de réfléchir sur moi-même, de me remettre en question sur bien des points, de découvrir les plaisirs de l’écriture et de commencer à imaginer ma vie future. (Oh ! Ca rime !)

Et la seconde chose qui me permit de sortir, et maintenir, la tête hors de l’eau, ce fut d’avoir hérité des moyens nécessaires pour faire ce que je voulais... Enfin, oui et non... Le bol que j’ai eu (si, quand même) c’est d’avoir hérité avec ma sœur d’un appartement. Le pas de bol c’est que nous avons voulu le mettre en vente un mois à peine avant la crise des subprimes. Vous voyez le topo ?
Résultat, l’héritage de notre mère nous a couté de l’argent pendant un an et demi ! Car c’est le temps qu’il a fallu pour réussir à le vendre ce foutu appart, et encore aux deux tiers de son prix initial...
Donc, pendant que je me soignais, j’imaginais ce que j’allais bien pouvoir faire avec cet argent lorsque celui-ci daignerait enfin à montrer le bout de son nez.

Et c’est comme ça que j’ai commencé à plancher sur mon projet de tour du monde.

C’est bizarre les coïncidences tout de même... Alors même que je me démenais comme un beau diable pour me débarrasser de ce qui avait pourri ma vie pendant mes quarante premières années, que j’apprenais peu à peu à savoir qui j’étais vraiment... Je me voyais offrir la possibilité de repartir à zéro. D’orienter ma vie dans le sens que je désirais.
Si c’est pas du bol ça ! Ouais, peut-être. Mais en même temps avec ce que j’ai pris dans la gueule, j’ai quand-même l’impression de l’avoir un peu mérité...

Alors bien sûr, je n’ai pas décidé de m’acheter un bateau tout de suite. Non c’est, comment dire, venu dans ma tête tout doucement. D’abord comme une supposition à faible coefficient de probabilité. Puis au fil du temps, à force d’y penser, le coefficient c’est amélioré. Je me disais, tien quand l’appart sera vendu, tu pourras faire ça... Tien, voilà bien un endroit où j’aimerais pouvoir jeter l’ancre... Rien de précis, de forgé. Des petits bouts d’impressions, des petites poussières de rêves qui commencèrent peu à peu à former un nuage... Mais pas un de ces nuages d’orage tout noir qui vous suivent comme dans les dessins animés. Non, c’était comme un nuage lumineux vers lequel je levais les yeux quand je voulais savoir où j’étais... Mon phare dans la tempête. Mon objectif dans la nuit. Celui auquel je pensais pendant les longues heures de rééducation.

Jusqu’à ce fameux jour du mois de mars ou je reçu un mail de ma sœur m’annonçant que nous venions de recevoir une proposition pour l’appartement.

A cette époque (déconne pas Gwen, c’était il y a un mois et demi !), j’étais en pleine « reconversion » professionnelle. C'est-à-dire que mon statut de malade étant arrivé à son terme, j’étais en train de suivre une formation dite de « redynamisation » destinée à ceux qui comme moi étaient resté éloignés trop longtemps du monde du travail.

Pas évident de monter un projet professionnel lorsqu’on a en permanence un petit nuage qui brille au dessus de la tête, croyez-moi. On a l’impression d’être coupé en deux, avec une partie de soi raisonnable et résignée qui envisage sérieusement de se réinsérer dans la vie « normale », et une autre partie plus timorée mais quand même extrêmement insidieuse qui n’aspire qu’à une chose : Prendre le large.
Comme vous vous en doutez, après ce fameux mail, la partie endormie c’est réveillée d’une force ! Au point d’occuper mon esprit quasiment vingt-quatre heures sur vingt-quatre. Je ne pensais qu’à ça.

Je suis quelqu’un de foncièrement honnête. Enfin je crois. Oh, je ne le suis pas par pure bonté d’âme, je le suis parce que je me suis rendu compte qu’au final ça rapportait moins d’emmerdements. L’honnêteté a un côté « pratique » en quelque sorte.
Alors, plutôt que de me prendre la tête avec mon dilemme et de l’intérioriser au point de devenir schizo, j’ai préféré poser cartes sur table. J’ai carrément proposé à la boite chargée de la formation, SPC (Strategy Partners Conseil) de m’accompagner dans le montage de mon TDM...

Et bien croyez-le ou pas, ils ont dit oui.
Ce qu’il y a de bien avec SPC, c’est qu’ils privilégient le projet de vie par rapport au projet professionnel. Et bien avec le mien ils ont été cohérents dans leur démarche. Pour mon plus grand bonheur, car même si je pense que de toute façon je me serais tout de même lancé seul dans cette aventure, ça fait du bien de savoir que j’ai toute une équipe pour m’accompagner.

Et donc voilà où j’en suis actuellement... Je prépare mon voyage, le nez collé contre l’écran de mon ordinateur, je parcours la toile à la recherche de tout ce qui peut m’être utile (ou pas !), et tous les deux jours je rejoins le groupe de l’atelier pour faire le point.

Mais là, aujourd’hui j’ai l’impression d’être encalminé dans la pétole. A l’heure actuelle, je pense avoir fait le tour du sujet... Enfin, je veux dire que j’ai déjà mis sur le papier les grandes lignes du projet, et sa chronologie approximative... Son coût également... Approximatif lui-aussi. Tout ça demande encore à être affiné.

Il ne me reste plus qu’à attendre de toucher les fonds pour lancer la machine...
Et attendre, c’est chiant.
On gamberge à fond les manettes. On se dit qu’on n’a pas fait le bon choix. On se dit qu’il n’est pas trop tard pour renoncer...

C’est ça la pétole. Le manque de vent. Vous n’avancez plus. Pire, si le courant ne va pas dans le bon sens, vous reculez...

Alors vivement que le vent se lève que je puisse continuer mon voyage.