vendredi 30 décembre 2011

Musique !

30°25.322N 09°37.025W
Agadir

Aujourd’hui on va parler musique si vous le voulez bien.

Chaque fois que je prends un petit taxi pour aller faire mes courses, la radio est allumée et je peux alors entendre tout un tas de chose que je n’écoute pas forcément...
Bon, je vous passe les stupides radios qui diffusent les airs à la mode et que tout le monde aura oubliés dans six mois. Je vous fais grâce également des sermons religieux que certains se passent en boucle, genre auto-bourrage de crâne pour crétins décérébrés...

Lorsque c’est ce genre de chose qui passe (parfois à tue-tête en ce qui concerne les sermons), j’essaye de penser à autre chose et je me concentre sur la conduite de mon chauffeur. Ben oui, faut bien que quelqu’un le fasse parce que lui...
Bon bref, ce que je voulais vous dire c’est que de temps en temps, j’ai l’oreille qui se dresse à l’écoute d’un morceau particulier ou d’une musique qui me parle.

Ce fut le cas dans le souk d’Essaouira où, alors que je cheminais tranquillement, j’entendis pour la première fois de ma vie la voix d’Ali Farka Touré et la kora de Toumani Diabaté. La chansons sortait d’un petit magasin de musique où l’on trouve toute sorte de cd dont la tenue des jaquettes laisse supposer que le graveur du cousin Ahmed fonctionne à plein régime dans l’arrière boutique. Ni une ni deux je me procure un exemplaire et dès que je suis rentré à la Boiteuse je me suis écouté ça...




Depuis, pas la peine de vous dire que le cd tourne dès que j’ai envie de me relaxer. De même, je le recommande comme fond sonore lorsque vous êtes en train de naviguer par mer calme... C’est le pied !

Dans un autre genre et beaucoup plus récemment, je prenais un taxi lorsque j’ai entendu un truc qui sortait de l’ordinaire. Bien différent de l’habituel raï à deux balles qu’on entend habituellement.
Je demande alors au chauffeur qui chante et ce que c’est comme musique et il me dit alors qu’il s’agit d’Abelaziz Ahouzar un chanteur amazigh. Le son est bon, recherché, entrainant... Je dis au chauffeur que j’aime beaucoup, et tout fier il a alors mis le son à donf pendant le reste de la course !
Rentré à la Boiteuse j’ai entrepris des recherches pour trouver la musique d’Ahouzar et m’empresser de télécharger son dernier album dont voici un extrait.




Il s’agit là de musique typiquement berbère avec des instruments et un rythme vraiment particulier... Bref, j’aime bien.

Alors voilà, je pense que de temps en temps je vous ferais par de mes rencontres musicales lorsqu’il y aura lieu de le faire... Une espèce de compilation World Musique façon Boiteuse si vous préférerez !

mercredi 28 décembre 2011

Y’a du soleil dans la radio !


 30°25.322N 09°37.025W
Agadir

Mosquée Loubnan
Comment ? Qu’est-ce ? Un autre article en moins quatre jours ? Mais qu’est-ce qui lui prend au Gwen, il a décidé de rattraper son retard de publication mensuelle ou bien ?
Oui bon, il est vrai que je culpabilise un peu d’avoir si peu écrit ces dernières semaines, ces derniers mois aussi... Mais que voulez-vous, j’étais comme qui dirait dans une posture d’attente jusqu’à présent peu propice à la gaudriole narrative. Un peu paralysé par le temps qui devait nécessairement passé... Mais maintenant que j’ai définitivement coupé les ponts avec mon ancienne vie, je peux de nouveau aller de l’avant. Je peux agir. Et qui dit action, dit forcément réaction, donc écriture. Voilà.

Donc, hier... Non, pas hier, lundi, je me suis rendu sur la Mouquaouama, une grande avenue d’Agadir où l’on trouve à peut-près tout ce que l’on veut en matière de bricolage, de mécanique et d’électricité. Là, j’ai visité un atelier spécialisé dans les camping-cars dont on m’avait dit qu’il fournissait des panneaux solaires. Les voyageurs et les plaisanciers avisés le savent, mais peut-être pas vous, alors je vous le dis : Les trois-quarts de ce dont vous avez besoin pour aménager votre bateau se trouve chez les camping-caristes à beaucoup moins cher que dans les boutiques spécialisées dans les équipements pour bateaux. C’est comme ça. Car après tout, qu’est-ce qu’un bateau de voyage, sinon une caravane qui flotte, hein ?

Du manger pour mes batteries !
L’atelier ne paye pas de mine, mais j’ai pris l’habitude au Maroc de ne pas me fier à l’apparence. Le bordel et la crasse n’étant pas forcément synonyme d’incompétence. Devant, trônent deux gros camping-cars immatriculés en France, et valant chacun plus cher que ma Boiteuse... J’avise le propriétaire, et effectivement en un quart d’heure j’avais tous les renseignements dont j’avais besoin ; Clairs, nets, précis et pas cher ! Et quand je dis pas chers, j’entends que pour deux panneaux solaires monocristallins de 85 W, plus régulateur, plus installation et main d’œuvre, je devrais m’en sortir avec 500 € !
Soit, grosso-modo, moitié prix par rapport à ce que l’on peut trouver en France ou en Espagne. Le souci c’est que le technicien ne sera pas libre avant la fin de la semaine ! Mais bon, là encore j’ai l’habitude.

Aujourd’hui je vais arpenter le port de commerce, à la recherche d’un GPS fixe à installer au dessus de ma table à carte... Qui dit GPS fixe, dira plus tard AIS. Ça, j’y reviendrais, mais sachez qu’il s’agit d’un petit plus rajouté à ma sécurité (ça va rassurer mes groupies anxieuses !).

En parlant de groupies... Oui, je parle de groupies si j’ai envie ! J’en ai figurez-vous ! En parlant de groupies, disais-je, sachez que je serais de nouveau ce soir dedans l’émission Allo La Planète avec Eric Lange ! Ouais, il parait qu’il veut qu’on cause de mon dernier article... Pas celui là, celui d’avant.
Alors pour ceux qui peuvent, réservez-vous 10 minutes ce soir aux alentours de 21H30 (heure française), et vous allez pouvoir m’entendre en trémolos et en bégayements !

Bon allez, j’ai du taf. A plus les gens !

dimanche 25 décembre 2011

Joyeux Noël !



 30°25.322N 09°37.025W
Agadir

Évidemment, moi l’anticlérical primaire, le bouffeur de curés, l’exterminateur d’imams, l’exécuteur de rabbins (j’en ai oublié ?), grand détestateur de cet événement éminemment plus commercial que culturel, lorsque je titre « Joyeux Noël » il s’agit moins de satisfaire mes lecteurs accroc à la dinde fourrée que de signifier mon enthousiasme. Et si nous sommes aujourd’hui le 25 décembre, ce n’est que fortuit, comme vous l’aller voir.

Ils sont partis les rameurs !
Tout a commencé il y a maintenant dix jours lorsqu’un mail que j’attendais avec impatience est arrivé dans ma boite. Celui-ci m’enjoignait de me présenter en personne en l’étude de Maitre Machin-Chose à Nice (France) le 22 décembre afin de procéder à la signature finale de la vente de ma maison… Du coup, vous l’imaginez bien, ça a été le branle bas de combat sur la Boiteuse.
En quelques jours il m’a fallut trouver des billets d’avions pas trop chers et organiser mon départ. Pour les billets d’avion, je vous laisse imaginer la galère que ce fut de trouver un vol à moins d’une semaine de Noël… Bref, j’y suis quand même arrivé, et comme j’avais un peu prévu le coup côté finance, j’ai pu me permettre de dépenser plus qu’il ne fallait… Côté organisationnel, il m’a fallut me mettre au clair vis-à vis des douanes pour ne pas que se renouvelle ma mésaventure de Tanger. Là encore, je ne m’étendrais pas sur la complexité de la chose, ni sur les quatre heures qui me furent nécessaire pour obtenir un simple formulaire… Restait à trouver une bonne poire pour s’occuper de mon fauve, et là j’en ai trouvé deux bien mûres pour le prix d’une… En la personne de Xavier et Alexandra !

Tout cela fait, c’est à minuit et demi ce mardi 20 décembre que je prenais l’autocar pour Marrakech, et à 08H00 je décollais à destination de Nice…

L’avion venait de toucher le sol lorsqu’une douce voix annonça dans les haut-parleurs : « Mesdames et Messieurs, nous venons d’atterrir à l’aéroport de Nice-Côte-d’Azur, la température extérieur est de 6°C, nous espérons que…. ». Le reste je ne l’ai même pas entendu tellement je suis resté scotché sur le chiffre, 6°C ! Bigre !
J’avais beau avoir pris mes précautions et mis une polaire par-dessus mon teeshirt, mis des chaussures fermées avec des chaussettes, je vous pris de croire que le premier contact avec l’extérieur fut… saisissant !

Les deux jours qui suivirent furent consacrés à quelques visites à des connaissances que je tenais à revoir, et à faire un dernier tour chez moi…

La Baie des Anges...
Si je suis retourné chez moi, c’était officiellement pour récupérer quelques affaires, mais aussi pour faire table rase du passé... J’étais là, au milieu de mes meubles, caressant du regard tous ces objets familiers. Quarante quatre années d’une vie, je suppose que vous imaginez bien à quoi ça peut ressembler… Des tonnes de papiers, des montagnes de souvenirs, des photos, des bibelots divers, tous reliés à un souvenir particulier, à une époque, à une ou des personnes chères… Et bien après avoir respiré un grand coup, j’ai tout laissé derrière moi. Je n’ai pratiquement rien emporté de ma vie passée. Juste mes fiches de paye au cas ou un jour je déciderais de prétendre à une retraite (on peut toujours rêver hein ?), mes diplômes au cas ou j’aurais à prouver mes compétences un jour, quelques photos de ma nièce lorsqu’elle était petite et qu’elle était pour moi la chose la plus importante de ma vie… Et puis c’est tout. Le reste, tout le reste finira à la décharge.
Si vous voulez savoir comment on fait pour démarrer une nouvelle vie, et bien on fait comme avec une amputation, si possible d’un coup sec. Mais bon, je ne dis pas que ce n’est pas douloureux… En tous cas sur le moment ça l’est, mais ensuite on se sent bien mieux je vous le garantis.

Pendant que je parcourais la ville en tous sens pour visiter les uns et les autres, j’en profitais pour m’imprégner une dernière fois de l’atmosphère de la ville où je vécu tout de même pendant presque vingt années de ma vie. Franchement, ça m’a fait bizarre de parcourir ces rues, de contempler ces façades, tout en me disant que je ne les reverrais pas de sitôt, voire peut-être jamais… Une espèce de nostalgie légère mêlée d’un je ne sais quoi de joie. Le tout baignant dans une douce certitude, celle que je faisais le bon choix… Que j’étais sur la bonne route. Je sais, c’est pas très clair ce que je vous dis là, mais c’est parce que mes sentiments ne l’étaient pas.
Je ne sais pas ce que l’avenir me réserve, mais je sais néanmoins une chose ; Je ne reviendrais jamais habiter à Nice. Et de savoir ça, ça m’a fait voir cette ville avec un regard différent.

Villefranche sur Mer
Le jeudi 22 décembre, après un déjeuner copieux et en excellente compagnie à la terrasse d’un restaurant donnant sur ce qui probablement une des plus belle baies du monde, celle de Villefranche sur Mer, ça a été le moment de vérité. La signature chez le notaire. J’en suis ressorti deux heures plus tard avec inscrit sur un bout de papier le montant de mon avenir. Voilà, c’était fait, j’avais définitivement coupé les ponts, largué la dernière amarre qui me retenait à ma vie précédente. J’étais libre.

Je n’eu pas vraiment le temps de savourer ce moment car il me fallut sauter dans le premier train pour le Var, afin de rendre encore quelques visites d’importance… A savoir mon amie Thérèse, son mari Tony et ces deux enfant Jon et Doreen, et mon père…

Côté amis, ce fut tout simplement parfait. J’ai été reçu comme un roi, comblé de câlins et de bisous à ne plus pouvoir respirer… Et c’est là que je me dis qu’il faudrait que j’arrête de m’étonner à chaque fois je réalise que des gens m’aiment… Mais bon, en tout cas ça m’a fait un bien fou ! (Ah oui, si vous pouviez filer un coup de main à mon amie en faisant circuler ce lien, ou en donnant des sous ce serait sympa...)

Pour ce qui est de la visite au patriarche, ça a été une autre limonade… Tout en retenues, en silences et en non-dits, comme à notre habitude. Mais il n’empêche que j’ai été content de le revoir avant de partir pour de bon, car même si je ne lui dis pratiquement jamais, je l’aime mon vieux Papa…

C'est quoi ce truc que tu m'as mis, dis ?
Ce samedi, hier donc, j’embarquais à 11H00 locale à l’aéroport de Marseille, et trois heures plus tard j’atterrissais à Agadir. Un coup de taxi et hop, j’étais à bord de ma désormais seule maison, la Boiteuse !
Là, j’ai retrouvé avec joie ma Touline qui se trouvait décidément très bien (trop bien ?) sur le grand catamaran d’Alexandra et Xavier. Je lui ai offert son cadeau de Noël, à savoir un beau collier tout rouge avec une clochette qui fait ding-ding et un harnais assorti pour quand nous serons en mer. Le collier elle s’y est fait assez rapidement mais pour le harnais, je crois qu’il va falloir un temps d’adaptation plus long ! (Et peut-être aussi que je sache comment le fixer correctement, mais ça c’est une autre histoire !)

Voilà mes amis, je pense qu’après avoir lu ceci vous me pardonnerez aisément de ne pas vous avoir donné de nouvelles depuis quinze jours. C’est que j’attendais d’avoir des choses importantes à vous raconter moi ! Et pour le coup, je pense que vous avez été servi côté nouvelles importantes…
Alors, j’imagine que vous vous posez maintenant la question suivante : Et maintenant qu’est qu’on fait ?

Et bien maintenant on attend juste que le weekend se termine et dès lundi je me mets en relation avec le fournisseur de panneaux solaires que j’ai déjà repéré, et j’achète deux panneaux pour donner à manger aux batteries de ma chère Boiteuse. Quelques jours de bricolage pour installer tout ça, et d’ici une semaine, deux grand maximum, je mets les voiles en direction des Canaries ! Mais bon, j’aurais l’occasion de vous reparler de tout ça.

Une vraie chatte de luxe !
Un petit bilan de cette semaine sur les chapeaux de roue, peut-être ?
Et bien, pour être tout à fait franc avec vous je me sens plus léger, mais sans excès... Je veux dire que ce que j’ai fait cette semaine n’est certes pas banal, mais comme cela s’inscrit dans un processus qui me semble à moi tellement normal, je suis modérément enthousiaste. Par contre ce qui me donne une pêche d’enfer, c’est que je peux maintenant me consacrer tout entier à la suite de mon voyage, de ma quête, et ça c’est tout de même vachement cool. Un regret cependant, celui de n’avoir pas pu revoir tous ceux que j’aime... Mais bon, je suis sûr que nous nous reverrons un jour, car si j’ai appris une chose ces derniers mois, c’est que la vie est pleine de belles surprises !

Bon allez, il va falloir que je remplisse le frigo aujourd’hui et que j’achète des oranges tout en continuant ma cure de thé au miel. Car si je n’ai pas ramené grand-chose de France, j’ai quand même été fichu de revenir avec une crève carabinée ! 

samedi 10 décembre 2011

Le vent se lève (un peu)


30°25.322N 09°37.025W
Agadir (Plus pour longtemps !)

Voyons voir... Qu’est-ce qui m’amène vers vous aujourd’hui ? Rien de bien spectaculaire je le crains... Attendez deux secondes que je jette un œil sur les dernières photos que j’ai prises, cela va peut-être me donner du grain à moudre...

Ouais bon, en fait depuis l’arrivée d’A cœur d’Eau mon petit quotidien a été un peu bouleversé. Entre soirées au resto, invitations diverses et passage à la radio, ma routine s’est trouvée toute chamboulée ! Du coup j’ai accumulé quelques heures de sommeil en moins, que j’essaye tant bien que mal de récupérer par de longues siestes.
Hélas, quand vous avez une chatte de trois mois à votre bord, cette récupération ne se fait pas sans mal...

Ouais c'est ça... Profite !
Imaginez un peu. Cinq heures du mat’, ronrons et mordillements, c’est l’heure de se lever. Je grogne un peu, mais c’est perdu d’avance. C’est toujours perdu d’avance avec Touline. Je sors deux ou trois petits poissons pêchés la veille pour nourrir Sa Majesté et je me sers un café. Pendant que j’émerge, Madame se perche sur mon épaule et on regarde ensemble le port qui sommeille encore. Il fait nuit noire et Léon le héron finit sa nuit tout au bout du ponton. Lui aussi devra dégager de son dortoir lorsque le petit monstre noir et blanc fera mine de vouloir lui sauter dessus. Non sans pousser un grand cri d’indignation qui finira de réveiller les autres occupants de la marina... Mais le pire dans tout ça, c’est qu’une fois que moi et le héron on est bien réveillé, que croyez-vous qu’elle fasse cette garce ? Et oui, elle retourne se coucher !

Bon, je râle, je râle, mais il me faut quand même vous avouer que j’aime bien cette bestiole. Et je ne suis pas le seul d’ailleurs puisqu’on peu carrément dire qu’elle est devenue la mascotte du ponton ! Figurez-vous que son nouveau truc, c’est de grimper sur les bateaux des autres. Et oui, elle a fait le tour de la Boiteuse, et maintenant elle part en expédition dès qu’un nouveau bateau arrive, grimpe dessus sans invitation et explore aussi bien l’extérieur que l’intérieur. Bon, il y en a un où elle n’a pas encore mis les pieds, c’est celui du couple d’américains et leurs trois chiens... Courageuse, mais pas téméraire la Touline.
Le souci, c’est qu’avec ces envies d’aventure, on en est maintenant à cinq plongeons dans le port et donc cinq sauvetages !

A deux pendant 90 jours là dessus ?
Je me demande si elle va grimper sur le tout nouveau bateau qui vient d’être mis à l’eau… Oui, celui-là sur la photo à côté ! Vous avez vu un peu cet engin !
Alors je vous explique, il s’agit de deux fondus (faut vraiment l’être pour faire ça) qui se proposent de rallier l’île d’Antigua dans les Antilles à partir d’Agadir, et à la rame !

Je n’ai pas encore eu l’occasion de discuter avec les deux anglais taillés comme des rugbymen sous stéroïdes anabolisants qui vont prochainement embarquer dans ce frêle esquif, mais j’ai appris en allant sur leur site qu’ils faisaient ça pour récolter des fonds pour la société de sauvetage anglaise... Quand je vois la tenue de ce canoë lorsque les maigres vaguelettes de la marina viennent lui chatouiller la coque, je me dis que ces deux là doivent aimer être bercés, voire retournés, dans tous les sens... Pour l’instant ils ont retardé leur départ d’une semaine car il leur fait des conditions de houle optimales pour pouvoir traverser... Tu m’étonnes.

Sur le départ
La petite bande d’A cœur d’eau, sur le qovop devrait logiquement larguer les amarres ce soir à destination du Sénégal. En effet, comme ils ont pris un peu de retard dans leur programme ils vont devoir shunter l’escale aux Canaries et tracer directement sur l’Afrique de l’Ouest.
C’est toute la différence qu’il y a entre ce que j’appellerais la tranche de vie, et le choix de vie... D’un côté on est limité par des impératifs de temps, de boulots, de famille, j’en passe et des pires, et de l’autre et bien on fait ce qu’on veut, quand on le veut.
Plus ça va, plus je me dis que c’est peut-être ça la vrai richesse finalement.

Sinon, j’ai une bonne nouvelles qui va réjouir ceux de mes lecteurs qui trouve que je parle un peu trop de mon chat ou de politique et pas assez de voyage. Figurez-vous que je viens d’avoir confirmation pour la vente de ma maison. Plus rien ne s’oppose désormais à celle-ci, et je devrais d’ici la fin du mois faire un rapide aller-retour à Nice pour signer… Ce qui veut dire, pour ceux qui ne suivent pas, que je vais bientôt pouvoir repartir ! Yes ! Youppie ! Super ! C’est pas trop tôt !

Jusqu’à présent, j’évitais de trop tirer des plans sur la comète parce que si jamais les choses avaient foirées, j’aurais été trop déçu. Mais maintenant je peux ! Je peux recommencer à me projeter dans l’avenir moyen (celui qui se trouve juste entre demain et la fin de ma vie) et imaginer ce que je vais pouvoir faire dans les mois à venir.
Et ça, braves gens, c’est la base pour être bien dans sa tête.

Alexandra et Xavier, un couple heureux de vivre !
Une dernière chose. Vous savez que j’aime bien attirer votre attention sur les blogs des gens que je croise. Et bien je ne saurais trop vous conseiller d’aller jeter un œil sur la Laïfe formidable de la jolie Alexandra, qui raconte avec humour et talent la vie de rêve qui est la sienne depuis deux ans à bord de Namaste… Et accessoirement au côté de son compagnon Xavier, Grand Pêcheur devant l’Eternel, et Capitaine de leur Lagoon 380. Enfin, Grand Pêcheur et Capitaine, c’est ce qu’elle s’évertue à lui faire croire… Et il gobe tout le bougre ! La ligne et l’hameçon !
Non, plus sérieusement, ce sont deux êtres humains comme je les aime. Avec un cerveau et un cœur à la bonne place. Ça va encore me foutre les boules quand ils s’en iront ces deux-là… Ou quand c’est moi qui m’en irais, ce qui ne saurait tarder comme je vous l’ai dit plus haut.
Je vous conseille plus particulièrement de lire ce qui leur est arrivé lorsqu’ils ont voulu se rendre en voiture jusqu’à Essaouira... Si c’était moi qui vous avais raconté ça, on m’aurait encore soupçonné de je ne sais quel parti-pris néocolonialiste, ou je ne sais quoi d’aussi stupide (N’est-ce pas Alexis ?). Mais là, pas de risque !

Bon, c’est pas tout ça, mais j’ai la Boiteuse à arroser laver ce matin. C’est que le blanc, c’est bien joli, mais c’est salissant ! Il devrait faire 25°C aujourd’hui, avec un temps clair et pas de vent... Bon d’accord, c’est pas très chaud je vous l’accorde, mais cela reste suffisant pour laver le pont et faire râler ceux qui se pèlent le jonc en France !

Oui je sais, je suis cruel parfois.


jeudi 1 décembre 2011

Femmes au vent, QOVOP et Allo La Planète

30°25.322N 09°37.025W
Agadir

Salut la compagnie ! J’avais une question à vous poser : Est-ce que vous connaissez le projet Femmes au vent ? Hein ? Oui, non ?
Bon, pas grave, je vous explique rapidement. Il s’agit d’une association qui (en gros) a pour but de valoriser l’autonomisation de la femme via le développement d’activités économiques.
Bon, moi je vous avoue que je n’ai pas tout compris de leur démarche, mais il est de notoriété publique que je sais être particulièrement bourrin. Aussi, je ne peux que vous conseiller d’aller faire un tour sur leur site et de vous renseigner par vous-même. Tout ce que je sais c’est que mes copines féministes vont adorer !

Pourquoi je vous parle de ça ? Et bien parce que leur bateau est attendu dans la soirée ici à Agadir ! Yes !

Depuis que j’ai entendu parler du projet dans l’émission Allo La Planète, je garde un œil sur le bateau et sur son parcours. Je dirais même que je garde les deux yeux dessus, car figurez-vous que le bateau en question n’est autre que le QOVOP (Quand On Veut On Peut) qui revient d’un tour du monde avec à son bord une bande d’étudiants en école de commerce (sic !). Et que le QOVOP a été vendu à ces étudiants par Denis Vleurinck, celui-là même qui me vendit la Boiteuse l’année dernière !


Comme quoi le monde est petit. Je sais, c’est plutôt banal de dire ça, mais c’est vraiment l’impression que j’ai parfois.

Puisqu’on parle de l’émission Allo La Planète, je vous signale que j’aurais le plaisir de participer à celle de lundi soir prochain, spécialement dédiée aux bateaux, à la mer et à ceux qui vivent dessus. Donc rendez-vous lundi à partir de 20h30 (UTC + 1) sur le Mouv’, en direct ou en podcast, comme vous voulez.

Bon ben voilà, c’est tout ce que j’avais à dire aujourd’hui… Bon allez, je vous joints deux photos histoire de mettre un peu de couleur…

A bientôt dedans la radio pour une émission mondiale !
La gueule à Touline après son troisième bain forcé...
La gueule à la Boiteuse toute de blanc et rouge vêtue.

jeudi 24 novembre 2011

Aux urnes marocains !


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Agadir

M6
Le 25 novembre, demain donc, aura lieu un événement important pour le Maroc. En effet, ce vendredi les marocains sont appelés à élire leurs députés dans le cadre d’élections législatives anticipées. Vous commencez à me connaitre, je ne pouvais décemment pas passer à côté d’une occasion pareille pour donner mon avis sur la question, même si personne ne me le demande. Surtout si personne ne me le demande, d’ailleurs…
Alors, pour ceux que mes digressions politiques agacent, je peux leurs suggérer d’aller se promener, ou de lire un bouquin, au choix. Pour les autres, on y va.

Il est question d’élections législatives anticipées donc, et comme leur nom l’indique ces élections interviennent bien avant la date prévue. Petit retour en arrière pour ceux qui ne suivent pas.
Lorsque la Tunisie, puis l’Egypte et la Libye ont commencés à s’agiter dans le cadre de ce qu’il est désormais convenu d’appeler le printemps arabe, la Maroc n’a pas échappé au mouvement. Tous ceux qui jusqu’alors fermaient leur gueule de peur de se prendre des coups de bâton sont descendus dans les rues et ont réclamés leur part de liberté et de démocratie. On peut dire que le mois de février fut chaud au Maroc. M6, fut plutôt clairvoyant sur ce coup-là, et contrairement à ses petits camarades despotes qui traitèrent les premières manifestations avec mépris, il commença à flipper grave.

Bonne question
Pour éviter qu’il ne lui arrive ce qui arriva aux autres, le roi décida de lâcher du lest afin de couper l’herbe sous le pied au mouvement. Le 9 mars, dans un discours au bon peuple, il annonça la mise en place d’une commission destinée à réformer la constitution. Le but du jeu, passer d’une monarchie de droit divin à quelque chose ressemblant à une monarchie plus constitutionnelle. Malheureusement pour lui, le bon peuple prenant ce discours pour ce qu’il était, une tentative désespérée de désamorçage, continua à défiler pour maintenir la pression et demander des réformes plus en profondeur. Et notamment qu’on arrête un peu de mélanger la politique et la religion. D’autant que les membres de cette commission étaient tous des proches du pouvoir...

Là pour le coup, jugeant en avoir assez fait pour ses manants, le roi fit donner la troupe. En avril, mai et juin, toutes les tentatives de manifestation populaire furent violemment réprimées. Le 17 juin, alors qu’on en est déjà à un mort et des centaines de blessés, la commission annonce les bases de la nouvelle constitution. Désormais le premier ministre ne sera plus nommé par le roi himself, mais sera le vainqueur des élections législatives (ben oui, avant ce n’était pas le cas, tout ça pour vous dire qu’on revient de loin !). Et celui-ci aura une bonne partie des prérogatives qui jusqu’alors étaient réservées au roi seul.
Indépendance de la Justice, création d’une cours constitutionnelle, égalité civile entre l’homme et la femme, sont également proposés. La liberté de conscience initialement au programme fut supprimée de la mouture finale suite aux pressions des islamistes. Mais avant tout chose il fallait que cette nouvelle constitution soit acceptée par le peuple. Ce qui fut fait le 1er juillet par voie référendaire.
97,58 % de oui, avec un taux de participation de 75 %. Du jamais vu au Maroc de mémoire d’électeurs.

Du coup les élections législatives d’où est sensé émerger le prochain chef du gouvernement marocain, initialement programmées en septembre 2012, furent avancées à la date de demain, le 25 Novembre 2011.

On en est donc là.

Casablanca le 13 mars 2011
Au Maroc, comme ailleurs, on peut retrouver le clivage gauche-droite, mais comme jusqu’à présent les partis politiques faisaient figure de potiches vis-à-vis de l’hégémonie royale, le clivage n’avait pas vraiment lieu de s’exprimer. Si les marocains attendent un premier résultat de ces élections, c’est bien celui-ci. Enfin les idées, les programmes, vont pouvoir prendre le pas sur les coalitions de complaisance, les petits arrangements entre amis. Maintenant il va falloir se mettre à faire de la politique pour de bon.
Bon, étant donné la corruption endémique, qui touche toute la classe politique, j’imagine que ce qui émergera de ces élections ne sera guère différent de la représentation actuelle… On va être dans du néolibéralisme à la sauce nationaliste. Mais on peut dire que c’est déjà un début.

Reste à savoir si les marocains voudront bien se saisir de cette chance qui leur est offerte. Le taux de participation sera la première chose à observer dans ce scrutin. Ensuite, il faudra faire gaffe à la montée d’un parti au joli nom bien propret de Parti de la Justice et du Développement. Celui-ci se réclame d’un islamisme modéré (sic), et comme en Lybie et en Tunisie, il y a de grandes chances que celui-ci gagne du terrain…

A suivre donc.

dimanche 20 novembre 2011

Rencontre au détour d’un ponton

30°25.322N 09°37.025W
Agadir

VSD II
Le 26 juin 1979, j’avais 12 ans et des brouettes, avait lieu l’arrivée mythique de la Transat en double Lorient-Les Bermudes-Lorient. Je dis mythique parce qu’après de sérieuses avaries, un trimaran aux allures révolutionnaires et pourtant d’une simplicité à laisser baba tous les amateurs actuels, remontait tous ses concurrents, et finissait premier en doublant moins d’une demi heure avant l’arrivée, le duo Tabarly-Pajot à bord du célèbre Paul Ricard… Il s’agissait du trimaran VSD II que barraient à l’époque les fameux Eugène Riguidel et Gilles Gahinet.

Quel ne fut pas mon étonnement lorsque j’appris à mon retour de ma balade marocaine que cette célèbre coque était là, dans la marina d’Agadir !

Simplicité...
Lorsque Stuart Rogerson, un passionné de pirogues traditionnelles, nous invita, un voisin et moi, à monter à bord pour prendre un café, nous avons pu à loisir admirer la simplicité de son équipement autant que sa robustesse. A l’intérieur on est loin des désormais habituels bidules électroniques, des machins hydrauliques et autres gadgets à la con. C’est du brut de chez brut. C’est un trimaran de course, pas vraiment équipé pour la croisière, et malgré quelques aménagements bricolés de-ci-delà, on sent bien que la bête est restée dans son jus. Elle a été conçue pour aller vite, pour voler sur les océans. Pas pour emmener promener bobonne !

Alors bien sûr, ce bateau de légende n’est plus vraiment capable d’engranger les 250 milles par jour qu’il avalait du temps de sa jeunesse, mais il navigue encore pour le plus grand plaisir de son propriétaire, de son fils et sa belle-fille. Et le plaisir de ceux qui les rencontre…

Modernité...

et robustesse !

jeudi 17 novembre 2011

Une balade marocaine

30°25.322N 09°37.025W
Agadir

Comme vous le savez, en tous cas vous le savez si vous me lisez régulièrement, mon visa touristique expirait le 22 novembre et je me devais de le renouveler. Pour ce faire, je décidais d’entreprendre un voyage à travers le Maroc, en autocar et en train, jusqu’à Tanger. De là, je comptais prendre le ferry pour Tarifa, passer la nuit dans une auberge de jeunesse (le Melting pot), et revenir par le même chemin.

En fait, ça c’était le plan de départ… Et je m’en vais vous raconter ce qu’il en a été réellement. Alors accrochez-vous chers lecteurs, ouvrez-bien vos mirettes, je pense que vous non plus vous ne serez pas déçu du voyage !

Le point de départ de mon périple
Ce lundi 14, Après avoir nourri Touline une dernière fois et passer les consignes à un de mes voisins, je saute dans un taxi, direction la gare routière d’Agadir. J’avais l’intention de prendre l’autocar de 15H00 pour Marrakech, mais hélas, un peu comme une augure, je m’entends dire que celui-ci est complet et que je vais devoir attendre celui de 17H00. Qu’à cela ne tienne, j’avais justement prévu un peu large dans l’enchainement de mes moyens de transport, je pouvais donc me permettre ce genre de contretemps.
N’ayant pas fait de sieste, je m’installe confortablement par terre dans un coin de l’esplanade des cars, et je pique un petit roupillon.

A l’heure dite, le car de la Supr@tour se pointe, je monte à bord et nous voilà parti pour deux heures et demie de trajet. Passé la banlieue sordide d’Agadir, le paysage laisse peu à peu place aux plantations  d’arganiers. A perte de vue, ses épineux dont on extrait l’huile d’argan parsèment les pentes abruptes de l’Anti-Atlas. La terre rouge mélangée au vert tendre des buissons n’est pas sans me rappeler le genre de paysage que l’on croise dans l’Esterel… Oui, c’est quasiment pareil, en aussi beau et en plus grand.

La nuit est tombée lorsque l’autocar s’arrête à la gare de Marrakech. La correspondance est aisée, je n’ai qu’à franchir un quai pour accéder au train de nuit qui me conduira à Tanger. Une demi-heure plus tard celui-ci démarre. Il est 21H00.
Bon, je ne vais pas m’étendre sur la nuit que j’ai passée à tenter de trouver le sommeil sur des sièges de train corail qui datent des années 70’… C’était, comment dire, pas reposant du tout. Mais bon, bon an mal an, j’arrive à faire passer le temps et c’est vers 07H00 du matin que le train me dépose en gare de Tanger.

La première chose qui me surprend en descendant du train, c’est la température. 13°C : Nom de dieu, j’avais perdu l’habitude moi ! Brrrr…. Je sors la polaire de mon sac et je l’enfile sous mon blouson. Et la deuxième surprise, c’est quand la pluie a commencée à me tomber sur la gueule alors que je marchais vers le port. Un déluge glacé m’accompagne pendant que je longe la plage en direction du port.
Je repère assez vite la boutique des ferrys, et je m’achète un billet Aller-retour pour Tarifa. Départ 09H00, pas de problème, j’ai tout mon temps…

Billet en poche, carte jaune avec tous les renseignements nécessaires et passeport à la main, je passe alors le contrôle de police. Mes deux petits sacs sont passés aux rayons X, et j’ai même droit un une palpation. Diable, c’est qu’ils ne rigolent pas avec la sécurité me suis-je dis… Le flic m’a même demandé de me déchausser pour soupeser ma sandale droite ! Sandale made in Maroc lui ais-je montré, quelque peu amusé par son zèle. Lui par contre, n’avait pas l’air de s’amuser.
J’arrive devant la douane et là, après avoir tamponné mon passeport, le douanier semble se raviser, rature le tampon, déchire la carte pré remplie par mes soins et me dit que je dois descendre voir un inspecteur… Pardon ? C’est quoi le problème ?
Le douanier semble avoir oublié son français, et passe à autre chose. Je fais donc demi-tour et retourne vers les policiers qui m’indiquent où je peux bien trouver un inspecteur. J’y vais, et là va commencé une longue nage à contre courant qui me mènera de l’inspecteur à l’Ordonnateur adjoint, puis à l’Ordonnateur en chef qui enfin m’expliquera que je ne peux pas quitter le territoire marocain car j’ai ce qu’ils appellent « un contentieux douanier ».


Oui, je sais. Vous aussi vous vous demandez surement ce que peut être ce fameux contentieux… Parce que moi je n’en n’avais absolument aucune idée. Alors je vous explique, vous allez voir c’est tordu, mais en même temps logique.
Lorsque je suis entré au Maroc, je suis venu avec mon bateau. Ok ? Et bien si je dois sortir du Maroc, je dois le faire avec mon bateau. Sinon cela s’apparente à de l’importation illégale de véhicule. Et qu’importe si je fais juste un rapide aller-retour, ce que j’aurais dû faire, mais ça je n’en savais rien et personne ne m’avait prévenu de le faire, c’était de mettre mon bateau sous séquestre à Agadir, avant que d’entreprendre mon voyage !

Je me voyais déjà avoir fait 800 Km en seize heures pour rien. En plus, manque de bol, j’ai dû tomber sur le fonctionnaire marocain le plus intègre qui soit, mais également le plus procédurier. Impossible de trouver un arrangement !
Peut-être que si la douane d’Agadir pouvait effectivement confirmer que mon bateau était bien là, et qu’elle gardait un œil dessus, il était possible que l’on m’autorise à embarquer vers l’Europe… Et pendant que je regarde mon ferry s’en aller sans moi, je saute alors sur mon portable et je joins Samir, le maitre de port de la Marina d’Agadir. Je lui explique ce qu’il m’arrive, et celui-ci me dis qu’il va voir ce qu’il peut faire avec les douanes d’ici…
Commence alors une longue attente qui dura… Toute la journée. De 08H00 à 16H30, je suis resté à faire le pied de grue devant les bureaux de la douane de Tanger, à attendre que quelqu’un appelle et leur confirme bien que je n’avais pas l’intention de quitter le territoire en abandonnant mon bateau. (Manquerait plus que ça !!!)

16H30, à la fermeture des bureaux je vois mon Ordonnateur qui s’en va… Je le chope juste avant qu’il ne monte dans sa voiture pour savoir où on en était, et il m’annonce qu’il n’a rien reçu d’Agadir, que je n’ai qu’à revenir demain…
Là, je suppose que le désespoir a du se lire sur mon visage car il me jette juste avant de démarrer : Et pourquoi vous n’allez pas à Ceuta ?
Parce que le même problème va se poser à Ceuta lui répondis-je. Non, vous devriez pouvoir passer là bas, m’assure t’il. Et de s’en aller.

Je suis resté comme un con pendant une minute ou deux. Je me disais en moi-même, mais pourquoi ne me l’a t’il pas suggéré plus tôt cet empaffé ? Je décide d’en avoir le cœur net et je m’adresse alors à un fonctionnaire avec qui j’avais eu un bon contact (le seul) et celui-ci me confirme que ce peut être jouable. Que cet Ordonnateur si consciencieux avait autrefois travaillé à Ceuta, et que s’il me disait que je pouvais passer, c’est qu’il savait de quoi il parlait… En clair, ici à Tanger on respectait la loi, mais que là-bas à Ceuta, ils étaient tellement pourris que je pouvais facilement passer au travers.

Je regarde ma montre, il est 17H00. Si je prends un taxi, je peux y être dans une heure et demie. Car Ceuta mine de rien c’est à 70 Km ! Ma décision est prise et je saute alors dans la premier Grand Taxi qui passe.
Une heure et quart et 400 Dh plus loin, je me retrouve alors à la frontière avec l’enclave espagnole de Ceuta.

Le trajet fut assez sympa, dans le sens où il est tout de même agréable de se taper le bord de mer à l’arrière d’une Mercedes, fusse-t-elle des années 70’. La côte est splendide et je peux admirer au loin le rocher de Gibraltar où je passais il y a quelques mois… Par contre, alors que nous roulions, je remarque une chose et je m’empresse de demander au chauffeur pourquoi, depuis Tanger, jamais, je dis bien jamais, on ne voit de panneaux qui indique la direction de Ceuta ? Celui-ci est un peu embarrassé et commence à me raconter que Ceuta c’est les Maroc, patati patata, que les espagnols n’ont rien à foutre là, que c’est pas normal… Moi je sourie en pensant à la mesquinerie du procédé qui consiste à ne pas indiquer la route vers l’enclave.
Enfin, à une intersection juste avant Fnideq, un panneau avec Sebta écrit en tout petit. Et nous débarquons alors au poste frontière.

Comment vous dire… Imaginez un parking immense avec plein de Grands Taxis, une foule compacte qui charge et décharge des monceaux de marchandise. Des cris, des poursuites entre trafiquants à coup de chaine (je l’ai vu de mes yeux vu). Des rabatteurs tous les cinq mètres… Bref, un bordel sans nom, une véritable cour des miracles.
Je commence à comprendre pourquoi à Tanger on m’a « suggéré » de passer par là. Les gens passent et repassent la frontière avec des sacs énormes, sous le regard de douanier plus que bienveillants. D’ailleurs c’est bien simple, sitôt j’avais posé le pied par terre qu’on me proposait déjà de faire toutes les formalités à ma place, moyennant finance bien sûr, et que si je voulais, pour la modique somme de 200Dh, je pouvais voir mes démarches grandement accélérées. Je refuse tout net. Moi vivant, jamais je ne paierais un bakchich ! C’est que j’ai des principes, merde ! En plus, de quoi j’aurais l’air si je devenais à mon tour corrupteur après avoir critiqué la corruption endémique de ce pays, hein ?

Mais tout le monde ne pense pas comme moi. Pendant que je faisais la queue pour attendre mon tour, j’aperçois un jeune à vélo qui passe devant tout le monde, sans s’arrêter au guichet des visas de sortie. Il tend son passeport au fonctionnaire de faction, celui-ci l’ouvre à la première page, se saisi d’un billet plié en quatre et le glisse alors négligemment dans sa poche. Et hop, le cycliste passe !
Moi, au guichet, je croise les doigts. Le fonctionnaire tape mon nom sur l’ordinateur, et fronce un sourcil. Puis les deux. Je le vois bien qui se tâte. Il me regarde, me demande pourquoi je vais à Ceuta. Je réponds « tourisme »… Et finalement, d’un geste un peu las, il me délivre le précieux sésame.

Je respire enfin. De l’autre côté les douaniers espagnols ne jettent même pas un regard sur mes papiers. Je me dis que malgré mon bronzage, j’ai une tête d’européen et que quoi qu’on en dise, ça vaut tous les passeports ici…

A votre avis, Ceuta est espagnole ou marocaine ?
De l’autre côté de la frontière je suis en territoire espagnol, et de suite la différence se fait sentir… Alors que je marche le long du bord de mer (la mer méditerranée !), je croise des joggeuses en panty et cheveux au vent. La ville de Ceuta proprement dite est typiquement européenne. Propre (ce n’est pas un cliché), quelques boutiques sont encore ouvertes à cet heure tardive (en passant la frontière j’ai avancé d’une heure, il était donc 20H00). Moi, ce qu’il me faut maintenant trouver c’est : Petit un, un distributeur d’euros. Petit deux, un café où je puis me brancher sur internet. Petit trois, trouver un coin où dormir.
Au bout d’une heure j’avais réussi à faire seulement la première chose. Il était tard je commençais à être fatigué après tous ces événements. Les seuls hôtels de Ceuta semblaient être des quatre étoiles et après avoir tourné et viré, je me suis rabattu sur un des hôtels borgnes qui jouxtaient la frontières. Là j’ai eu une bonne surprise, la première de la journée, en découvrant une chambre proprette avec tout le confort moderne pour seulement 25 €. Télévision et internet compris, le grand luxe quoi !

Un deux étoiles, avec une vue fantastique !
Je ne tardais pas à m’endormir, fourbu que j’étais par tout ce que je venais de vivre.
Le lendemain matin, alors que le soleil se levait en un spectacle superbe sur la baie, je reprenais ma route. Clopin-clopant, car les excès de la veille se faisait sentir, j’ai repris la direction de la frontière, non sans avoir fait un tour au bureau de tabac pour m'acheter une boite de cigares. En chemin je croise presque exclusivement des femmes qui viennent travailler à Ceuta. A l’approche des couloirs grillagés qui canalisent les piétons j’ai l’occasion d’assister à un spectacle incroyable. A cinquante mètres à peine du premier douanier, des femmes âgées sont en train de s’habiller de couches successives de vêtement ! J’en aperçois une qui sous sa gandoura porte au moins quatre ou cinq robes de chambre en tissus éponge made in China. Les parures de draps sont enroulées autour de la taille, les couffins où dorment des bébés sont trois fois trop grand tant ils sont bourrés de marchandises textiles diverses… C’est carrément incroyable.
Je comprends alors que si par hasard les bagages peuvent être fouillés, les femmes elles, ne le sont jamais.

Bon, si elles, elles peuvent passer, il n’y a pas de raison que moi je ne puisse pas, me dis-je. Et je me dirige vers la douane… Là le douanier regarde mon passeport, me regarde, et en me le rendant me dit d’aller voir le Chef ! Mais euhhhh…. !!!! Qu’est-ce qui se passe encore ?

Mais je suis un type docile, alors j’obtempère.
J’arrive devant un guichet où officient trois fonctionnaires à moustache. Ah oui, peut être devrais-je vous préciser que jusqu’à présent, tous ceux qui me faisaient chier portaient tous la moustache, façon Saddam. Je ne sais pas si c’est une règle non écrite ici au Maroc, mais les types rasés ont toujours été plus sympas…
Bref, voilà le Chef qui commence à me dire que je n’ai pas le droit de faire ça, sortir et re-rentrer dans les 24 heures. Ah bon ? Lui dis-je. Et depuis quand ? Là je vois que le monsieur est un peu énervé alors je baisse le ton et je fais ce que je sais faire de mieux, je fais le crétin. Mais Monsieur, tout le monde fait ça, je ne savais pas… C’est que je suis bien embêté moi maintenant… Que dois-je faire ?
Il me répond que je suis sensé resté un mois en dehors du Maroc avant que de pouvoir y rentrer (ce qui est un pur mensonge), et que de toute façon ma sortie n’était pas valable puisque je n’étais pas sorti du Maroc… Comment ça ? Ceuta ce n’est pas l’Espagne ? Demandais-je candidement.
Non monsieur, Ceuta c’est un territoire Marocain ! Colonisé par les espagnols, mais un territoire marocain quand même !

Ah bon… Devant tant de mauvaise foi et de parti pris nationaliste je préfère encore me taire. Je me mords les lèvres pour ne pas le mettre face à ses contradictions et j’accentue encore plus mon air crétin. Je le vois qui hésite, regarde tour à tour ses collègues et comme je ne disais toujours rien, que je ne proposais toujours rien, il prend un air sévère et me dit : C’est bon pour cette fois, mais ne recommencez pas ! Et de tamponner mon entrée en territoire Marocain.

Mornes plaines....
Le retour se fit de la même façon qu’à l’aller. Je reprenais un taxi pour Tanger (300 Dh (moins cher qu’à l’aller (?)), j’attrapais de justesse le train pour Marrakech, avec changement à Casablanca, et de là autocar pour Agadir. Pour arriver enfin chez moi vers 23H30.
Le trajet fut quand même un peu plus agréable. J’ai pu admirer ces plaines immenses, aux terres fertiles. Les troupeaux de moutons, les champs d’olivier, quelques vaches (des Holsteins !)… Je ne pensais pas que la partie nord était aussi verte pour tout vous dire. Là c’est l’hiver, mais j’imagine assez bien ces champs verts à perte de vue. Le blé bien sûr, pour le pain et la semoule, mais aussi l’orge et le soja. Tout est bien irrigué est les oueds qu’enjambe la voie ferrée sont plein d’eau… L’agriculture extensive côtoie l’intensive, et le tracteur dernier modèle croise l’âne et sa charrette.

Cela dit, c’est avec un vif plaisir que j’ai retrouvé mes pénates. Touline avait bien été nourrie pendant mon absence, et même si le bateau ressemblait à Hiroshima après la guerre, je ne lui en ai pas voulu. Elle non-plus d’ailleurs puisqu’elle a semblé vachement contente de retrouver son Papa !

Pour finir, je vous laisse le soin de trouver une morale à cette histoire. Pour ma part, j’ai essayé de vous la raconter telle qu’elle m’est arrivée. A vous d’en tirer les conclusions qui s’imposent.
Mais de grâce, évitez de me ressortir le sempiternel refrain que j’entends depuis que je suis ici : « C’est comme ça, c’est le Maroc… »
Non, ce n’est pas parce que c’est le Maroc que ça doit être forcément comme ça.