lundi 31 janvier 2011

Inconstance et conséquences...

Bon allez... Je ne sais pas trop comment vous le dire, aussi je vais faire comme s’il s’agissait d’une mauvaise dent à arracher et balancer le truc directement : Je ne partirai pas à la date prévue.

Non, je ne partirai pas. Et franchement, ça me coûte de vous le dire... Ça fait trois jours que je cogite comme un malade pour trouver les mots pour vous annoncer ça (et peut-être pour arriver à me l’avouer aussi), mais à un moment il faut cesser de se mentir et admettre la réalité : Je suis un gros branleur.

Et croyez-moi ou pas, ce n’est pas le genre de chose facile admettre et encore moins à dire.
Le fait est que si je ne suis pas prêt, c’est entièrement de ma faute. Oui de ma faute. Si je m’étais pris par la main et que j’avais accompli tout ce que j’avais à accomplir pour partir... et bien je l’aurais fait.
Mais non, je n’ai fait que passer mon temps à m’abrutir devant la télé, à jouer à des jeux sur mon ordi, à tout faire pour ne pas avoir à penser. J’ai fais ce que je fais d’habitude lorsque je suis mal à l’aise. Je fais le canard. Et ça a marché. Je me retrouve à vingt-six jours de l’échéance, et mon bateau n’est même pas prêt à prendre la mer.

Alors la question que vous vous posez certainement, et que je me pose aussi, c’est de savoir pourquoi je me suis comporté ainsi. La réponse qui me vient à l’esprit pour l’instant, c’est que dans mon for intérieur je ne suis pas encore prêt à vraiment partir... A laisser mes pénates si rassurants et si pleins de certitudes.
Il y a quelque chose qui m’en empêche, je ne sais pas encore quoi, qui me retient de franchir le pas... Et comme je suis humain, donc lâche, je préfère encore laisser péricliter les choses plutôt que de me regarder en face et trouver ce qui cloche.

Franchement, je vais vous dire, j’ai plutôt piètre opinion de moi-même en ce moment. Je fais tout pour me persuader que je ne dois pas envisager cette/ce décision/constat comme un échec, mais c’est dur. Je sais bien, intellectuellement parlant, que j’ai tout à fait le droit de retarder, ou de modifier mes projets. C’est mon privilège le plus absolu. D’autant plus que si vous vous souvenez bien, le but du jeu, au départ, c’était de faire ce que je voulais. C'était la liberté...
Mais non, pour une fois l’intellect à du mal à s’imposer.
Oh, il y arrivera très certainement, comme toujours chez moi. Mais ça va prendre un peu de temps.

Putain de compteur...
Et puis il y a ce foutu compteur... Mais qu’est-ce qui m’a pris de foutre ce truc à l’en-tête de mon blog, hein ? Enfin si, je sais. Au départ je pensais que ça allait me forcer à bouger... Résultat, je me suis mis sur le dos une pression pas possible ! A un point où ces derniers temps je n’osais même plus ouvrir ce blog de peur de voir les heures s’écouler. Pourtant je devrais le savoir depuis le temps que la pression ne me réussit pas... Enfin, pas toujours.

Bon, alors bien sûr cette décision de reporter mon départ sine die va avoir des conséquences. Plein de conséquences.
La première est que je vais rater la fin de la saison des Alizés. Ce qui reporte ma traversée de l’Atlantique au plus tôt à novembre prochain... Ce qui implique qu’il va me falloir speeder pour passer le Horn avant l’automne austral.
Autre conséquence, et pas des moindre, mon budget va souffrir de ce retard. Il faut savoir qu’actuellement l’hébergement de la Boiteuse me coûte plus cher que mon propre loyer... C’est donc une situation qu’il va me falloir résoudre si je ne veux pas commencer un tour du monde sans un sou en poche. Et ça, ce n’est hélas pas possible, même si on en rêverait tous.

Une avant-dernière conséquence est que ma situation administrative déjà chanceuse, risque de ne plus l’être autant. J’imagine déjà cette chère Dominique (c’est mon assistante sociale préférée) froncer les sourcils à la lecture de ces lignes et se demander ce qu’elle va bien pouvoir faire de moi... Il va falloir qu’on parle elle et moi. Mais pas tout de suite, il me faut encore un peu de temps pour digérer tout ça.

Enfin, et là je me sens de nouveau au plus mal de vous le dire, la petite réunion que nous avions programmée avec la Petite Bande tombe à l’eau... J’espère que vous ne m’en voudrez pas et que vous avez pris une assurance annulation pour vos billets de train. Si ce n’est pas le cas, envoyez-moi un mail, et je vous rembourserai. Si, j’y tiens.

Bon, je crois que les récriminations suffisent pour aujourd’hui. Il y aura certainement d’autres conséquences à ce retard auto-infligé, mais je n’arrive pas à les deviner pour l’instant.
Ah si, peut-être une. Ça veut dire que je vais passer l’été en Méditerranée à me faire bronzer la couenne. Ceux qui voudraient en profiter seront les bienvenus. Je ne sais pas encore comment, ni où exactement, mais je sens qu’il va y avoir de la croisière dans l’air...

lundi 17 janvier 2011

La pensée du jour

J’aime bien ma vie... C’est en substance ce que je me disais dans le bus qui me ramenait chez moi en fin de matinée.

Ce que j’aime dans ma vie, c’est qu’elle a cette qualité, enviable entre toutes, de virevolter en tous sens et de rebondir du bon côté alors que tout semble aller de mal en pis.
Prenez par exemple ce matin. Je sors de chez moi avec un nœud à l’estomac et des pensées moroses. C’est normal me direz-vous lorsqu’on a deux problèmes d’importance à régler comme régulariser une situation administrative compliquée et que l’on doive à tout prix trouver un abris pour sa chère (dans les deux sens) Boiteuse.
Et bien, trois heures plus tard, je me retrouvais dans un bus en ayant à la fois démêlé un sac de nœuds et trouver un asile sûr et pratique pour mon bateau. Du coup, forcément, le nœud à l’estomac a disparu et ma morosité s’est envolée.

Alors bien sûr il y en a qui disent que j’ai le cul bordé de nouilles... Mais moi je préfère dire que si la chance me sourit, c’est parce que je sais, dans une certaine mesure, compter sur elle. Je n’en abuse pas, mais je tiens compte de la part qu’elle prend et comme ça les données du problème sont clairement posées.

Voilà, c’est cette pensée qui m’a traversés l’esprit alors que je rentrais chez moi. Et je me suis dis que je pouvais vous en faire profiter.

dimanche 16 janvier 2011

L’aventure c’est l’aventure

43°39'23.93"N 7°10'59.36"E
Saint-Laurent du Var

Villefranche sur mer
Mais que fait donc la Boiteuse amarrée au port de Saint-Laurent du Var ? Voilà la question que je suis sûr vous êtes tous en train de vous poser. Elle ne devrait pas plutôt être à Calvi ?
Euh... Si, elle devrait y être en effet. Mais, comment vous dire, on a eut comme qui dirait quelques soucis... Plein de petits soucis, qui ont fait que cette traversée qui s’annonçait plaisante comme il sied au loisir du même nom, c’est transformée en épreuve d’endurance, pleine de rebondissements.

Commençons pas le commencement. Jeudi 14 janvier, 15h00, je passe prendre Arnaud chez lui, et nous prenons ensemble le bus pour Villefranche sur Mer. Petit crochet vers le supermarché du coin pour compléter l’avitaillement, et nous voilà en train de descendre vers la Darse chargé comme des mulets. Nous ne somme sensé partir que quatre jours, mais le minimum requis pour un tel voyage (plus le superflu), représente quand même quelques bagages et autres sacs.

Première surprise lorsque nous arrivons au ponton, je constate qu’une des pointes arrière (l’amarre qui retient le bateau au quai) est rompue, et que la seconde était pratiquement sur le point de faire de même. Diable ! Des amarres toutes neuves en plus !

Raccord de merde... !!!
J’examine un peu la situation et constate que c’est au niveau du chaumard que l’amarre s’est rompue... C’est ma faute, j’aurais du penser à la protéger avec un tuyau en plastique pour éviter les frottements. Mais bon, quoi qu’il en soit, même si j’ai merdé sur ce point il n’empêche que pour rompre une amarre de ce diamètre, c’est que la bateau a du sacrément bouger ! Je savais ma place soumise à la houle lorsque celle-ci venait de l’est mais pas à ce point-là... En plus, quelques minutes plus tard, je m’aperçois que le câble qui alimentait le bateau en électricité c’est également rompu. Là, c’est plus chiant, car autant des amarres j’en ai d’autres, ce câble lui, il est unique...

Bon, cool Raoul, cet incident aura au moins le mérite de répondre à la question que je me posais depuis la veille. A savoir si j’allais, oui ou non, revenir à Villefranche après mon voyage, ou si j’allais tenter ma chance à St Laurent du Var. Aussi, nous nous sommes donc rendus à la Capitainerie où j’ai donné mon congé. J’ai réglé ce que je devais et les ai informés de mon départ pour le lendemain.

Ensuite, pendant qu’Arnaud rangeait ses affaires, j’ai réparé le câble électrique avec une jolie épissure et avec le miracle de la fée électricité nous avons pu nous installer confortablement. Pile poil avant la tombée de la nuit !

Bonne ambiance !
Le soir nous avons dîné d’une bonne poilée d’aiguillettes de poulet aux légumes et nous n’avons pas tardé à aller nous coucher... C’est qu’il nous fallait prendre des forces en prévision des épreuves qui nous attendaient ! D’ailleurs peut-être que mon corps en a eut la prescience car je ne me suis réveillé qu’à 7h40 le lendemain matin !
Ceux qui me connaissent le savent, il s’agit là d’un fait rarissime qu’il convient de signaler.

Le lendemain, vendredi donc, j’avais prévu notre départ pour 10h00. Mais nous ne partîmes qu’à midi et quart...
Figurez-vous que même si j’avais essayé de ne rien oublier, il nous manquait quand même quelques petites choses à acheter avant notre départ. Comme des piles pour mon GPS par exemple, une paire de jumelles, ou encore des cigarettes. Car cerise sur la gâteau, je me suis aperçu que même si j’avais pensé à emmener mon tabac à pipe, ma pipe elle, était resté sur mon bureau... Grrr ! Crétin de moi !

Bref, le temps que nous trouvions ce qui nous manquait, il était déjà presque onze heures. C’est alors que nous nous apprêtions à larguer qu’une énorme vedette de la gendarmerie maritime est venue accoster au ponton des carburants pour faire le plein. Grrr ! 

Euh... Vous pouvez vous barrer siou-plaît ?
Vous savez combien de carburant ça embarque une vedette comme ça ? Moi, je ne sais pas, mais le fait est qu’ils ont pris tout leur temps. Et que je bois le café, et que je papote avec la préposée... Ça n’en finissait pas. Finalement nous avons dû nous glisser comme dans le chas d’une aiguille pour pouvoir nous mettre à portée de tuyau et faire nous même le plein. Entre parenthèse, la manœuvre fut délicate et improvisée, mais néanmoins réussie d’une main de maître par votre serviteur... (Ben oui, comme je sais reconnaitre mes erreurs, je considère que j’ai le droit de ma balancer des fleurs quand je fais les choses bien !)

Midi quinze, j’inscris la première ligne sur le livre de bord. Ca y-est, on est parti !
Au passage du Cap Ferrat je balance un message radio pour les prévenir de notre destination et de notre arrivée probable à Calvi. La bidasse de service accuse réception et nous souhaite bonne nave et bon vent. (Oui je sais, Momo était déjà prévenue, mais on n’est jamais trop prudent hein ?)
La mer est belle, peu ou pas de vent. Le ciel est nuageux mais pas menaçant. D’après la météo, nous devrions bénéficier d’un vent variable de force 1 à 2 se renforçant et se stabilisant dans la soirée dans le secteur Sud-ouest de 3 à 4. Mais pour l’heure, c’est la pétole. Et encore le peu de vent que nous avons, nous arrive pile dans le nez, donc nous avançons au moteur. J’ai calculé qu’avec le plein fait, et tout en conservant 20 litres de sécurité au cas ou, nous pouvons nous permettre douze heures de moteur pour accomplir cette traversé. Aussi, je décide que pour la journée nous allons essayer de ne pas en faire plus de six, le temps pour nous de rejoindre le large et le vent promis...

Dis Gwen ? Tu sais où on est ?
La mer est belle, pratiquement pas de houle. La boiteuse fend les flots avec grâce, et bientôt la côte s’éloigne dans notre sillage. Monsieur pilote automatique fait tout le boulot et nous emmène au cap 130° comme un chef, pendant que nous profitons du paysage et que nous tapons la discute. Nous croisons quelques ferrys qui viennent de Corse, et nous nous disons qu’en cette saison ce sont surtout ces monstres qu’il va falloir surveiller... De temps en temps, toutes les heures à peu-près, nous atteignons le moulin pour voir si le père Eole ne nous gratifierait pas d’une de ses risées... hélas, il doit être occupé ailleurs puisque pour l’heure, c’est la pétole molle, voire la pétole tout court avec une mer d’huile.

A 16h45, je décide de couper le moteur pour économiser notre carburant. Nous nous trainons à une vitesse dérisoire mais le bateau avance quand même un peu... Le temps pour moi de réaliser la petite vidéo qui suit.


Deux heures plus tard la nuit est tombée et nous rallumons le bourrin. La température est sérieusement tombée, et nous rajoutons une couche supplémentaire de vêtements pour nous préserver.
La lune est déjà haute et les étoiles illuminent le firmament. Ce début de soirée est magnifique. Nous continuons, toujours au moteur, et toujours au même cap, et à 20h00 nous nous accordons un bon bol de soupe à l’oignon, avec du pain dedans. 20h00, c’est aussi l’heure où je décide de couper définitivement le moteur jusqu’au lendemain. Qu’importe le temps que nous mettons désormais, il ne serait pas prudent de bruler tout notre carburant. La boiteuse fait son petit bonhomme de chemin, tranquille, et à 22h00 le vent promis est enfin au rendez-vous. Un bon Force 3 du Sud-ouest qui propulse la Boiteuse par le travers à un bon cinq nœuds de moyenne. C’est le pied !
On trace notre route sous une allure presque confortable. Et à ce rythme si tout va bien nous devrions apercevoir les côtes de la Corse aux premières lueurs du jour.

Rhoooo... C'est beau...
Dehors il commence à cailler sévère. Nous rentrons nous mettre au chaud dans la cabine où il fait bien meilleur (15° C quand même !) et j’essaye de me reposer en m’allongeant un peu. Je n’ai pas vraiment sommeil, mais autant me préserver au maximum.
Au début, j’avais dans l’idée de faire un peu comme si j’étais seul à bord. C’est à dire ne dormir que lorsque je n’en pourrais vraiment plus et laisser Monsieur pilote barrer à ma place. Arnaud se chargeant alors de la vigie. Et encore, quand je dis dormir, il s’agit de tranches maximales d’une heure, pas plus. Histoire de vérifier que rien ne vienne se mettre en travers de notre route.

23h00, RAS. Minuit, idem. Le vent s’est renforcé et nous filons maintenant nos 6,2 nœuds... J’ai enroulé un tiers du génois par sécurité. Tout va bien.
Je rentre et je m’allonge de nouveau, j’essaye de trouver le sommeil... Arnaud s’occupe en bouquinant pendant ce temps là. J’écoute les bruits du bateau. Les filets d’eau sur la coque, les voiles qui tremblent de temps en temps...

Soudain, je sens que quelque chose cloche. Nous accélérons et le bateau gîte de plus en plus. Le vent a forcit me dis-je, il faut que j’aille voir s’il y a besoin de régler ou d’arriser les voiles... Je me lève, tranquillement, met ma veste et sort alors dans le cockpit.

C'était le bon temps...
La première chose que je vois, c’est que le pilote n’est plus relié à la barre. Il est là, toujours allumé, replié à bloc, et la barre se ballade aux grés des mouvements du bateau. Celui-ci, n’étant plus vraiment conduit fait alors ce qu’il sait faire de mieux dans ces conditions, lofer. C'est-à-dire qu’il se rapproche du lit du vent et qu’il accélère. Je saisis cette fichue barre avant que le bateau, surtoilé pour une allure de près, n’aille au tapis. Ouf ! Tout va bien.
Je remets le pilote en fonction, et tente de le fixer à la barre... Et là je m’aperçois que le bitoniau qui permettait de les rattacher l’un à l’autre est cassé. Mais bien cassé ! Genre il manque un bon centimètre de tige.
Merde ! On n’a plus de pilote...

J’appelle Arnaud pour qu’il me rejoigne sur le pont, et pendant bien vingt minutes nous continuons notre route. Je barre et je réfléchis en même temps.
Ma première pensée a été : « Bon ben, j’suis bon pour barrer jusqu’à Calvi... ». Là-bas il faudra que je trouve un moyen de réparer le pilote, ou d’en racheter un autre... On est samedi... Donc on ne pourra pas repartir avant lundi... peut-être plus s’il faut que je me le fasse expédier... Et Arnaud n’a sans doute pas que ça à faire.

T'imagine ça la nuit ?
J’expose alors les données du problème à Arnaud. Nous sommes quasiment à mi-chemin (45 milles des côtes), donc soit nous continuons, mais il prend le risque de devoir rentrer en ferry, soit nous faisons demi-tour. La réponse au problème nous apparait alors clairement (enfin surtout pour Arnaud), il faut faire demi-tour.

01h00, je vire de bord et mets le cap au 330°. Direction Saint-Laurent du Var. Je décide d’essayer de contacter le Cap Ferrat pour les informer que nous faisions demi-tour suite à une panne de pilote. Normal, puisque je les avais prévenu au départ... Mais impossible de les joindre compte tenu de la distance. Seul le CROSS-MED capte mon message et me répond.
Diable, le CROSS-MED ! S’en suit alors une conversation improbable où pendant un moment ils ont cru que j’appelais au secoure ! Mais non, je vous informe juste que je fais demi-tour, c’est tout ! Non, je ne réclame pas assistance ! Si vous pouvez juste transmettre au cap Ferrat pour qu’il ne déclenche pas les secoures si personne ne me voit arriver à Calvi... Merci bonne nuit !

Encore un peu et ils nous envoyaient la cavalerie pour nous remorquer... La honte !

Le lendemain...
Bref, je me suis donc installé à la barre et j’ai barré, barré, barré... Arnaud m’a tenu compagnie autant qu’il a pu, mais vers 02h45 lui comme moi nous n’en pouvions plus. Un bon café et une petite collation serait les bienvenus. Hélas, Arnaud ne se sentant pas de faire fonctionner la gazinière et moi qui ne pouvais lâcher la barre, cela s’annonçait difficile.

J’ai alors repensé à mes lectures récentes et plus particulièrement à Bernard Moitessier qui mettait son Marie-Thérèse à la cape pour prendre du repos. Bon sang mais c’est bien sûr ! La voilà la solution !
Aussitôt dit aussitôt fait, je fais passer la voile d’avant à contre (de l’autre côté du bateau sans lâcher son écoute) et je choque ma GV en grand... Je bloque ma barre à fond sur bâbord et je l’attache, et le bateau s’arrête comme par magie, face à la houle et dérive avec elle.
Nous pouvons alors nous restaurer. Je fais chauffer le l’eau et nous sers deux mug de café soluble, et j’essaye de m’avaler un gros morceau de quatre-quarts... Hélas, le souci de la cape, et surtout avec mon genre de bateau), c’est que celui-ci se retrouve un peu comme un bouchon posé sur l’eau, balloté en tout sens. Résultat, je ne tarde pas à ressentir les premiers symptômes du mal de mer. Je ressors donc prendre l’air avant que de n’être totalement malade et sans avoir pu avaler une bouchée.
Une demi-heure après nous être arrêtés, nous repartons. Vers 04h30 Arnaud n’en pouvant plus s’endors sur la banquette du carré, et pendant ce temps-là je continue à caracoler dans la nuit devenue noire à plus de six nœuds de moyenne.

Arnaud en pleine forme  !
A six heures du matin, là c’est moi qui n’en peux plus. J’aperçois quelques lumières sur le continent, mais il nous reste encore pas mal de route à faire. Je réveille Arnaud pour qu’il veille sur le pont, je remets la Boiteuse à la cape, et je vais me coucher. J’ai dormi moins d’une heure, et à mon réveil il faisait jour. Café, clope, et nous repartons.

Jusqu’a 11h30 le vent nous accompagne, et la Boiteuse trace comme jamais depuis notre départ. Nous faisons même une pointe à 8,6 Nœuds, et bientôt nous distinguons distinctement... Nice !
A 11h30, le vent tombe soudainement et nous sommes obligé de rallumer le moteur, et c’est ainsi que nous rejoignons enfin le port de Saint-Laurent du Var.

Et moi, après huit heures de barre...
On se pose comme une fleur au ponton d’accueil, et je vais quémander une place auprès du préposer... Sur les milles place du port, il doit bien y en avoir une pour moi, hein ? Regardez-nous, on est crevés. J’ai barré pendant presque dix heures d’affilée... S’il vous plaît...
Ma bonne mine (ou ma mauvaise, au choix), a encore fait des miracles puisque le bonhomme m’en dégotte une, mais seulement pour 48 heures. Après il faudra que je vois ça avec la patronne...
Nous rejoignons la place 7012, et nous nous attelons à la tâche ingrate du désarmement. Tout ranger, tout remballer, tout vérifier... Je ne vous cache pas qu’on a fait tout ça rapidement, tant nous étions l’un et l’autre fatigué et pressé de rentrer chez soi. Dans le bus qui me ramenait chez moi j’avais les yeux qui tombaient, et une fois à la maison j’ai eu toutes les peines du monde à ne pas sombrer dans le sommeil. J’ai tenu, bon an mal an, jusqu’à neuf heure du soir, puis je suis allé me coucher... Enfin.


Et voilà pourquoi je me retrouve à Saint-Laurent du Var et non-pas à Calvi.

Alors c’est-y pas de l’aventure ça ? Hein ? Et encore, je ne vous ai pas tout dis pour ne pas être trop long, mais vous avez échappé à plein d’anecdotes, du genre comment j’ai failli foutre le feu au bateau, ou comment il s’est fait que je n’ai pas eu sassez de clopes pour tenir pendant toute la traversée... Sans parler de l’enrouleur de génois qui se bloque, de l’ampoule du feu de position arrière à bricoler, de l’évacuation d’eau qui se ne se fait pas, du fusible du tableau général qui saute juste avant notre arrivée. Bref, plein de petites mésaventures qui ont fait que finalement ce qui devait être une découverte de l’Île de Beauté, c’est transformée en une expérience riche d’enseignements. Lesquels ? Je ne sais pas encore. Je vous dirais ça plus tard, lorsque j’aurais tout digéré.

Quelques photos supplémentaires...

Pensif ?

Sportif !

Va-y Arnaud, tu peux le faire !

Délivrance !

jeudi 13 janvier 2011

En route pour la Corse !

Cap au 130° !
Putain, j’suis à la bourre... Bon, deux mots rapides pour vous informer de l’appareillage prochain (très prochain) de la Boiteuse à destination de l’île de Beauté.

Ouais m’sieurs-dames ! La Corse ! En plein mois de janvier ! Même pas peur le Gwen !

Bon, pour vous dire la vérité cela n’est pas aussi terrible que ça en a l’air... 92 milles et des poussières, une météo ensoleillée, une mer calme, pas trop de vent... La traversée devrait (je dis bien devrait) être plutôt tranquille. En plus, je n’y vais pas seul, puisque mon copain Arnaud me fera l’honneur de me seconder dans ma tâche de navigateur au long cours.

Cependant, même si la traversée s’annonce plutôt cool, je ne vous cache pas que depuis hier j’ai le cerveau qui carbure en mode chef de bord... J’essaye de tout prévoir, de tout organiser. Sachant très bien que de toute façon je vais forcément oublier quelque chose. L’essentiel étant que ce quelque chose ne soit pas trop... vital !

Alors, voilà comment les choses devraient logiquement se passer :
Cet après-midi nous rejoignons le bord et nous nous installons. Un peu de nettoyage devrait être de rigueur, révision du moteur, plein d’eau et de carburant... Bref, nous préparons la Boiteuse pour la traversée.
Ensuite nous allons nous concocter un bon petit dîner et nous irons nous coucher bercé par le clapot...
Demain, je prévois notre départ sur les coups de dix heures. La traversée devant nous prendre entre 20 et 30 heures (ben oui, c’est le père Eole qui commande), nous devrions arriver dans la matinée de samedi en vu de la citadelle de Calvi.

Il ne vous aura pas échappé que la particularité première de ce voyage est que nous allons naviguer de nuit. Et ce sera je pense notre principale difficulté. Naviguer de nuit, ça veut dire faire des quarts et ouvrir l’œil... Pour l’instant je ne sais pas encore comment nous allons nous organiser (nous verrons ça ce soir), mais je gage que nous ne dormirons pas beaucoup. Si j’ai le temps j’installerais le Mer-Veille que j’ai reçu hier, mais bon, cela ne changera pas grand-chose au problème.

Voilà les amis. Je vous laisse à présent, parce que j’ai encore des tas de choses à faire. Notamment faire un petit tour au supermarché pour faire le plein de piles pour le GPS et ma lampe frontale...

Allez ! On s’en reparle lorsque nous serons arrivés à Calvi !

lundi 3 janvier 2011

2011 : A l'attaque !

Et bien ça y est, nous y sommes... Au pied du mur comme dirait le maçon. Pour la plupart des gens, le compteur annuel vient de changer et indique à présent 2011, mais pour moi l’année importe peu... La seule chose qui est importante c’est le compte à rebours qui vient de s’enclencher.

Aujourd’hui on est à J-55.

Ouais, c’est décidé, aussi je peux bien vous le dire, la date de mon départ est à présent fixée, et ce sera le 27 février 2011.

Alors bien sûr, cette date sera, comme on dit, tributaire des conditions météo. Mais grosso modo, c’est ce dernier weekend de février que je devrais prendre officiellement le départ de ma course en solitaire. Voilà, c’est dit. Maintenant il n’y a plus qu’à.

Pourquoi le 27 février me direz-vous ? Et bien parce que il arrive un moment où il faut bien se fixer des limites, des butoirs, pour se forcer un petit peu à bouger. Si l’on reste dans l’expectative : « Oui je devrais partir vers cette date là... », « Ça devrait ce faire à peu près à cette époque... », et bien c’est clair que l’on n’avance pas.
De plus cette date coïncidera avec un événement hyper important pour moi (et pour la plupart d’entre vous). Mais bon, comme celui-ci n’est pas encore finalisé, je ne vous en dirais pas plus pour l’instant.

Donc, aujourd’hui l’ordre du jour c’est : ACTION !

Sitôt cette page publiée je vais me plonger dans mon petit programme que j’ai laissé trop longtemps de côté et en ressortir les choses qu’il me reste encore à accomplir avant que de pouvoir partir. Le dossier d’assurance, c’est fait je l’ai rempli ce matin il n’y a plus qu’à le poster.
Dans la foulée je vais parcourir la toile et me procurer le matériel qui me manque. Une Mer-veille, des panneaux photovoltaïques. Une fois le matos arrivé à la maison, je m’occuperais de le faire installer, ou mieux, je m’y attèlerais personnellement pour faire quelques économies.
Je sens qu’on va bien rigoler si c’est moi qui m’y colle !

Ah oui, j’imagine que vous vous demandez ce que peut être un Mer-Veille... Hein ? Et bien comme son nom l’indique il s’agit d’un détecteur de radar. C'est une alarme qui vous prévient lorsque vous êtes balayé par une onde radar, la localise et vous indique dans quel secteur et à quelle distance elle se trouve. C’est le genre de petit appareil indispensable si vous avez l’intention de naviguer seul la nuit et que vous espérez pouvoir fermer un œil ne serai-ce que quelques minutes.

Ensuite... Et bien on va se lancer dans une petite traversée vers la Corse. Oui, la Corse. Aller-retour, histoire de goûter un peu de ce que peut être une navigation de nuit avec la Boiteuse... Mais bon, ça c’est pour plus tard, d’ici une dizaine ou une quinzaine de jours je pense. Le temps pour moi de recevoir et d’installer le Mer-Veille...

Nous aurons donc l’occasion d’en reparler !

En attendant, je profite de cette espace généreusement offert par moi, pour vous souhaiter à toutes et à tous, une merveilleuse année 2011. Et que cette année soit pour vous l’occasion de réaliser vos rêves.
Et j’ajouterais que, pour ma part, je vais faire mon possible pour vous montrer comment on fait...