vendredi 29 avril 2011

On s’en va…

41°22.817N 02°11.121E
Barcelone

La Barceloneta
C’est bizarre la vie tout de même… Hier je vous annonçais que j’allais selon toute vraisemblance rester quelques jours de plus à Barcelone, et bien non.

Alors que je me rendais à la Capitainerie pour y annoncer mon désir de rester jusqu’à la fin du weekend, j’ai eu la surprise de trouver mon colis qui m’y attendait. Et après il y’en a qui vont râler sur les soi-disant dysfonctionnements des Services Publics… Mais bon, donc mon colis était là, et j’apprends dans la foulée que dès le premier mai, le port allait sensiblement augmenter ses tarifs, et que j‘allais passer de 17 € à 25 €… Oui, lui aussi. Sauf qu’ici il n’y a pas de basse, de moyenne et de haute saison, il y a l’été et l’hiver, point barre. Et l’hiver est beaucoup plus long que l’été, d’un point de vue tarifaire s’entend.

Le Fastnet et sa serveuse...
Sur le moment la nouvelle m’a un peu perturbé. C’est que mine de rien je m’étais fait à ce séjour à Barcelone, entre farniente et glandouille, balade à pied et cafe con leche en agréable compagnie… Mais bon, je ne sais pas si vous l’avez remarqué mais depuis le début de cette aventure je reçois de temps en temps de ces petits (ou grand) coups de pied au cul qui m’obligent à changer mes plans et à improviser. Et jusqu’à présent cela m’a toujours été profitable… Donc, je vais quitter Barcelone et poursuivre ma route.

J’ai consulté les augures météorologiques, réexaminé encore une fois mes carte, et j’envisage de partir demain samedi aux aurores.

Un vol de colombes...
En fait, je me suis carrément concocté un programme de navigation aux petits oignons. Programme qui est bien sûr susceptible d’être modifié au dernier moment selon les conditions météo et les aléas de la navigation, mais ça vous donne déjà une idée.
J’ai l’intention de rallier Valence (Valencia) en quatre ou cinq étapes. Arrivé là-bas je m’offre deux ou trois jours de repos, et puis je repars. Pareil, une petite semaine de nave et repos. Et ainsi de suite.
J’ai calculé (à la louche hein !) que je devrais atteindre Málaga (537 milles), aux portes de Gibraltar d’ici… Allez, on va dire quatre semaines en comptant les pauses. Peut-être un peu moins.


Ça c'est pour Tsuki !
Alors le programme de la journée sera de remettre la Boiteuse en configuration de voyage. Vérifier tout ce qu’il y a à vérifier, ranger tout ce qu’il y a à ranger, faire le plein de tout… Une journée assez chargée en perspective mais qui ne m’empêchera cependant pas de sacrifier à mes petites habitudes de connexion internet. Après, ce sera un peu plus aléatoire…

Que vous dire d’autre ? Qu’il a plu une bonne partie de la nuit et que ça s’est dégagé depuis… Qu’ici sur les radios on ne parle que du mariage princier entre Guillermo et Kate (ben oui, eux ils disent Guillermo et pas William). 2,5 milliards de spectateurs attendus… Je sais, ça fait frémir.
Que le blog de la Boiteuse fêtera demain ses un an et qu’il a reçu depuis sa naissance quelques 5850 visiteurs. Et que moi, et bien dans deux jours cela fera un mois que je suis parti de Saint Laurent du Var… Déjà un mois, oui je sais, ça fait drôle.

Merci Bourreau !
Ah oui, vous voulez peut-être savoir ce qu’il y avait dans ce fameux colis que j’attendais ? Non ? Si ? Et bien c’est un livre offert par notre ami Bourreau et qui s’intitule Splendeur et dangers de la faune marine ! Rien que ça !
Il vous indique ce qu’il faut faire lorsque vous vous faites piquer par une raie ou par un poisson-pierre par exemple. Ou encore quels sont les premiers soins à apporter lors de morsures de requin… Bref, que des trucs à vous dégoûter de plonger un jour vos gambettes dans l’eau ! Mais je reconnais bien là l’humour décalé de mon ami Bourreau. Il n’y avait que lui pour m’offrir un truc pareil !
En plus c’est vachement bien illustré…

Bon, chers lecteurs, je vais vous laisser pour aujourd’hui, car j’ai pas mal de choses à faire. Pour ne rien vous cacher et malgré ce que je vous ai dit sur les coups de pieds au cul et tout ça, j’ai un peu de peine à quitter Barcelone. C’est vraiment une ville où l’on se sent bien. Où en tous cas, moi je me sens bien.
Mais j’imagine qu’au cours de ma route j’en rencontrerais d’autres de villes où je me sentirais bien… Et j’imagine aussi que les lieux c’est un peu comme les histoires d’amour ; On se rencontre, on se plaît, on vit quelque chose de bien et on se quitte. Voilà encore un truc auquel je vais devoir m’habituer…

jeudi 28 avril 2011

J’suis con, douillet, et pathétique !

41°22.817N 02°11.121E
Barcelone

El derrotero
Figurez-vous, braves gens, que j’étais hier matin, et ce depuis plusieurs heures, à plancher sur ma prochaine navigation. Je potassais mes cartes, électroniques et papiers, et j’épluchais le tout nouveau Derrotero de las costas del mediterráneo dont je viens de faire l’acquisition, lorsque…

Pardon ? C’est quoi le Derrotero de las costas del mediterráneo ? Et bien c’est un document précieux qui décrit avec une précision professionnelle l’approche et l’organisation de tous les ports de la côte espagnole de Gibraltar au Cap Creus. Rien que ça. Oui, en français on appellerait ça un guide nautique, sauf que celui-là est espagnol, et qu’il est vachement plus technique que le français. Et moins cher aussi.

J’en étais où moi ? Ah oui, j’épluchais le Derrotero lorsque…

Oui il est en espagnol, et alors ? Ça pose un problème ? Pas à moi en tous cas (et non je ne frime pas).

El derrotero tambien
Donc… C’est bon, je peux continuer ? Donc disais-je, je planchais studieusement sur ma navigation que je prévoyais pour la journée de vendredi. Demain donc. J’avais déjà plus ou moins organisé le temps qui me restait, et je m’apprêtais à entreprendre quelques travaux en cette belle journée qui s’annonçait. Lorsque soudain je me suis rappelé que je ne pouvais pas partir vendredi !
En tous cas pas avant d’avoir reçu le colis qui vient de France et qui m’a été envoyé par notre chère Momo en fin de semaine dernière !
Donc, il n’y aura pas de départ cette semaine… Plus probablement en début de la prochaine, car fêtes de Pâques oblige, les postes Françaises et Espagnoles (on dit Correos ici) ont fait un grand pont des deux côtés de la frontière.
Résultat, j’aurais passé deux heures à potasser une navigation en fonction de conditions météos qui seront périmées lorsque je reprendrais enfin la route… J’suis con… Non mais parfois je me mettrais des baffes si je n’étais à ce point douillet.

Argh !!!!
Donc, j’ai laissé tombé ma nave et pendant que j’y étais je me suis demandé ce que j’avais bien pu oublier d’autre. Et bien en consultant mon agenda, je me suis rendu compte que le 24 avril je devais me faire piquer ! Il s’agissait de ma deuxième et dernière injection du vaccin contre l’hépatite A et B, que je me trimballe dans le frigo depuis un mois.
Bon, le toubib lorsqu’il m’a fait la première m’a bien expliqué comment il fallait que je fasse pour la seconde. Tu vas voir qu’il m’a dit, une intramusculaire c’est tout simple ! Tu pinces le muscle, tu rentres dans le lard d’un coup sec et tu appuies doucement… Mouais, c’est tout simple, mon cul ! C’est que je suis douillet moi… (Je vous l’ai dis non ?)
Ne tenant pas tant que ça à m’enfoncer cette aiguille, aussi petite soit-elle, dans mon corps d’Apollon, je me suis donc mis en quête d’une bonne âme susceptible de me piquer.

Je me suis dit que ça serait bien le diable si je n’arrivais pas à trouver dans ce monde de la plaisance où les professions libérales sont reines, un toubib, un(e) infirmie(ère), voir à la limite un vétérinaire…
Et mes pas m’ont conduit directement sur le ponton d’à côté ou j’avais repéré un bateau français fraîchement arrivé. Bonne pioche ! Il y avait deux médecins à bord !
Du coup je me suis présenté pour l’apéro avec quelques bières et mon petit vaccin. Une charmante dame m’a fait l’injection (aïe !) et nous avons papoté tous ensemble en prenant le soleil.

Configuration "à la canadienne"
Car soleil il y avait, un franc et grand soleil comme jamais encore depuis mon arrivée. Du coup les températures sont montées en flèche (35° à l’intérieur du bateau) et avec elles les premiers moustiques. Heureusement, je n’ai pas un sang très attractif pour cette engeance et je crois même pouvoir dire que je suis plus ou moins immunisé contre eux depuis que je me suis fait dévoré en Guyane il y a vingt ans. Car les moustiques européens sont des pygmées anorexiques par rapport à ceux que l’on trouve en Amazonie, croyez-moi.

Bref, comme il faisait beau j’en ai profité pour laver un peu le pont de la Boiteuse qui se trimballait une couche de sel comac depuis mon départ. J’ai également réparé un petit accroc que j’avais repéré sur la GV. Une petite déchirure de trois centimètres au niveau de la troisième latte (toujours la même) que j’ai arrêté avec un adhésif spécial. Pour bien faire il aurait fallu que je renforce le tout avec quelques points de couture, mais je ne suis pas encore un pro dans ce domaine. Donc ce sera pour plus tard.

So romantic !
En fin de journée je me suis rendu au Fastnet pour boire un jus de pêche (melocotón) et prendre les derniers messages et j’ai eu la surprise de voir la serveuse (celle qui avait un si joli sourire) traverser toute la terrasse pour venir me demander comment j’allais et me plaquer deux bises sur les joues ! Et ceci alors que nous n’avons à peine échangé deux mots depuis une semaine. Comme quoi, je ne suis peut-être pas aussi rouillé que je veux bien le croire concernant les signaux féminins… J’en suis resté tout baba et rouge comme une pivoine. Et puis un peu perplexe aussi.
Ah lala Gwen… Il suffit qu’un joli minois te fasse un sourire et voilà que tu t’emballes comme un poulain de deux ans… T’es pathétique parfois, moi j’te le dis.

Bon, aujourd’hui j’ai lancé une grande lessive. Je veux dire que j’ai mis à tremper le bordel avec plein de mousse et que d’ici la fin de matinée je vais faire semblant de frotter un peu avant que de rincer et de décorer les haubans de la Boiteuse avec mes caleçons et mes tee-shirts ! Faudra que je pense à prendre une photo.
Il faut que je fasse un ravitaillement alimentaire également, et puis je vais passer à la Capitainerie pour voir si le colis est arrivé (on ne sait jamais) et prolonger s’il y a lieu de quelques jours mon séjour à Barcelone.

Et puis en fin de journée, j’irais sans doute boire un jus de fruit au Fastnet



lundi 25 avril 2011

Impressions de Barcelone

41°22.817N 02°11.121E
Barcelone

Ma maison et sa vue...
La première chose qui m’a frappé en arrivant à Barcelone, et après une petite semaine en immersion catalane à Sant Feliu, c’est le nombre incroyable de langues que j’ai pu entendre autour de moi. J’entends de tout : De catalan bien sûr, du castillan, de l’anglais, de l’allemand, de l’italien, du français… Beaucoup de français. Trop même. C’est à croire que Barcelone est envahie par les hordes franques…
Pour preuve cette flopé de familles françaises en goguette que je croise régulièrement depuis mon arrivée. Des touristes dans le plein sens du terme, c’est-à-dire qu’il font un tour, et puis s’en vont. « Oh chéri, regarde comme c’est joli ! », dit la dame. « Tu sais, on a les mêmes à Poitiers » lui répond son époux. Et d’ajouter à l’adresse du grand benêt qui les accompagne « Tu pourrais nous attendre au moins ! ».
Urban way of life
Ou encore ces hordes agglutinées d’adolescents français qui arpentent les rues braillant comme des gorets, accompagnées par leurs professeurs blasés et résignés… Ils me font honte, aussi lorsque l’un ou l’une d’entre eux manque de me bousculer dans la cohue des ramblas, je m’exprime en espagnol pour bien marquer ma différence avec leur stupide exubérance. Ce sont les vacances de Pâques, la saison des grandes migrations scolaires… A la même période, ce sont les mêmes hordes d’adolescents ibériques qui arpentent les boulevards de Nice.
Chassé-croisé d’échange culturel où la culture n’est que l’alibi d’une exploration autrement plus intéressante de l’autre sexe. De la ville visitée ils ne retiendront rien, seul restera le souvenir d’un échange humide de salive et de caresses furtives volées dans un coin sombre.

Mon quartier !
Vous l’avez compris j’ai tendance à fuir mes compatriotes. Pourquoi, je ne sais pas. Mais c’est comme ça. Ils me gonflent. Mais j’ai beau faire, j’ai beau m’enfoncer au plus loin dans les ruelles sombres de la Ciutat Vella ou de la Barceloneta, il faut toujours que je tombe sur un ou une française… Et pourtant j’essaye de me balader tôt le matin pour éviter la foule, mais il semblerait que tous mes compatriotes aient la même idée en même temps que moi. Il faut dire aussi que tôt le matin ici, c’est neuf heures… Avant, la ville dort encore.

Si j’arrive à faire abstraction de cette pollution touristique (et c’est pas facile croyez-moi), et pour peu que j’ouvre bien les yeux et les oreilles, il m’arrive de saisir à la volée des petites scènes de la vie barcelonaise de tous les jours. Des petites pépites qui font que cette ville est vraiment particulière.

Rien ne change...
Ça peut être une odeur d’égout qui plane dans certaines parties de la vieille ville et qui me rappelle un autre grande ville sur un autre continent. Belém pour ne pas la nommer. Les sirènes des ambulances qui oscillent entre le pimpon européen et le hurlement américain. Ces immeubles qui bordent les rues étroites des vieux quartiers. Le linge aux fenêtres. Les vieux qui discutent sur le pas des portes assis sur des chaises branlantes. Les taxis bicolores, noirs et jaunes qui sillonnent la ville en tous sens. Les pharmacies qui arborent une croix de Malte rouge. Les petites mains, ces vendeurs de tickets de loterie au coin des rues. Ces livreurs, ces gardiens de parking, ces portiers… Tous ces petits métiers qui ont disparu de notre horizon français au nom de fric roi. Ici, apparemment, ils en vivent encore. Quand je pense que certains hurlent à la « modernisation » du pays…

... à part les slogans.
Moi je ne voudrais pas qu’il se modernise ce pays, je le trouve très bien comme ça. C’est bien simple il est comme la France il y a 30 ans. Attention, je ne veux pas dire que l’Espagne est un pays arriéré, non. Ce que je veux dire c’est qu’elle n’est pas encore totalement bouffée par le libéralisme. Elle est encore un peu préservée. Et c’est particulièrement patent en Catalogne. Ici on sait encore ce que c’est qu’un Service Public, avec de belles majuscules révérencieuses devant les mots. La question que l’on peut se poser c’est : Pour combien de temps encore ?
Car les loups sont aux portes de la ville, et le peuple commence à s’en rendre compte. Augmentation des taxes (pas des impôts hein ? Faut pas confondre !), réduction des dépenses publiques… Enfin, vous connaissez la chanson.

By night
C’est marrant, mais en règle générale je n’aime pas les grandes villes. Je dis bien en règle générale car Barcelone est pour l’instant la seule exception à cette règle que je connaisse. Moi ce que j’aime ce sont les petits villages, les petites villes, comme celles de mon enfance… Les grands entassements humains m’inquiètent, même si je connais et j’apprécie la sécurité que l’on y ressent à être un anonyme au milieu de la foule. Mais Barcelone est vraiment différente.

Barcelone est ce qu’on pourrait appeler une ville ouverte. Une mégalopole ouverte même, tant cette ville de plus d’un million et demi d’habitants est cosmopolite. Car, en plus des touristes, d’innombrables nationalités vivent et travaillent à Barcelone. C’est une gigantesque auberge espagnole comme dirait l’autre. Aussi, lorsque vous croisez quelqu’un, il y a une chance sur deux pour qu’il ne soit pas barcelonais…

Plaça Georges Orwell
Mais il n’empêche que barcelonaise ou pas, les femmes y sont belles… Seigneur qu’elles sont belles !
Elles sont, comment vous dire, naturelles. Oui c’est ça naturelles.
Par exemple, sur la Côte d’Azur, le prototype de la jeune fille c’est la cagole. Tout dans le paraître et rien dans la tronche, avec une mèche aplatie sur le front et vêtement aux fausses marques ostensibles. A Barcelone les jeunes filles, et les jeunes femmes, sont vêtue avec recherche mais dans un mélange de grunge-baba-écolo modernisé, si vous voyez ce que je veux dire. Saroual aux couleurs bigarrées, piercings, peu de maquillage, des bijoux ethniques, des blouses chamarrées avec des décolletés sages mais sexy... La barcelonaise fend la foule sur son vélo, sûre d’elle.
La femme plus mûre garde ce caractère naturel tout en y mêlant une touche supplémentaire de sophistication, mais à peine. Je crois qu’on peut dire qu’en règle générale les femmes de Barcelone sont cool.
En fait, et ça doit être une horreur pour tous les libéraux, cette ville est une ville de bobos !

Puisque je vous le dis !
Il y a un truc qui me fait marrer, c’est que la Boiteuse et moi on doit figurer en arrière plan de pas mal de photos de vacances. Je les vois ces touristes se photographier les uns les autres avec le port et la ville en fond, et moi qui égoutte mes pâtes ou qui étend mon linge. C’est qu’ici, sur les pontons il y a de la vie. Des gens y habitent à l’année, quittant le port au petit matin pour se rendre à leur travail en habit de ville et revenant le soir pour réintégrer ce qui doit être somme toute le logement le moins cher de la ville compte tenu du quartier. La plupart me saluent de la tête en passant devant la Boiteuse, mais aucun n’a jugé bon pour l’instant d’entamer la conversation.
A part Nico, architecte argentin, dont j’ai fait la connaissance, et qui vit depuis dix ans à Barcelone et depuis trois mois sur un Dufour.

Cafe con leche
Je commence à avoir mes petites habitudes. Le matin j’écris, puis sur les coups de neuf heures je me rends dans la vieille ville, au Venus pour consulter Internet. Je sirote mon cafe con leche en répondant à vos commentaires. Je m’y suis fait à ce truc le cafe con leche… D’ordinaire je n’aime le café que pur et fort, mais au bout de quelques-uns j’ai l’impression d’avoir les yeux qui tremblent et les mains exorbitées. Donc le cafe con leche c’est bien puisque c’est surtout du lait tiède légèrement parfumé au café.

Puis, je vais me balader. Si j’en ai besoin je fais quelques courses au mercat de la Barceloneta, mais la plupart du temps j’arpente les rues à la recherche de quelque chose d’insolite. Je regarde les gens… Parfois j’ai l’impression d’être un ethnologue. Ou bien je rentre au bateau pour bricoler ou bouquiner. Une petite sieste après déjeuner, puis j’écris de nouveau. Vers 18H00 je me rends au Fastnet, un pub juste en face de la marina. La connexion est moins bonne, mais j’aime bien le sourire de la serveuse. Hélas, très vite la foule envahi mon espace et je dois alors me réfugier sur la Boiteuse. Là, j’écris encore… Puis je dîne, je lis ou je regarde alors un film et je vais ensuite me coucher. Il est rarement plus de 22H00.
C’est un rythme différent auquel j’étais habitué… Un rythme qui me laisse énormément de temps pour penser.

Derrière les portes cochères...
Et penser c’est comme l’alcool, ça peut être bien, mais ça peut aussi être mauvais quand on en abuse. Parfois il m’arrive d’avoir des coups de blues… Des souvenirs de mon passé qui me remontent à la gueule et qui, oserais-je le dire, me font pour la première fois depuis des années me sentir seul.
Je ne m’attendais pas à ça. Je veux dire que lorsque j’imaginais ma vie future sur la Boiteuse, je ne pensais pas que gérer ma solitude allait être un problème. Après tout, cela faisait vingt ans que je vivais seul et je m’en accommodais aisément. Mais là c’est différent.
Et cette différence, je crois que c’est parce que pour la première fois depuis longtemps, j’ai quelque chose de valable dans ma foutue vie à partager avec quelqu’un. Oh bien sûr il y a vous mes lecteurs (et heureusement que vous êtes là d’ailleurs !), mais vous ne suffisez pas… Vous ne suffisez plus. Et ça, c’est vraiment quelque chose de nouveau pour moi.
Mais bon, ça reste pour l’instant supportable.

Un cul-de-sac
Il a fallut que je marche jusqu’au Port Olympico pour trouver un magasin dédié au nautisme. J’en ai repéré les horaires d’ouvertures et je m’y rendrais de nouveau dès demain pour y acheter quelques menues choses dont j’ai besoin. Il me faut des cartes par exemple, car ma mésaventure avec Maxsea à mon arrivée m’a un peu échaudé quant au tout électronique. De même j’ai besoin du plan des ports d’ici à Gibraltar…
Car cela fait cinq jours que je suis ici, et même si j’adore vraiment cette ville j’ai de nouveau des fourmis dans les jambes. Hier, j’ai commencé à réfléchir sur le programme de navigation de ces prochaines semaines, et de m’être plongé dans les cartes a eut l’effet de réveiller en moi l’envie de découvrir d’autres lieux. Oh, je n’ai pas fini de voir tout ce qu’il y a à voir à Barcelone, pour ça il faudrait sans doute des années, mais je sens qu’il est bientôt temps pour moi de bouger.
Ben oui...
Donc, je laisse passer les fêtes de Pâques, et dès mardi je commence à m’occuper de la suite du voyage…
Je viens de calculer que depuis mon départ de Saint Laurent du Var j’avais parcouru 371.25 milles nautiques… Et que pour rejoindre Faro au Portugal il allait me falloir en parcourir presque 800 autres. Et que si je continu à flâner de cette façon il me faudra deux mois pour y arriver. Et pourquoi pas d’ailleurs ? J’ai tout mon temps désormais.

Bon, nous sommes aujourd’hui le lundi de Pâques, et ici point de lapin ni de cloches. Les catalans s’offrent uniquement des roses le samedi qui précède, des roses avec des épis de blé… Ils n’ont pas cédés au marchants du temple, ceux qui inventent des traditions pour pouvoir faire leur beurre !
Sinon, pratiquement tout est fermé et j’ai dû galérer pour trouver un café-internet pour vous poster cet article. En plus le temps est à l’orage… Donc, si vous le voulez bien on va s’arrêter là pour aujourd’hui.
Mais oui, rassurez-vous, je reviendrais bien vite pour vous raconter la suite !

Adios !

Mon prochain bateau
Et 15% déjà l'année dernière...
L'appel du large

Un ponton pour balcon

vendredi 22 avril 2011

Réflexions catalanes

41°22.817N 02°11.121E
Barcelone

Si la date qui s’inscrit automatiquement au dessus de cet article ne me trompe pas (et pourquoi le ferait-elle ?), nous somme effectivement le vendredi 22 avril 2011.
Outre le fait que c’est une journée fériée et qu’en plus il pleut et qu’il fait froid, Barcelone a de la peine à se réveiller ce matin. Encore plus de peine que d’habitude devrais-je dire. Moi qui suis un lève tôt, c’est un véritable calvaire que de devoir attendre 09H00-09H30 pour pouvoir trouver un endroit où me brancher sur vous et sur le reste du monde… Je n’ai pas encore pris le pli de me laisser vivre selon le rythme espagnol, ni celui de me détacher des liens cybernétiques qui me lient à mon ancienne vie. Mais j’y travaille croyez-moi. 
Or donc nous sommes le 22 avril, et je me disais qu’il était peut-être temps de coucher sur le clavier ce qui est pour moi maintenant une évidence et pour vous sans doute aussi : Je ne traverserais pas l’Atlantique cette saison.

D’ailleurs cela était-il seulement réalisable ? En suis-je à me demander. Sans doute pas. Je suis parti trop tard et mal préparé… Et la mer dans sa grande mansuétude a eut la gentillesse de me le faire comprendre dès le début et avant que je me retrouve véritablement dans la merde. Aussi, comme je suis une personne relativement sensée, plutôt que de me morfondre sur ce qui pourrait être considéré comme un échec, je préfère encore envisager l’avenir.
C’est raté pour ce printemps ? Pas si grave, on fera ça à l’automne. J’ai donc six mois à tirer avant de me retrouver sur la ligne de départ aux Canaries ou au Cap Vert. Bien. D’ici-là, quoi faire ? Ou aller ? Combien ça va me coûter ? Et puis d’autres questions sur le long terme comme par exemple la traversée du détroit de Magellan retardée d’une année… Un an en Amérique du Sud, est-ce que je pourrais me le permettre ?

Autant de questions auxquelles je n’étais pas préparé et sur lesquelles il va pourtant falloir me pencher.

Mais cela risque de prendre un peu de temps, car franchement, là tout de suite, j’aurais envie de répondre que je n’en sais rien. J’ai bien quelques idées, mais elles sont encore trop vagues. Heureusement pour moi la place de port, ici à Barcelone, est très peu chère et je vais pouvoir prendre le temps d’envisager l’avenir sans trop de pression.

Des noms résonnent dans ma tête et me tentent. Comme les Baléares par exemple, ou encore le Maroc. Je ne sais pas encore quand, ni comment, mais j’irais très certainement vers ces endroits-là. Et puis j’aime l’Espagne, et j’ai envie aussi d’en découvrir d’autres régions maritimes. Le Portugal aussi pourquoi pas. Ce serait une occasion de faire plaisir à Dominique et également celle de passer par Madère avant que de rejoindre les Canaries. Et moi qui voulais éviter l’Afrique, je me disais qu’un petit tour au Sénégal pouvait être intéressant…
Mais bon, on verra bien. Pour l’instant j’ai envie de me laisser vivre et de clopiner tranquillement dans les rues de la vieille ville de la capitale de la Catalogne. Il y a tant à voir, à sentir, à goûter…

C’est que j’ai du temps devant moi dorénavant, et c’est un luxe que je n’avais pas jusqu’alors.

jeudi 21 avril 2011

Benvinguts a Barcelona

Le mercredi 20 avril 2011

41°22.817N 02°11.121E
Barcelone

06H50 : La Boiteuse décolle en douceur des quais de Sant Feliu de Guíxols. Le soleil se lève à peine. Un dernier regard à cette petite ville bien sympathique et nous voilà parti, cap au 235°, en direction de Barcelone.

J’attendais du Nord-est de force 1 à 2, mais pour l’heure c’est un thermique qui m’accueille à la sortie du port. Un gentil thermique terrestre bien mignon, mais tout à fait insuffisant pour faire avancer la Boiteuse à une allure honnête. Aussi, après avoir pétolé pendant une heure je décide de mettre le moteur en appui avec mes deux voiles hautes.
Tien, puisqu’on en parle, vous seriez peut-être intéressez de savoir ce qu’est un thermique ? Non ? Si ? Bon d’accord, je vous explique (de toute façon je n’ai pas grand-chose à vous raconter sur cette navigation, aussi autant en profiter pour vous instruire).

Ma route
Le thermique, comme son nom l’indique, est un vent généré par l’écart de température entre la mer et la terre. Lorsque la terre est plus chaude que l’eau, la masse d’air au dessus d’elle s’élève créant un vide qui est remplacé par l’air de la mer… on a donc un courant d’air qui va de la mer vers la terre. Et inversement lorsque la terre est plus froide que l’eau, la masse d’air au dessus de l’eau s’élève et est remplacée par de l’air venant… Venant ? De la terre, bien !
La terre se réchauffe et se refroidi toujours plus vite que l’eau. C’est ainsi. Ce qui fait que le matin tôt par exemple vous avez des thermiques qui viennent de la terre, puis au fur et à mesure que la terre se réchauffe avec le soleil, plus vite que l’eau, la situation s’inverse et le vent thermique se met à souffler dans l’autre sens. C’est bon ? Vous avez compris ? Bien…

Donc, en sortant du port j’avais un thermique terrestre qui a duré jusqu’à 13H00 le temps que la terre se réch… Oui ok, je sais que vous avez compris !

Barcelone droit devant !
Bref, moteur pendant la matinée. Alors que je fumais ma pipe debout sur l’arrière confortablement adossé au portique, j’ai soudain aperçu fugitivement quelques thons sauter hors de l’eau. Je dirais entre 50 cm et un mètre les bestioles…
13H00, je coupe enfin le moteur et je peux enfin avancer à bonne allure, Grand Largue, vitesse moyenne 5,5 nœuds. Nickel.
14H30, j’aperçois les premiers buildings de Barcelone, puis le mont Juic. Enfin la tour de l’hôtel W qui marque l’entrée du port.
16H30 j’allume le bourrin, remballe la voile d’avant, et je m’apprête à préparer mon atterrissage… J’essaye de me remémorer comment se présente l’entrée, mais je rencontre alors un problème de taille : Mon souvenir et mes yeux me disent quelque chose, et la carte sur mon ordi me dit autre chose. Bon, cela m’est déjà arrivé lors de mon approche des calanques de Cassis et c’est l’ordinateur qui avait eut raison. Je décide alors de lui faire confiance encore une fois et de ne pas me fier à mon souvenir qui peut être altéré. D’autant que devant moi une demi-douzaine de pétroliers et autres cargos sont mouillés et que je dois slalomer pour ne pas m’en prendre un…

Mais euuuuuh !
Une heure plus tard je suis complètement désorienté. Rien ne colle. Ma carte électronique me dit que l’entrée du port devrait être devant moi mais je ne vois rien, et une petite voix dans ma tête me dit que je l’ai dépassée depuis belle lurette. Je temporise, observe attentivement avec les jumelles, et c’est là qu’enfin je l’aperçois cette entrée large comme deux stades de foot ! A au moins quatre milles derrière moi ! Grrr !!!
Demi-tour, et là j’ai enfin pu enfin entrer dans Barcelone à vue. Ce qui, sur Maxsea donne le tracé que vous pouvez voir… Et oui, je traverse les murs !

La leçon que j’en tire, c’est qu’il ne faut pas se fier aveuglément à l’électronique. D’accord, c’est bien pratique et c’est plutôt fiable, mais cela ne dispense en rien de vérifier ce que dit la carte par des moyens traditionnels (relèvements, observations directes). Je ferais beaucoup plus attention dorénavant.

Dong-dong-dong-dong-dong-dong...
18H00 pétante je franchis l’entrée de Port Vell. Passage à la Capitainerie où une charmante (très charmante) jeune fille me reçoit avec un sourire magnifique et des yeux pétillants. Je suis fatigué et me mélange un peu les pinceaux avec mon espagnol. Elle rit, et se montre d’une patience d’ange à mon égard… Je plane littéralement. Elle m’indique ma place et me demande combien de temps je compte rester. J’ai envie de répondre que ça dépend d’elle, mais je n’ose pas… Je lui dis finalement que je ne sais pas encore, trois ou quatre jours, ça dépendra... Le prix ? 17 € par jour ! Marquez un mois complet ! Lui dis-je aussitôt en riant.

C’est donc sur un petit nuage que je suis allé amarrer la Boiteuse à sa place. La même que celle que nous avions au mois de juillet dernier avec le Bonne Espérance, juste au pied du Palau de Mar, en bordure du Barrio de la Barceloneta.
J’ai rangé le bateau, et je me suis enquis d’un bar où pouvoir consulter internet. Un pub irlandais à deux pas du port fera très bien l’affaire… J’ai faim et je suis fatigué. Je m’arrête dans le premier resto à tapas que je trouve, et une assiette de Pulpo a la Gallega et de poissons fris plus tard je m’en retourne me coucher. Il est dix heures du soir, je m’endors comme un bébé. Du coup je ne sais même pas si le Barça a gagné…

 Allez hop ! Une petite vidéo pour fêter mon arrivée !


mardi 19 avril 2011

La bombilla

Le lundi 18 avril 2011

41°46.664N 03°02.135E
Port de Sant Feliu de Guíxols

Le patient est prêt...
Le weekend fini, il est temps pour moi de commencer à penser à la suite du voyage. Flâner dans les rues c’est bien sympa, mais à un moment le cowboy doit savoir remonter en selle et repartir vers le soleil couchant. D’autant que c’est aujourd’hui que je dois savoir ce qu’il en est exactement de mon foutu alternateur, présumé coupable de non-chargement à batterie en détresse. Je ne dois revoir Josep, l’électromécanicien que dans l’après-midi, mais d’ici là j’ai du boulot.

Je profite de ma matinée pour démonter entièrement les fonds et nettoyer tout ce qui a pu s’y accumuler depuis… le début de notre rencontre, la Boiteuse et moi. J’éponge, je récure, je fais sécher. C’est dingue ce qui peut s’accumuler en six mois de temps ! Sans parler de la flotte qui pourrie tout. D’ailleurs on ne sait trop d’où elle peut bien venir celle-là ! Infiltration par le pont ? L’arbre d’hélice ? Une fuite dans un passe-coque ou dans une conduite ? La meilleure façon d’en être sûr c’est encore de savoir si elle est douce ou salée… Et là, il n’y a pas à tortiller le plus rapide des moyens c’est d’y tremper son doigt et de la goûter !
Oui, je sais, c’est dégueulasse. Mais il faut imaginer que parfois le goût du sel peut être masqué par autre chose. Comme de l’huile de moteur ou du gasoil par exemple… Quand ce n’est pas par une entité non-identifiée à mi-chemin entre la moisissure et le Blob !

Mais bon, je l’aime ma Boiteuse. Je suis donc prêt à pas mal de sacrifice pour elle.

Éponger, récurer, sécher...
Quinze heures, Josep se pointe et m’annonce que l’alternateur fonctionne à merveille et charge ses 40 Ampères//heure, et donc que le problème doit se situer ailleurs. Ailleurs oui, mais où ?
C’est que c’est compliqué le système électrique d’un bateau, c’est plein de fils partout, de branchements bizarres, de voyants, de boutons… Et Josep commence donc son enquête armé de son voltmètre et d’un tournevis.

Moi, je joue les assistants. Mon travail, oh combien essentiel, consiste à allumer le moteur quand il me le demande, d’accélérer s’il le faut et de l’éteindre. Plus, et là c’est important, surveiller attentivement le comportement du voyant de chargement… Oui, j’ai un voyant de chargement des batteries. Je sais, c’est une nouveauté pour moi comme pour vous, mais au moins on aura appris quelque chose.
Donc, j’allume, j’éteins et je surveille. Quand le voyant en question s’allume je dis « encendida ! », quand il s’éteint je dis « apagada ! », et suivant l’intensité je dis « brillente » ou « pequeña ».

Ça a durée trois heures cette histoire, ce qui fait que les mots en espagnol sont définitivement et pour l’éternité inscrits dans mon cortex cérébral !

C'est là que ça se passe...
Oui, trois heures pour finalement s’attaquer au panneau électrique au dessus de la table à carte. Le voyant dont je vous parle, c’est celui qui est à côté du vert, en haut et à peu-près au milieu. Et bien figurez-vous que ce putain de sa mère de voyant est en fait beaucoup plus intelligent qu’il n’en n’a l’air… Si-Si ! A lui tout seul il est capable de déclencher, ou pas, l’alternateur en fonction de la charge des batteries. Il est fort hein ?
Sauf que pour faire tout ça tout seul, il a besoin d’avoir une ampoule à la hauteur de la tâche… Et pas la merde qu’il se coltinait depuis je ne sais combien de temps !

Car en fait tout ça c’était à cause de cette bombilla de mierda qui n’était pas assez puissante pour déclencher le chargement des batteries. Josep est allé en chercher une toute neuve et adaptée, l’a posée et MIRACLE ! Ça a enfin marché !

Trois heures ce lundi, à laquelle vous ajoutez une autre heure vendredi dernier, ça fait quatre heures de boulot à 38,65 € de l’heure HT, pour une ampoule à 94 centimes d’euros ! C’est pas beau ça ?

La bombilla de mierda !
Vous l’avez sans doute remarqué, j’ai pris le parti d’en rire. C’est vrai quoi, l’important est que je puisse continuer ma route et qu’avec mon moteur je puisse recharger mes batteries en attendant d’installer des panneaux solaires. Ce qui compte, c’est que je ne me retrouve plus à barrer pendant des heures… Mais avouez que ça fait tout de même un peu mal au cul tout ce bordel pour une ampoule à 0,94 €.
Surtout que d’après Josep, l’ampoule était très, très vieille… Voire sans doute d’origine. Ce qui fait que le problème devait se poser depuis très, très longtemps… Qui plus est, cette bombilla gérait également le compte tour qui, vous vous en souvenez peut-être, déconnait lui aussi un tantinet, ne se déclenchant que si je mettais la manette des gaz plein pot. Ce qui veut dire que les heures moteur inscrites au cadrant sont loin, très loin, de la réalité… Et c’est là que, tandis que je tape ces mots, mon regard se dirige vers Constanz. Un regard lourd de reproches…

Tout est bien qui finit bien donc. Et je suis, vous l’imaginez, plutôt content que ce problème ait été résolu avec diligence et compétence. Donc, amis plaisanciers, si un jour vous vous trouvez sur la Costa Brava et que vous avez des soucis avec votre embarcation, vous pouvez aller à la Nautica de Sant Feliu les yeux fermés. Vous verrez c’est très facile à trouver, et vous demandez Damian.

Allez, passons à autre chose. Mardi sera ma dernière journée à Sant Feliu. Je n’ai pas terminé de nettoyer entièrement ma monture, et comme je suis sorti du Golf du Lion je pense que je vais remettre mon Génois en place, histoire de gagner quelques nœuds. Avec ça, on va filer comme le vent et rejoindre Barcelone en deux coups de cuillères à pot ! Et donc mercredi matin on repart, pour arriver le soir même à BARCELONA !

Ah au fait, vous avez compris qu’ampoule se dit bombilla en espagnol ? Hein ? Oui, bon, c’était juste pour savoir… Ok, je me tais.

lundi 18 avril 2011

Un weekend à Sant Feliu

41°46.664N 03°02.135E
Port de Sant Feliu de Guíxols

Un dimanche matin...
J’aime bien Sant Feliu… La dernière fois que je m’y suis arrêté, le soir de la finale de la Coupe du Monde, ce n’était que pour une nuit et nous n’avions guère dépassé le périmètre du port. Pourtant si nous avions poussé au-delà de ne serait-ce quelques centaines de mètres, nous aurions découvert une petite ville au charme désuet, sans réelles fioritures, et pas totalement pourrie par le mercantilisme touristique. D’après ce que j’ai pu observer, Sant Feliu a une histoire ancienne suffisante pour avoir générée une petite bourgeoisie locale, et qui a due avoir son apogée fin XIXème, début XXème. On distingue donc pas mal d’art-déco, et quelques belles constructions dans le style arabo-andalous. Puis elle a subie un boum économique (donc architectural) aux alentours des années 70, mais sans vraiment que cela ne défigure trop l’ensemble. L’essentiel du renouveau architectural se situe près de la plage, mais si l’on s’aventure un peu plus loin on découvre des rues droites où les maisons en briques dépassent rarement plus de deux étages.

Il y règne en cette mi-avril l’atmosphère d’une petite ville de province. J’ai appris que la population de Sant Feliu ne dépassait pas les 20 000 habitants permanents, plus bien sûr l’inévitable vague d’émigration estivale. Mais là encore, pas trop d’ostentation dans le développement touristique. On a l’impression que Sant Feliu a pris sa part de la manne saisonnière, mais sans en abuser. Bref, c’est une petite ville tranquille qui n’a rien à voir avec la turbulente Barcelone 100 Km plus au sud, ou bien sa voisine Cadaques au nord, complètement vendue au marchands du temple.

El monastir
La vie y est étonnamment peu chère (pour moi), avec une exception notoire qui est le prix de la place de port. Celle-ci est de 29 € par jour pour un navire de 11 m, soit le même tarif qu’à Marseille. Sinon, à par ça, tout le reste semble de 25 à 30% moins cher qu’en France.

Bien sûr, on est en Catalogne… Ce qui fait que l’on parle essentiellement le catalan, et moi avec mon castillan scolaire j’avoue que je m’y perds un peu. Cela-dit je me rends compte que celui-ci revient assez vite. Je m’applique à m’adresser au gens dans leur langue, en faisant un effort sur la grammaire. Le vocabulaire lui, semble être resté inscrit sur mon disque dur, ce qui ne cesse de m’étonner après tant de temps sans réellement pratiquer la langue de Cervantès. J’ai eu cependant droit à une belle humiliation lorsque me rendant dans un bureau de tabac pour y acheter des clopes, je me suis mis à déclamer ma demande avec application et, le croyais-je, conviction. La mignonne jeune fille derrière son comptoir m’a tout de suite répondu en français !
Moi qui voulais me fondre dans le décor, je m’aperçois que j’ai encore du boulot…

Quand je suis sur le bateau, je mets la radio en fond sonore. J’ai trouvé une station locale qui diffuse des chansons en espagnole et pas trop de publicités. Je me dis que de me mettre ces sons dans l’oreille au quotidien ne peut qu’améliorer ma diction… Mais je me leurre peut-être. Je ne sais si je vous l’ai déjà dit, mais je trouve important pour moi de faire un effort pour parler la langue des gens chez qui vous êtes. C’est la première des politesses, déjà, mais ça aide également à comprendre la mentalité.
J’ai pas mal réfléchis à ça, et je m’aperçois que la langue unifiée qui caractérise la France, fait beaucoup pour sa propre mentalité, et notamment sa conception de ce qu’est un pays ou un état. Alors qu’un pays où l’on pratique plusieurs langues, a nécessairement une autre conception de ce qu’il est. Une conception moins unitaire sans doute, qui s’apparente pour moi à une espèce de schizophrénie. Comment peut-on appartenir à deux choses en même temps, un pays et une province, ça franchement je n’arrive pas à comprendre. Il y a forcément l’une ou l’autre de ces entités qui en pâtie dans cette histoire…

Courtoisie
Sinon, je dois vous avouer que sur le port je m’emmerde un peu. C’est probablement dû au fait qu’il n’y a que des bateaux assez coûteux qui ne se réveille de leur sommeil que lorsque viennent les beaux jours. Et encore, le weekend seulement. Pas de nomades comme moi, donc pas de possibilité de nouer des relations d’amitié et d’entraide comme j’ai pu le faire à Sète. Il y a bien le préposé de la Capitainerie avec qui je discute un peu, mais au bout d’un moment je vois bien qu’il a autre chose à faire qu’à combler mon ennui… C’est bien simple, j’ai scruté avec attention tous les mâts des bateaux et je suis le seul à arborer un pavillon de courtoisie. Je suis donc le seul étranger présent sur le port.

Alors pour m’occuper je vais me balader en ville. Samedi j’ai marché toute la matinée pour me poser finalement dans ce bâtiment magnifique qu’est le Nou Casino La Constancia. Une antique bâtisse du plus pur style arabo-andalou, où on a l’impression d’entrer dans un hall de gare avec plein de tables et de chaises en bois blanc qui contrastent avec le décor chargé des murs et des plafonds. Un comptoir immense occupe toute la largeur du bâtiment et l’on y peut déguster un cafe con leche au milieu des vieux qui lisent leur journal. Sans parler du wifi qui est disponible dans quasiment tous les bars et les restaurants… Gratuit, bien évidemment.

El casino de la Constancia
On est loin des connections publiques françaises, délivrée au compte-gouttes et jalousement gardées par les opérateurs qui ne les offrent que contre abonnement… Ici, j’ai une connexion, j’en fait profiter tout le monde. Et il ne viendrait l’idée à personne de demander de l’argent en échange. Belle leçon de lutte antilibérale.

Une autre chose qui m’a étonnée, c’est l’absence totale de policiers en uniforme dans les rues. Je vous jure qu’au bout de deux jours j’ai commencé à vraiment les chercher, mais impossible d’en trouver ! Autant à Barcelone je me souviens qu’il y en avait pas mal, et de plusieurs polices différentes, mais ici je n’en n’ai aperçu aucun. Ca fait tout drôle… On se rend vraiment compte que la France est quasiment devenu un état policier puisque la moindre bourgade, le moindre village, a maintenant sa police municipale surarmée et arrogante au possible. Ici, l’absence de nervis assermentés me redonne comme un souffle que je croyais perdu à force de croiser des uniformes à chaque carrefour. Et ce n’est pas pour me déplaire je vous l’avoue. Même si malheureusement, on ne s’aperçoit que quelque chose vous pèse, qu’une fois qu’on s’en est libéré…
D’ailleurs, on pourrait se demander à quoi servirait une police, lorsque les gens vous disent bonjour sans vous connaitre, et que les voitures s’arrêtent pour vous laisser traverser au passages cloutés alors que vous faites seulement mine de regarder de l’autre côté de la rue… A Nice, non seulement les voitures ne s’arrêtent pas lorsque vous manifestez votre intention de traverser, mais si vous vous aventurez tout de même sur un passage clouté, vous prenez le risque de vous faire engueuler à coup de klaxons mais également celui de vous faire couper en deux !

Samedi soir, séance cinéma sur la Boiteuse. J’ai visionné « Chat noir, chat blanc » de Kusturica. Là je dis : « Attention, chef d’œuvre ! ». Je ne m’étais jamais vraiment intéressé au travail de Kusturica, et je le regrette profondément car ce type est un génie. Merci donc à Cazo de me l’avoir fait découvrir.

Dictionnaire pour marin...
Dimanche, après un arrêt à la Constancia, et une petite conversation via Skype avec notre amie Monique, je suis allé au marché qui se trouve non loin de l’église du monastère. Nous sommes le dimanche des Rameaux, alors évidement j’y ai croisé moult bigots la palme à la main, des enfants endimanchés et des petites vielles pomponnées. J’avais oublié que nous étions dans la très sainte et très catholique Espagne… Le marché en lui-même n’a rien de particulier. C’est une foire à tout et n’importe quoi, sauf des produits alimentaires. Des sacs, des vêtements, des chaussures… On trouve les mêmes dans toutes les villes de France.
Par contre, à ma grande surprise j’ai beaucoup entendu parler français autour de moi. Alors que je suis là depuis deux jours, immergé dans le castillano-catalan, voilà que soudain mes oreilles se trouvent agressées par une langue bizarre et néanmoins familière… Vite, fuyons !
Et je me retrouve à la terrasse de mon café désormais habituel, devant un zumo de naranja et une assiette de rondelles de calamars frites. Ne croyez pas, oh lecteurs perfides, que je m’empiffre et m’engraisse tout du long de cette escale. C’est juste que je trouve que la cuisine est une part importante de la culture d’un pays ou d’une région… Et comme la langue, il faut la pratiquer assidument pour en saisir la finesse… Ca va, j’ai l’air crédible quand j’écris ça ? Blague à part, la cuisine espagnole est succulente et pas chère, donc moi qui suis gourmand et paresseux, j’en profite.

Casa de Salvamento
Sur le retour j’ai fais un détour par la vieille Casa de Salvamento qui surplombe le port. C’est ici l’ancêtre de notre SNSM, du temps où l’on allait secourir les naufragés à la rame et à la voile. De ce promontoire j’ai regardé un moment quelques bolides se disputer autour de trois bouées, puis je me suis rentré à mon bord pour m’y consacrer à une habitude là aussi typiquement espagnole : La sieste.

Au réveil, petit tour au bar du Yacht Club pour vérifier mes messages et j’en profite pour rafler au passage le journal du jour. La Vanguardia est en gros l’équivalent du Figaro en France. Il y a même un supplément saumon ! De droite bien sûr, parce que je pense que j’aurais eu du mal à dénicher une gazette de gauche en un lieu pareil. Je m’y suis plongé avec attention, avec le dictionnaire à portée de main. Dictionnaire qui a très peu servit, je vous le dis au passage. (Non j’me la pète pas ! C’est vrai !).
A la Une, normal, une photo du match d’hier au soir entre le FC Barcelone et le Real de Madrid (1-1). A la page deux ils attaquent fort avec une double page sur le cinquantième anniversaire du débarquement raté de la baie des cochons à Cuba. Gros plan sur les pontes décatis d’un régime à bout de souffle et descente en flèche de l’utopie communiste (ce n’est pas moi qui le dit c’est la Vanguardia). On enchaîne sur David Cameron au Royaume-Unis en difficulté avec sa réforme de la santé, la montée du populisme en Finlande, la gauche catalane qui fait elle aussi des primaires, un petit rappel sur les amitiés entre l’ex-premier ministre  Aznar et Gadafi (c’est comme ça que ça s’écrit ici), et puis…
Polychromie...
Oh tien ! Une double page sur l’interview de Pilar Rahola qui publie « La repùblica islàmica de España ». Ici aussi, apparemment ils ont leur Zemmour, et c’est une femme… Plus loin, pareil une double page, une interview du ministre de la santé qui dit en gros qu’ils n’ont plus d’argent et que les soins seront moins bien remboursés et que c’est comme ça… Plus loin encore, je tombe sur DSK et ce que le FMI va être obligé de faire, ou ne pas faire, pour sauver l’Espagne de la banqueroute. L’Ibex qui se casse la gueule… Une grosse tartine sur les célébrations du dimanche des rameaux avec une interview du pape en personne… Re-Strauss-Kahn et la Grèce… Et on finit avec Zapatero qui fait des mamours au Chinois.

Bon ben… C’est pareil qu’en France quoi ! Le pays s’enfonce de lui-même dans la crise, désigne des coupables pour détourner l’attention et en profite pour placer des réformes ultralibérales au passage… Tout pareil qu’en France !

Bon, la prochaine fois j’essaye de piquer un journal de gauche...

20H00, je popotte une omelette jambon-fromage que j’essaye de faire ressembler à une tortilla, mais sans grande réussite. Lavage des dents et au lit avec ma lecture du moment, Le cimetière de Pragues d’Umberto Eco.

Il y a un siècle
Et c’est ainsi que ce termine un weekend à Sant Feliu. Demain, la parenthèse se referme et les préoccupations du voyageur redeviendront miennes. Vous voulez que je vous dise ? Ça m’a fait du bien de penser à autre chose pendant un moment… Je crois qu’il faut savoir s’arrêter et regarder un peu autour de soi de temps en temps. La tête dans le guidon, c’est bon pour les coureurs, pas pour les flâneurs. Eux, ils ont besoin d’avoir le nez en l’air et les yeux qui vadrouillent… Et je crois bien que je ne suis pas un coureur finalement.

vendredi 15 avril 2011

Breaking news

, f41°46.664N 03°02.135E
Port de Sant Feliu de Guíxols

Le coupable !
Salut les petits loups ! Bon, les choses se précisent. Cet après-midi j’ai eu la visite du patron de la Nautica, celui qui est français et qui s’appelle Damian. Nous avons pas mal causé et la première chose à faire est de vérifier pourquoi mes batteries ne se rechargent pas lorsque je suis au moteur. Donc, un mécano est venu tester l’alternateur (ou plutôt les alternateurs car j‘en ai deux), et après avoir constaté que celui qui était sensé recharger les batteries nécessaires au fonctionnement des instruments de bord ne fonctionnait pas (ça va ? Vous suivez ?), il l’a embarqué sous son bras et a promis de le réparer pour lundi.
L’avantage est que maintenant je sais exactement quoi sert à quoi ! Je veux dire que je sais quelle batterie alimente quoi. Et je peux vous dire que c’est un beau bordel… C’est fait en dépit du bon sens !

Donc, la Boiteuse et moi on va passer le weekend ici, à Sant Feliu. Au programme, découverte de la ville qui m’a l’air bien sympa et qui me rappelle Draguignan, la mer en plus. Dégustation de tapas. Mercado de domingo qui aura lieu dimanche. Et puis on va essayer de travailler mon castillano-catalan… Avec si possible un public féminin et accord.
Pour l’instant je fini de taper ces mots assis confortablement à la terrasse d’un café qui dispose ostensiblement devant ses clients une carte avec tous les tapas qu’ils proposent… Mmmm… Je crois que je vais me laisser tenter !

En revenant vers la ville j’ai eu le bonheur de croiser des habitants un peu bizarres… 

Mais qu'est-ce que...
Vu !!!















Un dortoir collectif ?














Vu toi aussi !
 Franchement, vous saviez qu'il y avait de perruches si prêt de la France vous ? On n'est qu'à 75 Km quand même... Ça donne à cette escale un avant de tropiques, vous ne trouvez pas ?