samedi 20 juillet 2013

Faux départ

34°26.602S 58°31.795W
Buenos Aires, Argentine

Je pense que cela n'étonnera pas grand monde si je vous dis que je ne pars pas aujourd'hui comme il était prévu. Oh je sais bien qu'il y en a qui rigole déjà derrière leur écran tellement ils étaient sûr que cela allait être le cas ! Mais que voulez-vous, depuis deux ans que je voyage et lorsqu'il s'agit de « grands » départs, je ne me souviens pas qu'il me soit arrivé de partir le jour et à l'heure dite !
Mais pour une fois, ce n'est pas ma paresse qui est responsable de ce sursis, mais la météo. En effet, la dépression que je comptais emprunter pour faire route se révèle un peu plus conséquente que prévue... Genre gros machin venu du pôle sud, avec des vents entre 30 et 40 nœuds. Le tout agrémenté d'un front froid comme rarement l’Amérique du sud n'en n'a rencontré. On attend même de la neige ici à Buenos Aires, ainsi qu'en Uruguay et peut-être aussi dans le sud du Brésil !


Donc, comme je n'ai pas particulièrement envie de me peler, ni d'en chier pour cette première navigation depuis quatre mois, j'ai décidé d'attendre une fenêtre un peu moins rustique. Je sais bien que la remontée ne sera pas une partie de plaisir, mais mon goût pour les navigations agitées est relativement limité comme vous le savez.

Je vais donc attendre que ce gros machin passe, et me glisser à sa suite comme une petite souris ! Ce qui a priori devrait se produire mardi ou mercredi prochain.
En attendant, je vais peaufiner mes préparatifs tranquillement, sans me prendre la tête... et essayer de ne pas tout faire à la dernière minute comme à l’accoutumé.

En attendant je vous remercie tous pour vos messages d'encouragement... Qui encore une fois tombe à l'eau !

La Boiteuse sur le départ

jeudi 18 juillet 2013

Adios Argentina !

34°26.602S 58°31.795W
Buenos Aires, Argentine

Dernières couleurs automnales avant longtemps
O5H15 du matin, je me suis encore levé trop tôt ce matin. La faute à une prostate de plus en plus présente et à une chatte envahissante. Griotte sur le clafoutis, l'internet est en rade depuis hier au soir, et l'électricité coupe par intermittence... Il fait nuit noire, il caille, c'est le moment idéal pour écrire quelques mots en profitant des deux heures de batterie qu'il me reste.

Mon séjour en Argentine touche à sa fin. Dans quelques jours, samedi ou dimanche, je vais reprendre ma route de navigateur solitaire vers des contrées plus chaudes. La Boiteuse est prête, autant qu'elle puisse l'être. J'ai enfin réussi à faire remplir mes deux bouteilles des gaz, et il ne me reste plus qu'à acheter quelques provisions de bouche et à faire mes formalités de sortie du territoire. Ensuite, ce sera Adios Argentina !

Ma première étape sera le port de La Paloma en Uruguay. Un port que je connais bien pour y avoir passé quelques semaines en janvier (et qui reste un de mes meilleurs souvenirs uruguayen). De là, j'attendrais la dépression qui sera à même de m'emmener le plus loin possible vers le Nord. En effet, dans ce coin-là les vents dominants sont orientés au Nord-Est presque toute l'année, et pour pouvoir remonter la côté Brésilienne il me faut donc profiter des perturbations venues du Sud. Ce qui entre parenthèse veut dire un temps de merde, avec pluie et vents froids... Mais bon, je n'ai pas le choix.

Poncif du jour : Le fric pourri tout
Mon séjour en Argentine se termine donc, et pour être tout à fait franc je pense en garder un souvenir en demi-teinte. Une espèce de sentiment mitigé fait à la fois de déception et de grand bonheur. Comment puis-je vous décrire cette impression... Bon, déjà pour commencer je devrais restreindre la portée géographique de mon jugement. Je ne connais de l'Argentine que la marina de Barlovento, San Fernando, Tigre, et je ne suis allé qu'une seule fois à Buenos Aires pour me promettre ensuite de ne plus y remettre les pieds. Je ne peux donc avoir une impression générale sur le pays tout entier. Ceci étant précisé, je n'ai globalement pas aimé cette escale. Voilà, c'est dit.
C'est trop grand, il y a trop de monde et la vie est extrêmement chère pour qui n'accepte pas, ou ne peut pas, jouer avec le marché noir des devises.
Cela dit, je me dois, à moi-même ainsi qu'à vous, de vous préciser qu'à un moment j'ai été obligé de changer mes euros au marché noir... Je n'ai pas eu le choix, puisque la marina a refusé que je les règle par carte bancaire alors qu'il était convenu dès le départ qu'il en serait ainsi. J'ai donc dû produire en peu de temps une somme rondelette en liquide... Bref, je l'ai fait et j'ai «économisé» pas mal de fric. Mais cela me reste en travers de la gorge et je n'en suis pas fier. J'en ai même plutôt honte pour tout vous dire.

Solitaire et seul de nouveau
Qui plus est, j'ai dépensé pas mal de pognon pour remettre La Boiteuse en état, des dépenses justifiées certes, mais qui avoisinent quand même les 7000 Euros. Mais malgré un coût globalement inférieur à celui que j'aurais pu rencontrer en Europe, je reste avec le sentiment de m'être fait prendre pour un con par tout le monde (le prix de la Grand-voile excepté, je tiens à le préciser).
De plus, je n'ai pas réussi à accrocher avec cette culture qui pourtant me parlait de loin. Le tango, les Mères de la Place de Mai, une vrai politique de gauche à l'échelle d'un grand pays... Tout ça m'est passé complètement à côté, masqué par l’incommensurable élitisme de mon environnement. Je ne m'y suis pas senti à ma place, et ce sentiment l'a emporté sur tout le reste. Sans parler de mon fiasco amoureux qui teinte cette période de mélancolie et de regrets...

Mais bon, je ne veux pas étaler ma rancune plus avant et devenir désagréable. Je vais donc arrêter de me plaindre. Mais toujours est-il que l'Argentine restera globalement un mauvais souvenir, et qu'il me tarde de quitter ces eaux boueuses et froides. Ce qui sera le cas à la fin de cette semaine comme je vous le disais plus haut.

Que vous dire d'autre ? Je vais tout de même regretter deux ou trois choses de ce pays. Mes amis Hughes et Caroline, Laurent avec qui j'ai eu des échanges particulièrement stimulants, la viande pas chère et de qualité.... et puis c'est tout. Pour le reste, il me tarde de tester La Boiteuse parée de ses nouveaux atours. Une quille propre et repeinte de neuf, une grand-voile semi-lattée, une nouvelle disposition des ris... Tout ça laisse présager un comportement de mon bateau bien différent, et j'ai hâte de voir ce qu'il a dans le ventre.

Une soirée de Tango...
Je reprends donc la route, pour la plus grande joie de certain de mes lecteurs j'en suis sûr. Je pars pour trois mois de navigation plus ou moins intensive et je ne m'arrêterais de nouveau qu'une fois les eaux chaudes et transparentes des Caraïbes atteintes... Ma vie commencera peut-être alors à ressembler à une croisière.

lundi 8 juillet 2013

Le paradoxe d'un voyageur

34°26.602S 58°31.795W
Buenos Aires, Argentine

Pas grand chose à vous raconter aujourd’hui. La Boiteuse flotte toujours ce qui est rassurant surtout lorsqu'on vient d'installer un nouveau sondeur et que l'on n'est pas très sûr de ce que l'on a fait. Mais apparemment j'ai fais les chose bien puisque pas une goutte d'eau ne semble franchir le passe-coque... Donc tout va bien.

La Boiteuse à sa nouvelle place. Hélas, trop loin de la rive pour que Touline puisse descendre.
La problématique de la journée va être de trouver un moyen de faire remplir mes deux petites bouteilles de gaz... Ce qui risque de ne pas être une mince affaire car le service qui se chargeait de ça à la marina vient de changer sa pratique et refuse de se déplacer pour des bouteilles inférieures à 10Kg... Mais ce n'est pas grave, je vais bien trouver un moyen. Peut-être même que la solution à mon problème viendra de mon nouveau voisin, qui n'est ni plus ni moins que l'Argentin que j'avais croisé à Agadir il y a un an et demi !

Sinon, et c'est ce qui m'amène vers vous aujourd'hui, je voulais vous signaler un article paru dans les Carnets de Grande Croisière et qui parle... de moi.
Bon, c'est assez intime et ça dévoile certaines choses sur mon passé que peu de gens connaissent, mais je pense que vous apprécierez la plume de mon ami Hughes. Et surtout sa délicatesse.
Comme il le dit si bien « Toutes les histoires de grandes croisières se ressemblent, chaque histoire de départ, au contraire, est singulière, à sa façon. ». La mienne est le résultat d'une souffrance, d'une mort et d'une renaissance. C'est une thérapie, une reconstruction, qui me mènera vers des rivages que je souhaite accueillants et salvateurs.
C'est le paradoxe d'un voyageur qui n'espère rien de moins que de cesser un jour de voyager.

Un pote un vrai, Hughes Bigo
Alors merci Hughes pour avoir su m'écouter. Cela fait un an que nous naviguons (presque) de concert, mais dans quelques jours je vais reprendre ma route vers le Nord et toi et Caroline vous allez descendre vers le Sud. Même si je ne peux vous souhaiter que le meilleur, j'ai quand même l'espoir qu'on se recroise un jour quelque part dans le Pacifique. De l'autre côté de ce gros bout de terre qui nous barre la route de l'Ouest et que l'on appelle Amérique du Sud.
Bon vent les amis !

vendredi 5 juillet 2013

Back to the water


Vroum vroum !

And now she fly !

Ready ?

Touch down !

Oui je sais, je suis un peu nostalgique de l'anglais ces temps-ci...


jeudi 4 juillet 2013

La Boiteuse change ses dessous !

34°26.602S 58°31.795W
Buenos Aires, Argentine

Une cabane dans les arbres :
Nous sommes le samedi et cela fait maintenant quatre jours que La Boiteuse vie perchée sur ses poteaux. Lorsque je me lève le matin, mon regard se porte sur les branches d'arbres à hauteur de vue, et j'ai comme l'impression de vivre dans une cabane. Une petite maison haut perchée. Un cocon douillet à l'abri des prédateurs. Un château fort dont il suffirait de relever l'échelle pour être à l'abri de tout... Tien, finalement ce serait peut-être une belle seconde vie pour un bateau que de se transformer en cabane.
En attendant, dès la nuit tombée et jusqu'au lever du soleil j'essaye de me faire discret sur le chantier. En effet, le règlement du club interdit formellement d'habiter dans son bateau lorsque celui-ci est en carénage... Une histoire d'assurance. Bon, en théorie j'aurais pu squatter chez Laurent, ou même me payer une petite chambre d’hôtel, mais franchement je n'avais absolument pas envie de laisser ma Boiteuse toute seule... Sans parler du coût supplémentaire infligé à une facture qui commence déjà à être pas mal salée... Et puis Touline ? Vous y avez pensé à Touline ?
Donc, je la joue dans le discret, le furtif. Avec l'appuie tacite des ouvriers qui ne sont pas dupes.

Allez, frotte !
La coque est entièrement décapée maintenant. C'est du bon boulot, et je ne regrette absolument pas l'argent dépensé. Il faut savoir admettre lorsqu'on n'est pas compétent, et laisser ça à d'autres dont c'est le métier. Par contre, le nettoyage de la coque à grande eau et au savon, ainsi que le bouchage des petits trous provoqués par l'osmose, je sais faire. Et c'est donc ce que j'ai fait le dimanche. Bon, je ne tiens pas à être trop technique parce que je sais que cela vous gonfle (l'audience de mon dernier article a été une catastrophe), mais il faut quand même que je vous touche deux mots de l'osmose.
L'osmose est une réaction chimique naturelle chez les vieilles coques en polyester, genre métastases cancéreuses. C'est le genre de truc vicieux qui, s'il n'est pas surveillé, peut transformer votre joli bateau en plastique, en jolie passoire en plastique. Heureusement, La Boiteuse est à peu près saine. Les bulles d'osmose du safran que l'on m'avait signalées lors de son achat n'ont peu ou pas évoluées, et le reste de la coque est pratiquement indemne. Cela dit, lorsque je vois l'épaisseur de la coque, je me dis que j'ai de la marge...
Car en effet j'ai eu l'occasion de vérifier que le constructeur de mon Konsul 37 n'a vraiment pas lésiné sur le matériau. Comment j'ai pu faire ça ? Et bien en faisant un trou dans ma coque tout simplement !

20 mm !
Bon, je ne connais pas un seul propriétaire qui n'appréhende pas de devoir faire des trous dans son bateau. C'est comme ça. On a peur de mal s'y prendre, que l'eau rentre où je ne sais quoi, mais toujours est-il que ça fout les jetons. Mais là, je n'avais pas vraiment le choix. Car il faut quand même que je vous rappelle que depuis Sète, La Boiteuse navigue sans sondeur... Et ça, craint du boudin. Mais tout va bien maintenant puisque me voilà doté d'un tout nouveau sondeur, un Raymarine ST 40. Avec lui je vais pouvoir mouiller mon bateau sans à avoir à courir à l'avant avec ma sonde à main (un plomb au bout d'une corde à nœuds) pour mesurer combien d'eau j'ai sous la quille !

Le nouveau sondeur, qu'il ne reste plus qu'à programmer

La ligne de flottaison a été rehaussée de 10 cm
C'est mardi que j'ai attaqué la peinture... Tout d'abord une couche de primaire époxy pour l'accroche et le traitement préventif de l'osmose, puis trois couches d'antifouling. J'ai choisi un Hempel Olympic, un antifouling à matrice dure. Bon, en même temps je n'ai pas eu trop le choix, puisque l'autre option (un érodable de chez International) m'aurait coûté le double. En plus ces abrutis de chez International n'acceptaient que du cash... Et ne l'avait pas en rouge !
Car oui cher amis, je tenais à ce qu'une certaine harmonie se dégage de ma Boiteuse. Un fond blanc (Ok, on va dire blanc sale) et du rouge un peu partout. Le liseré, la capote, le lazybag, l'ancre et même jusque sous la ligne de flottaison ! Du rouge ! Du rouge ! Du rouge !

La première couche d'époxy
Le résultat, est je dois bien vous l'avouer, au delà de mes espérance. Mon bateau à repris des allures de jeune fille, et je gage qu'avec sa nouvelle Grand-voile et sa coque toute lisse, nous allons pouvoir, elle et moi, établir des records de vitesses lors de la remonté vers le Nord.

Et voilà !
Allez, je voulais attendre d'avoir quelques photos du retour de La Boiteuse dans son élément pour publier cette article, mais je sens bien qu'à l'autre bout du web, vous trépignez d'impatience. Alors on va s'arrêter là pour aujourd'hui. Ensuite, je vais allez rendre visite à mes copains les douaniers pour leur signifier que les travaux sont finis. Et demain, si la pluie ne s'invite pas à la fête, on retourne à notre place !

C'est la touche finaaaaale


Chuis tout fier !