vendredi 27 septembre 2013

Elle va me rendre dingue... (4)

34°57.786S 55°16.183W
Piriápolis, Uruguay

Prison Break
Je croyais cette série d'article sur Touline bel et bien terminée, mais comme vous pouvez le voir ce n'est pas le cas puisque nous en sommes à l'épisode quatre. Et si je reviens vers vous c'est pour vous dire que Touline a eue, comment dire... une complication suite à son accident. Ouais, on va appeler ça comme ça : une complication.

Touline c'est globalement bien remise de sa fracture, ne gardant qu'une espèce de gène au niveau du bassin. Genre stylo dans le cul quand elle marche, si vous voyez ce que je veux dire. Cependant au bout de quelques jours un abcès est apparu sur sa queue, conséquence probable d'une fracture qui n'était pas apparue lors des radios. La pauvre avait beau passer sont temps à lécher sa plaie, celle-ci ne se refermait pas... Pire, au fur et à mesure que le temps passait, cela devenait de plus en plus douloureux pour elle et sa queue se rigidifiait.

Je m'en suis ouvert à quelques amis qui m'ont conseillé de ne pas laisser traîner ce genre de chose, et avant-hier je me suis donc rendu chez le vétérinaire. C'était quelques jours avant sa visite de contrôle de toute façon. Ce n'est pas Gimena qui m'a reçu, mais son associée, Carina (ouais je sais, j'ai pas de bol), et à peine avait-elle jeté un œil sur la queue de la pauvre bête qu'elle s'exclame : ¡Se necissito de cortarla!.
Là, j'ai compris tout de suite ce qu'elle voulait me dire, surtout qu'avec les doigts elle faisait un geste sans équivoque. En fait, pour tout vous dire je m'en doutais déjà un peu... Mais se l'entendre dire c'est quand même tout à fait différent.

Quand est-ce qu'on rentre ?
Donc voilà, hier matin je suis allé récupéré ma Touline à la clinique. Elle était dans une grande cage, allongée à surveiller du coin de l’œil un chien qu'on venait d'opérer. Dès qu'elle m'a vu elle a littéralement sauté en l'air pour se précipiter contre les barreau en miaulant. Elle semblait heureuse de me voir, et moi j'étais pas peu fier de susciter chez elle ce genre d'engouement. Parce que vous connaissez les chats, leurs élans affectifs sont quand même à géométrie variable. Cela dit, j'ai trouvé qu'elle avait une sacrée touche avec sa collerette et son petit moignon couvert d'un pansement rose, et malgré moi je n'ai pas pu m'empêcher de me moquer un peu d'elle !

C'est quoi ce bordel !
Après un petit détour par le supermarché, et donc une promenade en caddie, nous sommes rentrés au bateau et la première chose que j'ai fait c'est de lui enlever cette collerette. A mes yeux, et à la voir déambuler sur le pont avec ce machin, j'ai jugé qu'elle courrait beaucoup plus de risque de tomber à l'eau que de se gratter le moignon. Et j'ai eu raison. Touline semble s'être remarquablement bien adapté à sa nouvelle condition d'anoure (Je suis Grand Maître des Mots Croisés Force 7, je vous le rappelle), sautant dès qu'elle en eu l'occasion sur les bateaux voisins pour faire sa ronde et contrôler son territoire. Je dirais même qu'elle semblait plus à l'aise qu'avant, comme soulagée d'un poids mort si je puis m'exprimer ainsi.

Bon, plus tard dans l'après-midi elle a fait la bêtise de glisser son moignon de queue juste sous mon pied... Ce qui fait que le joli pansement rose s'est barré assez vite dans un hurlement réprobateur. J'ai bien essayé de lui en re-bricoler un avec mes petits doigts et la pharmacie du bord, mais ce fut peine perdue. A moins de l'anesthésier complètement, c'est le genre de mission qui requière au moins quatre personnes, toutes équipées de combinaisons intégrales, et je n'avais pas ça sous la main...
La nuit a été, allez comprendre pourquoi, un tout petit peu plus compliquée. Pendant ce qui m'a semblé des heures, Touline c'est ingénié à vider systématiquement toutes mes étagères, avant que d'en trouver une à son goût... et de s'y installer. Elle était là, allongée, les yeux grands ouverts à me fixer intensément pendant que j'essayais tant bien que mal de lire. C'était flippant, et je vous avoue que pendant un moment j'ai crains pour ma vie...

Je sais, ça fait froid dans le dos.

Mais bon, ce matin tout semblait bien aller. Elle est redevenue affectueuse et alerte comme avant et ne semble plus me tenir rigueur de quoi que ce soit.

Quoi ? Y'a un souci ?
J'espère sincèrement qu'on va s'arrêter là avec les émotions fortes, et que l'on va pouvoir commencer à penser quitter cet endroit. J'aime bien Piriápolis, mais je dois avouer que cette escale commence à être un poil pesante en ce qui concerne les accidents et autres imprévus. Mes problèmes de carte bancaire sont maintenant résolu, je vais donc pouvoir m'atteler à régler quelques petits problèmes en rapport avec le bateau. Oh, rien de bien grave rassurez-vous, mais j'ai laissé traîner deux ou trois bricoles que je dois absolument solutionner afin de rendre La Boiteuse complètement opérationnelle. J'ai notamment un gros souci avec mon GPS qui n'arrive plus à trouver ses satellites... Je pense qu'il va falloir que je lui achète des lunettes.

Ah oui, j'oubliais un truc... Figurez-vous qu'en faisant le poireau chez le véto, j'ai rencontré un Argentin avec qui j'ai sympathisé et qui m'a offert un joli maté dédicacé pour La Boiteuse !
Ça fait que j'en ai trois maintenant... Va falloir que j'arrête un peu avec les souvenirs, parce que si ça continue, La Boiteuse ne sera plus assez grande pour entasser tout ça !

Spéciale dédicace !

J'ai l'air fine moi....

Le premier qui rigole, je lui pète la gueule.

mercredi 25 septembre 2013

Do you speak l'étranger ?

34°57.786S 55°16.183W
Piriápolis, Uruguay

Salut les gens ! Bon, je vous préviens tout de suite, je n'ai pas grand chose à vous raconter de nouveau. L'équipage se remet tout doucement, à grand coup de roupillons, et le temps s'étire lentement en ces premiers jours de printemps. Dehors, il fait toujours froid... et a priori ça va être comme ça jusqu'en novembre. Donc, que peut faire un marin-blogueur-solitaire lorsqu'il fait un temps à rester bien au chaud à l'intérieur de son bateau ? Hein ? Et bien il réfléchis. Il gamberge. Il essaye d'ordonner ses pensées et de les transcrire avec des mots... Bref, il essaye tant bien que mal d'écrire. Et si possible sur des sujets susceptibles de vous intéresser, vous mes lecteurs. Que vous soyez en train de siroter un cocktail dans les Caraïbes, ou bien assis derrière votre écran à vous emmerder comme des rats morts pendant vos heures de boulot. *

Aujourd'hui, je voulais vous parler d'un sujet qui, bizarrement, est peu souvent abordé dans la blogosphère de voyage : Les langues étrangères. Sans blague, si vous lisez d'autres blogs (Vous avez le droit !), on a l'impression que tous les voyageurs sont de parfaits linguistes, ou bien que tous les autochtones rencontrés sont diplômés dans la langue de Molière ou encore qu'il s'agit là d'un non-sujet. Personne ne parle de la galère que cela peut être, le plaisir aussi, de communiquer avec son entourage au quotidien dans une autre langue que la sienne...
Et pourtant, je puis vous l'assurer, la langue du pays dans lequel je me trouve est probablement la chose qui me préoccupe le plus au quotidien. C'est même carrément LE sujet le plus important car une fois que je mets le nez en dehors de mon bateau c'est par le biais du langage que j’interagis avec ce qui m'entoure et par là même que j'existe.

Durant mes études, je n'ai jamais été un foudre de guerre concernant l'apprentissage des langues. Dès l'entrée en sixième j'ai été « programmé » pour étudier les sciences et je voyais ça plus comme un bon moyen d'obtenir des points supplémentaires au bac que pour ce qu'elles étaient. Je ne me doutais pas que cela me serait à ce point utile plus tard. Ou plutôt inutile devrais-je dire... Car franchement, ce n'est pas avec la façon dont les langues sont enseignées dans notre système scolaire français que l'on peut espérer sortir bilingue à l'issue de la terminale... Mais bon, là n'est pas le sujet. Ce que je veux dire c'est que je croyais me débrouiller en anglais et en espagnol jusqu'à mon départ. Je proclamais même sans vergogne maîtriser ces deux langues dans mes CV, c'est vous dire que je ne doutais de rien.

Lui, il a un drôle d'accent !
C'est lorsque j'ai commencé à voyager que je me suis vraiment rendu compte de l'étendue de mes lacunes dans la pratique des langues étrangères. J'étais vraiment, mais vraiment, une quiche aussi bien en anglais qu'en espagnol. Je ne compte plus les kilomètres que j'ai dû me taper à pied pour trouver un lieu spécifique, tout ça parce que je n'osais et/ou ne savais pas demander mon chemin... Je me souviens également de quelques soirées au bar de la marina de Jacaré où une dizaine de nationalités conversaient entre-elles via la langue de Shakespeare, et de moi complètement perdu au milieu de tout ça... Je comprenais à peu près ce qui se disait, mais mes impérities m'empêchaient de participer à la discussion générale.

Heureusement, depuis deux ans et demi les choses ont changées. Et si elles ont changées, c'est parce que je n'ai pas trop eu le choix. Être seul à bord, vous oblige si vous voulez un semblant de vie sociale à vous adresser aux autres. De plus, comme je supporte moyennement de passer pour un con lorsque je m'adresse à un commerçant pour obtenir quelque chose, j'ai donc dû faire des efforts. Vous avez beau croire que ce n'est pas le cas, mais je vous assure que si. Le coup de mimer le truc, ou de faire des petits dessins sur un bout de papier, ça peut être rigolo au début, mais ça devient vite lassant.

Tout ça pour vous dire que sans être devenu parfaitement trilingue, par la force des choses je maîtrise à présent deux langues en plus de la mienne, l'anglais et l'espagnol. De plus, je baragouine un portugais pas trop dégueu mais on va dire que ça compte pas, parce que dans ma tête ce n'est en fait que de l'espagnol « adapté ». Du portugnol comme on dit par ici.

Bon, je ne suis pas là pour me décerner un satisfecit mais pour vous parler de ce que c'est que d'être immergé complètement dans un environnement où le français est complètement absent. Et bien comme je vous l'ai dit, c'est à la fois un plaisir et une galère.
Le plaisir est celui d'être compris et de se faire comprendre malgré la différence. Vous avez l'impression de franchir un pont vers la personne avec qui vous parlez. Vous faites montre de respect, en même temps que vous étalez votre science ce qui n'est pas négligeable pour votre ego. En règle générale dans les pays que j'ai parcouru jusqu'à présent, l'étranger qui fait l'effort d'aligner quelques mots est perçu avec gentillesse et mansuétude. Surtout lorsque vous vous montrez humble et que vous prenez la précaution de commencer votre discours en disant « Je m'excuse, mais je ne parle pas très bien votre langue », et que vous enquillez ensuite avec quelques phrase pas trop mal foutues. L'interlocuteur vous pardonnera par la suite toutes les fautes que vous pourrez faire, et votre accent à couper au couteau. L'effet est garanti !
En résumé, si vous faites un premier pas vers les autres, ceux-ci se feront un plaisir d'en faire un vers vous.
Mais même si cette démarche peut vous sembler évidente, elle ne l'est pas forcément pour tout le monde. Je me souviens à quel point j'ai pu être choqué par ces deux couples de retraités français croisés au détour d'un ponton lors de mon premier passage en Uruguay. Ces personnes vivaient en Uruguay depuis trois ans et avaient décidé sciemment de ne jamais apprendre l'espagnol pour ne pas, je cite : « être emmerdé »... Oui je sais, ça laisse pantois.

Hablas castellano ?
La galère est cependant quotidienne. Car même si votre interlocuteur fait des efforts pour vous comprendre, il n'est en rien responsable de vos propres incuries. Par exemple, j'ai beau pratiquer la langue depuis plus d'un an et demi, il y a des mots que je n'arrive toujours pas à retenir. Je pense au verbe « monter » par exemple... Celui-là, dès que j'en ai besoin il disparaît comme par enchantement, pourtant je sais très bien que c'est « subir ». Mais non, ça veut pas rentrer.
De même, vous n'êtes pas à l’abri des accents et des particularismes régionaux... Par exemple l'espagnol Argentin ou Uruguayen se distingue pas mal du castillan, qui lui-même ne se prononce pas de la même façon que vous soyez en Catalogne, en Andalousie ou aux Canaries... Bref, il faut s'adapter en permanence au fil des déplacements et repérer assez vite ce qui change dans la façon de prononcer les mots. Et ça, c'est compter sans les accents locaux qui parfois vous empêchent de comprendre votre interlocuteur. Ou encore, et là c'est le pire parce que vous le sentez venir, lorsque la personne à qui vous parlez se sent tellement en confiance qu'elle oublie que vous êtes étranger et commence à parler « normalement ». C'est à dire avec un débit digne d'une mitrailleuse. Là, vous avez l'impression d'être sur une luge qui prend de plus en plus de vitesse ! Ça accélère, ça accélère... Et puis il arrive le moment où vous vous crashez lamentablement. Vous hissez le drapeau blanc et vous dites stop ! Más lento por favor !

Et puis il y a des périodes de la journée ou c'est plus facile. Le matin en ce qui me concerne. Je me souviens qu'avec Zoë, j'étais capable de trouver mes mots en anglais très facilement dès le jour levé, et que cette capacité déclinait au fur et à mesure que la journée s'étirait. Pour finalement me retrouver dans l'incapacité de comprendre ou de dire quoi que ce soit dans la soirée... Et je ne vous parle pas du mal de crâne ! Mais bon, cela passe avec le temps.

Pour finir je voudrais répondre à deux questions que je me posais il y a très longtemps et qui ont trouvé réponse depuis. Tout d'abord, malgré mon immersion je n'en suis pas venu à « penser » en espagnol ou en anglais. Je crois que cela n'arrive jamais en fait. Mes pensées conscientes sont et seront toujours dans ma langue maternelle car mon cerveau s'est construit autour de ce langage, et je doute qu'à mon âge cela change.
Ensuite, il n'y a pas longtemps, alors que je buvais mon café matinal en fumant ma clope, je me remémorais la conversation que j'avais eu avec je ne sais plus qui, au sujet de je ne sais plus quoi (à la limite on s'en fout un peu, car là n'est pas le sujet). Je me remémorais cette conversation donc, et j'ai soudain réalisé que les souvenirs que j'en avais étaient en français, alors que j'avais eu cette conversation en espagnol... Bon, je ne suis pas expert en science du langage, mais j'ai appris depuis que cela était tout à fait normal. C'est à cause, et là attention j'ouvre les guillemets :

« l'aire de Wernicke et l'aire de Broca. La première nous permet de comprendre les langues et la deuxième sert à s'exprimer oralement dans une ou des langues. Le fonctionnement de ces deux aires est différent. L'aire de Broca crée un espace spécifique pour chaque langue alors que celle de Wernicke ne fait aucune différenciation ».


En clair, les souvenirs des conversations que j'ai, et qu'ils soient en français, en anglais, en espagnol ou en portugais, s'adressent à mon aire de Wernicke, et pour elle c'est kifkif (oui, ça marche aussi avec l'arabe). Voilà, vous comme moi on aura appris quelque chose aujourd'hui.

Allez, je vais vous laisser réfléchir à tout ça. Pour ma part je vous avouerais que ce constat me laisse quand même assez perplexe. Car en effet, j'ai un peu de mal à m'imaginer continuer mon voyage dans une sphère linguistique inconnue... Et puis j'ai le souvenir de Zoë (oui, encore elle) incapable de prononcer un mot en espagnol, complètement perdue et isolée dans un pays où les gens ne parlent pas souvent anglais. Elle l'a très mal vécu, et elle m'a fait prendre conscience de l'importance qu'il y a à communiquer avec les gens. De cette chance que j'avais de pouvoir le faire...

Ce qui m'amène a vous faire ici la promesse (en fait je me la fais à moi-même et je vous en fait les témoins), de m'appliquer à parler la langue du pays dans lequel je vis. 

Sinon, à défaut de trouver quelqu'un à qui parler, je risque de me faire chier grave.


* Mes statistiques m'indiquent que mes visiteurs sont plus nombreux aux heures ouvrables... Vous en tirez les conclusions que vous voulez.

lundi 16 septembre 2013

Du grand n'importe quoi

34°57.786S 55°16.183W
Piriápolis, Uruguay

Depuis que j'y navigue, je n'arrête pas de le dire : Au niveau météorologie le Rio de la Plata c'est du grand n'importe quoi. La Méditerranée à côté c'est le lac de Constance !
Il vous est impossible de prévoir au delà de deux jours le temps qu'il va faire. Et encore, vous avez de grandes chances pour que ce qui a été prévu n'arrive pas. Ou alors arrive plus vite et plus fort que prévu. Bref, je vous l'ai dis, c'est du grand n'importe quoi.

Si je vous parle de ça, c'est que depuis la fin de la semaine dernière l'Uruguay est en alerte rouge pour les inondations rapport à un coup de vent venu du Sud chargé en gros nuages plein d'eau. On attendait des vents à plus de 100 Km/h, trois mois de pluie en quelques heures. Bref, la fin du monde. Sauf que la grosse tempête annoncée c'est dégonflée (la lâche!) pour se révéler n'être qu'une perturbation sans grandes conséquences. Si, quelques rivières ont bien débordées, mais rien à voir avec l'apocalypse annoncée.

Et lorsqu'on annonce la fin du monde, que croyez vous que fasse le marin solitaire ? Hein ? Et bien oui, c'est ça : Il se transforme en sous-marinier solitaire. C'est à dire qu'il fait le plein de provisions et il se calfeutre. Il double ses amarres, s'éloigne le plus possible du quai en béton-qui-fait-mal et ferme les écoutilles. Et c'est ce que j'ai fais depuis jeudi. Je n'ai pas mis le nez dehors depuis quatre jours, attendant que ça passe.
Vous allez me dire que quatre jours enfermé au chaud, avec le wifi et de la bouffe, il n'y a pas vraiment de quoi pleurer sa mère... Et vous aurez raison. Moi je suis assez casanier comme type, et ce genre de challenge ne m’effraie pas plus que ça. Je vais même vous dire, j'aime assez finalement.

Sauf que... Alors que vous avez prévu de la bouffe pour cinq jours parce que les prévisions météo vous ont dit que tout ça allait finir au plus tard mardi, vous vous rendez compte que finalement c'est pas fini ! Et même que ça va être plutôt pire !

Non mais franchement, regardez-moi un peu ce qui nous arrive ! 


Bon, ce matin je suis allé me réapprovisionner vite fait. Et puis je me suis re-transformé en sous-marinier. D'après les fichiers, tout ça devrait se calmer d'ici jeudi... Mais rien n'est moins sûr car, souvenez-vous de ce que j'ai dit, la météorologie dans le Rio de la Plata c'est du grand n'importe quoi !

mardi 10 septembre 2013

Elle va me rendre dingue... (3)

34°57.786S 55°16.183W
Piriápolis, Uruguay

Comme je le disais il n'y a pas si longtemps, ma vie n'est pas toujours faite d'escales magiques et des rencontres fabuleuses. Loin s'en faut même. Entre moi qui me fait une entorse et Touline qui disparaît, on peut dire que l'équipage de La Boiteuse est un peu mis à contribution ces temps-ci. Mais bon, comme disent les américains : C'est la vie.


Comme vous le savez Touline est réapparue vendredi. J'étais à fumer ma cigarette d'après repas de midi, vous savez celle que l'on savoure peut-être un plus que les autres, lorsqu'un faible miaulement a attiré mon attention. Touline était là, sur le quai face à la proue de La Boiteuse. Je me suis précipité le cœur battant, pour tirer sur les amarres et rapprocher le bateau afin qu'elle puisse sauter, mais j'ai bien vu qu'elle en était incapable.
Ça va pas...
La pauvre ne payait pas de mine... Elle avait un paquet de toile d'araignée sur le visage, et lorsque je l'ai saisie je me suis vite rendu compte qu'elle avait perdu énormément de poids. Je sentais ses os sous ma main, sa colonne vertébrale saillait comme celle d'un cadavre sur patte. Elle miaulait de joie, mais également de douleur. Ce qui m'a le plus surpris sur le moment, c'est que contrairement à la dernière fois, elle ne s'est pas précipité pour manger, ni boire... Bref, elle n'allait pas bien du tout.

Le lendemain samedi, j'ai cru discerner chez elle un regain de vivacité. Elle a mangé quelques croquettes, bu quelques lampées d'eau fraîche, mais je sentais bien que ce n'était toujours pas la grande forme. Elle se déplaçait avec peine, je devais la porter pour qu'elle puisse grimper les quatre marches de la descente... Le pire était ces grondements sourds qu'elle avait de temps en temps (même sans que je ne la touche). Ces grondements qui me retournaient l'estomac.
Elle souffrait, c'était évident. Mais comme de temps en temps elle semblait allait mieux, j'ai décidé d'attendre pour voir comment les choses allaient évoluer... Mais hélas, au soir elle était amorphe et intouchable. J'ai veillé autant que j'ai pu, retardant l'heure du coucher afin de garder un œil sur elle... Mais je ne vous cache pas qu'au moment de me mettre au lit je n'étais pas très sûr de la trouver vivante au matin.

Faut y aller maintenant !
Mais non, le lendemain Touline était bel et bien vivante. Pas vaillante, mais vivante. Je ne savais vraiment pas quoi faire... Et pourtant il fallait bien que je fasse quelque chose. Je pensais sincèrement attendre la fin du weekend pour l'emmener chez un vétérinaire, mais vu son état il me fallait agir.
Nous étions dimanche, et probablement que les vétérinaires devaient être fermés. J'ai donc enfermé Touline et suis allé en ville pour faire la tournée des cabinets. Ils était tous fermés, et un seul d'entre eux acceptait les urgences le dimanche. De retour au bateau, j'ai encore réfléchis. J'oscillais entre me dire : Mais non, ça va aller. On pourra y aller demain... Et l'envie de remuer ciel et terre, même un dimanche.
Et puis en entendant un de ses énième grondement de douleur je me suis décidé. On y va.
J'ai appelé un taxi, et vingt minutes plus tard une charmante vétérinaire prénommée Gimena venait m'ouvrir.

Nous sommes ressortis Touline et moi, une heure plus tard. Elle ressentait les effets de son injection d'anti-inflammatoire, et moi j'étais un poil rassuré. D'après Gimena (oui, on s'appelle par nos prénoms maintenant et en plus elle me fait la bise quand elle me voit), sa vie n'était pas en danger. Elle avait reçu un choc (voiture?), et c'était terrée quelque part le temps de trouver assez de force pour rejoindre sa maison. Maintenant il fallait attendre de faire une radio avant de se prononcer plus avant.

C'est le côté droit qui est touché
La radio nous l'avons fait ce matin. Verdict : Fracture du pelvis.
Là, quand j'ai vu cet os sensément plat et large former une pointe agressive, j'ai pris un coup derrière les oreilles. J'ai demandé à la véto ce qu'il fallait faire et celle-ci m'a répondu, rien. Il n'y a rien à faire. Bien sûr on pourrait toujours opérer, mais une intervention est toujours délicate lorsqu'il s'agit du bassin, sans parler des risques d'infection, et le fait qu'il me faille probablement aller à Montevideo pour ça. Bref, c'est compliqué et les résultats ne sont pas garantis.
Regarder les bateaux et ne plus pouvoir monter dessus...
Alors que si on laisser faire, l'os va se ressouder de lui même et puisque la tête du fémur est toujours dans son logement (z'avez qu'à regarder, on voit bien que l'articulation n'est pas touchée), Touline devrait pouvoir retrouver une grande partie de sa mobilité...
Une grande partie, c'est quoi exactement ? Elle va boiter ? Elle pourra de nouveau sauter et courir ? Les questions se bousculent dans ma bouche, hachées qu'elles sont par l'émotion et mon espagnol devenu soudainement hasardeux. Gimena me regarde, elle sent bien que j'ai besoin d'être rassuré. Mais c'est une fille honnête, alors elle me répond qu'elle n'en sait rien. Qu'il faut attendre.

Alors c'est ce qu'on va faire. On va attendre. Touline va être gavée de calcium, et d'ici vingt jours on va refaire une radio pour voir si la fracture s'est réduite. D'après ma désormais vétérinaire attitrée, tout devrait bien se passer...

Ouais, moi je l'aime bien Gimena, mais je ne peux pas m'empêcher de me faire du souci pour ma Touline... Je sais déjà qu'elle ne sera plus comme avant. Sans doute sera t-elle moins téméraire (quoique, c'est même pas sûr), moins aventureuse (là encore je demande à voir)...
Ce qui est sûr par contre, c'est que jamais la Boiteuse n'aura moins mérité son nom puisqu'elle aura désormais à son bord deux estropiés.

J'attends la radio...
Addenda :

J'ai complètement oublié de vous narrer un truc ! Figurez-vous que le dimanche après midi, après avoir été requinquée par ses médicaments, la Touline c'est piquée de vouloir aller faire un tour sur le pont... J'étais en train de faire quelque chose sur mon ordinateur lorsque soudain j'entends splach !
Elle était tombée à l'eau cette conne !
Je ne sais pas comment elle a fait son compte, mais je suppose qu'elle a voulu rejoindre le bateau d'à côté... et s'en est trouvée incapable.
Heureusement pour elle j'ai l’ouïe fine. Je l'ai récupéré avec l'épuisette, la même qui lui sauva la vie dans l'Atlantique et qui aura plus servi à attraper des chats que des poissons !
Ce qui nous amène au chiffre officiel de 35 bains forcés pour Touline. En deux ans (son anniversaire était la semaine dernière), ça fait quand même beaucoup...


vendredi 6 septembre 2013

Elle va me rendre dingue... (2)

34°57.786S 55°16.183W
Piriápolis, Uruguay

Où as-tu été fourré ton nez toi ?
Je jette sur l'écran quelques mots vite fait pour vous rassurer : Touline est rentrée en début d'après midi saine et sauve après avoir disparue pendant six jours !

Enfin sauve c'est certain, mais saine c'est moins sûr. La pauvre est maigre comme un clou et souffre de plusieurs blessures visibles et invisibles. Pour l'instant elle refuse de s'alimenter, mais j'ai quand même eu droit à un câlin et quelques ronronnements. Ce qui me laisse à penser que tout ne va pas si mal.
Pour l'instant je la laisse se reposer, mais si demain elle n'a pas repris du poil de la bête, je l’emmènerai chez le vétérinaire.

A côté de Papa
Nul ne sait où elle était, et comment elle est revenue... A voir sa tête recouverte de toiles d'araignées, les croûtes sur son visage, j'avoue que je me perdre en conjonctures... Mais bon, elle est là maintenant et moi je revis !

Ce qu'il y a de drôle, c'est qu'elle est réapparue exactement dans les mêmes circonstances que la dernières fois. C'est à dire quelques heures à peine après que je me sois démené pour faire imprimer des affiches et les avoir collé un peu partout... Vous croyez que si je fais ça plus tôt la prochaine fois, elle reviendra plus vite ?

Oui je sais, elle a une sale gueule...

Elle va me rendre dingue...


Là, ça commence à bien faire... La dernière fois qu'on l'a aperçue, c'était lundi matin. Depuis, nada.
Demain je commence le collage d'affiche.

mardi 3 septembre 2013

Une petite vidéo ?

34°57.786S 55°16.183W
Piriápolis, Uruguay

Entre deux coups de vent qui vous cloîtrent à bord tel l'inuit moyen dans son igloo tellement la température devient glaciale, il nous arrive de bénéficier de belles journées ensoleillées. Le thermomètre dépasse alors les 25°C, on tombe alors les polaires, et l'on se risque même à virer les chaussettes...
D'autres profitent également de l'embellie. Nageant paresseusement près de la surface, les otaries font le tour des bateaux à la recherche de je ne sais quel aubaine. Plongeant parfois sous les coques sales pour se gratter la couenne, lorsqu'elles émergent elles soufflent comme des baleines enrhumées. A ce bruit si caractéristique, j'émerge à mon tour des entrailles de La Boiteuse pour les admirer, appareil photo au poing.
La bête est farouche... Mais parfois elle se laisse filmer. En voici une. Un gros mâle bien costaud.
Bon, après je n'avais pas spécialement prévu de vous raconter des trucs... alors c'est sûr que la fin de cette vidéo que je vous propose, est beaucoup moins intéressante !