lundi 30 novembre 2015

Bilan de mi-travaux et attaque de blattes zombies

10°40.788N 61°37.257W
Carenage Bay, Trinidad

Demain mardi, cela fera quinze jours que La Boiteuse trône sur le chantier de la Trinidad & Tobago Sailing Association. Et quand je dis qu'elle trône, ce n'est pas juste une image. Car avec ses onze mètres et ses six tonnes, c'est le bateau le plus imposant du lieu.

La vue du balcon est jolie, mais Touline s'en fout
En quinze jours, sans pour autant avoir bossé comme un dingue (faut pas pousser tout de même), les choses avancent doucement, mais avancent tout de même. J'ai tout d'abord installé le nouveau panneau solaire. Avec ses 140 Watts, il alimente parfaitement le nouveau frigo de 50 litres qui m'a été livré par erreur à la place du 40 litres prévu initialement. Et pour le même prix ! Par contre, l'annexe que j'ai commandé au États-Unis n'ai toujours pas arrivée... Ce sera normalement pour début décembre.

La quille est poncée (pas par moi, j'ai payé quelqu'un pour réaliser cette corvée), mais j'attends que le safran soit réparé pour passer l'antifouling. Je n'arrive pas à démonter l'arbre d'hélice, ce qui fait que je n'ai pas pu pour l'instant changer la bague hydrolube. L'inverseur lui, est toujours chez le mécano... et on galère à trouvé la pièce qui fait jonction avec le tourteau. Si en fin de semaine on ne trouve pas, il va falloir que je sorte 1000 US$ pour en faire fabriquer une neuve. Mais il semblerait par contre que l'on ait trouvé le caoutchouc (bumper) correspondant quelque part en Allemagne ! Comme quoi, il y a lieu de se réjouir quelque part.

Si j'utilise le « on », c'est parce que j'ai complètement délégué les problèmes moteurs à Marc de chez Dynamite. Franchement, je commence à en avoir un peu plein le cul de ce bourrin, et je ne peux pas me faire du souci pour tout parce que sinon je vais crever avant l'âge. Donc, je délègue.

Bernard au travail
Sinon, on a pas mal galéré avec Bernard pour installer les toilettes. Moi qui avait toujours trouvé incongru le choix de l'ancien propriétaire d'opter pour un WC chimique, je comprends mieux maintenant pourquoi ! La configuration du bateau est telle, qu'on est obligé de faire quelque chose de pas joli. M'enfin, je ne vais plus avoir à vidanger régulièrement cette saloperie de toilette, et je n'aurais plus ces odeurs pestilentielles pendant la nave. Et ça mes amis, ça n'a pas de prix !

Efficace l'acide oxalique !
Quoi d'autre ? Ah oui, vendredi dernier j'ai constaté que mon chargeur de quai était en panne... Mais bon, comme hélas ce n'est pas demain la veille que je mettrais La Boiteuse en marina, y'a pas d'urgence. Ce weekend je me suis occupé de changer le réa du davier, et j'ai mis mes écoutes à tremper. La coque est propre. J'ai passé deux jours à la nettoyer à l'acide oxalique... Bref, les choses avancent doucement comme je vous le disais au départ.


Ah ouais ! Il faut absolument que je vous raconte une histoire de dingue ! Le genre d'histoire qu'à ma connaissance vous ne lirez nulle-part ailleurs !

Les nouvelles toilettes
Donc voilà, c'est une histoire de cafard (Non, pas le mien de cafard. Je parle de vrais cafards). Depuis qu'elle voyage, La Boiteuse a toujours plus ou moins hébergé quelques spécimens de cette saloperie d'insecte. Des petits cafards marocains au gros ailés brésiliens (genre Periplaneta americana), j'ai toujours réussi à maintenir leur population à un niveau acceptable, aidé en cela par Touline qui se fait un plaisir de les chasser pour les bouffer. C'est en arrivant en Guyane que les choses se sont corsées... J'avais beau être mouillé dans le fleuve, tous les soirs de grosses blattes volantes atterrissaient sur le pont, et toutes n'ont pas fini dans l'estomac de Touline ! Peu à peu, j'en ai trouvé un peu partout, et par deux fois (essayez de ne pas vomir sur votre clavier) j'en ai même trouvé dans ma tasse de café le matin au réveil. Les bébêtes s'y étaient installées pour déguster le lait concentré au fond de la tasse, et moi sans m'en rendre compte je rajoute deux cuillères de café instantané et de l'eau bouillante... Je ne vous dis pas la surprise lorsque vous commencez à touiller !

Bref, les bestioles commençaient à vraiment s'installer et j'envisageais sérieusement une résolution plus radicale du problème. Jusqu'à présent, à cause de Touline, je ne voulais pas employer des produits chimiques un peu trop agressifs. Mais le problème s’aggravant de semaine en semaine, je m'en étais inquiété auprès de Tanguy, un véto de passage qui m'a alors indiqué une méthode radicale pour se débarrasser des cafards sans mettre en danger une partie de l'équipage. C'est assez simple. Il suffit de disposer dans des endroits stratégiques des petites coupelles contenant un mélange de lait concentré sucré et de quelques gouttes d'anti-puce. Les cafards s'en régalent, crèvent, et ne risquent pas d'empoisonner votre équipière si jamais il lui prenait l'envie de boulotter un cadavre. Car la dose d'insecticide est supportable pour elle, puisque c'est celle qu'elle ingère normalement lorsqu'on lui met l'anti-puce sur le cou... C'est futé non ?

Récapitulatif
 Mais bon, impossible pour le moment de trouver ce genre d'anti-puce dans le coin. J'ai donc dû me résoudre à attendre d'être en Martinique pour lancer l'offensive. Sauf que, ce que je n'avais pas prévu, c'est que ce serait les cafards qui allaient passer à l'offensive...

Un vieux billot, de l'herbe... Le Paradis !

Un soir de la semaine dernière, je m'apprêtais à m'installer confortablement pour regarder un film lorsque je me suis dit : Tien, il y a des moustiques ! Je vais pulvériser un peu de ce nouvel aérosol que je viens d'acheter... Pchit-pchit-pchit, j'en mets un peu partout dans le bateau et je referme toutes les moustiquaires afin d'être tranquille.

Nom de dieu ! À peine avais-je terminé de pulvériser le truc que j'entends des grattements de partout ! Ça gigotait dans les cloisons ! Le faux-plafond ! Les équipets ! Et puis ils sont sortis par dizaines... Des cafards gros comme la main ! (Non, bon ok, pas gros comme la main... Mais de bonne taille quand même, genre 6-8 cm). Un vrai film d'horreur !

Il y en avait tellement que Touline s'est enfui sans demander son reste. Se chargeant quand même de faire la chasse à ceux qui arrivaient à regagner le cockpit via les aérations du capot de descente.

Du coup, j'ai carrément vidé l'aérosol en entier. J'en ai mis partout ! Et puis j'ai passé quatre heures à chasser ces sales bêtes avec dans une main ma lampe de poche et dans l'autre un chiffon. Elles étaient assez facile à attraper car elles semblaient complètement déboussolées, ne fuyant plus la lumière, et tournant parfois en rond comme des zombies. Je les ai chopé une à une, plus ou moins écrabouillé (Cruntch!) et je l'ai ai balancé par dessus bord sur le terre-plein du chantier.

Le lendemain, le sol autour du bateau était jonché de cadavres, sinistre preuve de la lutte homérique que j'avais dû mener face à la horde de blattes zombies.

Les soirs qui ont suivi, j'en ai attrapé encore quelques unes, mais le gros de la troupe semble avoir été exterminé. Dès demain je retourne au supermarché et j'achète une demi-douzaine de cette bombe miracle. Histoire de clore les hostilités une fois pour toute !

C'est quoi ça ?
Donc voilà, c'était le récit d'une petite misère parmi d'autres. J'espère que vous n'étiez pas en train de déjeuner !


A part ça, rien. Je crois que j'ai plus ou moins fait le tour des derniers événements afin que vous soyez pleinement informés. Donc logiquement à la fin de la semaine je devrais avoir des infos fraîches à partager avec vous, concernant l'inverseur et surtout, surtout, la nouvelle Miss B !

See you next week !
On aperçois le nouveau panneau...
 
J'ai pas encore trouvé le bonheur, mais j'ai déjà la clef !


jeudi 19 novembre 2015

Début des travaux

10°40.788N 61°37.257W
Carenage Bay, Trinidad

Pour bouger ma maison, il faudra me passer sur le corps !
Tout nomade en bateau le sait, la vertu première du voyageur est la patience. Face aux tracasseries administratives parfois ubuesques (et qui font paraître notre système français comme d'une efficacité et d'une célérité rare), face à la malhonnêteté de certains commerçants, face à l’incompétence de certains professionnels, ou encore face à la malchance... Face à tout ça, il faut de la patience. Beaucoup de patience. Et même si je pense en avoir un peu plus que la moyenne, la mienne est soumise à rude épreuve depuis quelque temps.

La Boiteuse hors de son élément
Mais bon, La Boiteuse est maintenant hors d'eau depuis mardi matin et les travaux ont commencés. A l'origine j'avais prévu de caréner bien sûr, mais aussi de profiter de la sortie pour changer la bague hydrolube, installer le nouveau panneau solaire et de percer deux trous pour les toilettes... A l'origine ! Car depuis quelques jours deux nouvelles réparations se sont glissées dans l'agenda. Oh, pas grand chose ! J'ai juste l'inverseur qui est tout cassé et le safran qui prend l'eau ! Pas grand chose je vous dis... (Je ne veux même pas (pas encore) penser à ce que ça va me coûter et au temps que je vais perdre)

Pfff....
Bon allez, je ne vais pas m'étendre plus avant sur la liste de mes petits malheurs car le drapeau en berne au cul de mon bateau me rappelle tous les jours ce que cela pourrait avoir d'indécent. De même, je ne m'étendrais pas sur les événements de vendredi dernier... Non-pas cette fois-ci par souci d'indécence, mais parce que j'ai bien peur d'être un peu trop dans la colère pour réfléchir efficacement. Il va me falloir du temps, comme à tout le monde j'imagine, pour digérer tout ça.

J'ai juste une pensée qui me hante depuis vendredi et cela concerne une conversation que nous avons eu Zoë et moi il y a bientôt trois ans... Une conversation à propos du 11 septembre 2001. Alors voilà, Zoë si tu me lis, je te demande pardon. Pardon pour avoir été aussi léger face ta souffrance et à tes larmes. Je sais maintenant ce que tu ressens, et j'ai honte de mon comportement de l'époque.
Voilà, je tenais à ce que cela soit dit.

Bien, braves gens, sur ces mots pas très gais, je vous laisse. Ce matin je dois démonter mes panneaux solaires et trouver quelqu'un pour sécher et stratifier mon safran... Ah oui, j'ai failli oublier ! J'ai quand même eu le temps de vous faire une petite vidéo où on voit La Boiteuse qui se prend pour un avion, et Touline qui surveille ça avec une certaine nonchalance. Normal, c'est Touline après tout. (Tien, heureusement qu'elle est là, elle)


C'était une bien belle matinée pour faire ça

lundi 16 novembre 2015

lundi 2 novembre 2015

Trinidad, sans le sourire c'est moins bien forcément...

10°40.788N 61°37.257W
Carenage Bay, Trinidad

TTSA
Voilà un peu plus d'un mois que je suis arrivé à Trinidad, et il est peut-être temps, autant pour moi que pour vous, de faire le point. Enfin, quand je dis faire le point... Je veux dire qu'il pourrait être utile de poser les choses sur le papier afin d'y voir plus clair. Donc en fait, si j'écris ces mots c'est surtout pour moi... Alors, fidèle lecteur, si mes cogitations t'indisposent, je ne t'en tiendrais aucune rigueur si tu décidais de passer à autre chose. Genre, aller tondre la pelouse ou plumer un moineau.

Capsun qui s'en va vers Grenade
Donc, voilà un peu plus d'un mois que je suis arrivé à Carenage Bay. Et en un mois qu'est-ce que j'ai fait ? Ben rien...

Enfin, presque rien ! J'ai tout d'abord fait le tour des chantiers et des magasins afin de choisir le meilleur matériel au moindre coût. Enfin, au moindre coût tout court devrais-je plutôt dire. Car les prix qui sont pratiqués ici vous dissuadent rapidement de vous offrir ce qu'il y a de mieux. C'est dingue ! Moi qui, depuis plus d'un an, remettais à plus tard l'achat de certaines choses, mes winches par exemple ou un nouveau panneau solaire, parce que je pensais devoir attendre de me retrouver dans un pays détaxé afin de payer moins cher, je me suis bien planté !

Tout d'abord, tout n'est pas détaxé. Certains produits le sont et d'autres non... C'est un peu à la gueule du client. Non, correction : C'est surtout à la gueule du client. J'ai vu des types (des anglo-saxons) remplir des formulaires de détaxe, mais lorsque tu demandes comment on fait pour bénéficier du même traitement, on te dit que ce n'est pas possible. Qu'ils ne font pas ce genre de truc... Dans le genre escrocs, les vendeurs de Budget Marine (oui, je le cite si je veux !) sont des supers-cracs.

Escrocs !
Donc, pour pouvoir bénéficier d'un meilleur tarif, j'ai dû passer par un importateur qui fait venir directement ses produits des USA, sans taxes, Marine Warehouse. Le souci, c'est que pour avoir votre marchandise, c'est six semaines de délai ! Ainsi, depuis six semaines j'attends ma nouvelle annexe, mon nouveau frigo et mon nouveau panneau solaire... Logiquement, je devrais pouvoir les avoir le 12 novembre, mais quelque chose me dit qu'un délai supplémentaire n'est pas à exclure.

Du coup, les réservoirs sont plains, forcément...
Ensuite, je me suis intéressé à vouloir faire construire un nouveau portique afin de supporter le nouveau panneau solaire plus lourd et plus volumineux que l'ancien. Devant le prix du devis, 1500 USD, j'ai finalement décidé que l'ancien devra faire l'affaire. Je vais le consolider et on verra bien si ça tient ou pas... Pour les winches, idem. Les prix prohibitifs font que je vais devoir attendre la Martinique pour trouver des pièces d'occasion abordables.

Riga qui file vers Tobago
Car oui, j'ai enfin décidé de ma route à suivre pour les mois à venir ! Dans l'espoir, bien mince je l'avoue, de me trouver une « situation » j'ai décidé d'aller prospecter en Martinique. Je me donne six mois pour trouver quelque chose à faire, et si à la saison cyclonique je n'ai rien trouvé, je me barre pour rejoindre l'Amérique Centrale ; Soit par la route nord, en passant par la Guadeloupe, la République Dominicaine, Haïti, et la Jamaïque. Soit par la route sud, en passant par les ABC et la Colombie.

Voilà donc le programme. En attendant, dès cette semaine je vais m'occuper à sortir La Boiteuse et à lui refaire une beauté. Grattage et antifouling bien sûr, mais également perçage de trous pour installer les nouveau chiottes. J'en profiterais également pour sortir l'arbre d'hélice et le réviser entièrement.

Ambiance...
Sinon, depuis que je suis à la bouée, je respire un peu mieux. Nous avons eu d'autres épisodes orageux, moins importants cependant que celui qui a failli m'envoyer à la côte, mais je n'ai plus à me soucier de la sécurité de mon bateau. La seule chose qui m'importe, c'est de ne pas oublier de fermer les hublots ! L'ambiance au TTSA est assez sympa, mais c'est surtout grâce à la petite bande de frenchies que nous sommes et qui résiste assez bien à l'omniprésence anglo-saxonne.

Heureusement qu'ils sont là ai-je envie de dire... Car, je ne sais pas encore si c'est moi ou eux, mais j'ai l'impression que les Trinidiens font la gueule en permanence. On me dit que c'est le lieu qui fait ça... Qu'ici à Chaguaramas les gens sont là pour faire du bizness (ce qui n'empêche pas le sourire et la politesse d'après moi) et qu'ailleurs dans l’île les gens sont beaucoup plus ouverts et souriants... Je veux bien, mais en attendant j'ai un peu de mal à ne pas le prendre personnellement. Pourtant je fais tout bien ! Je suis poli et souriant, j'évite de ramener ma fraise comme sont sensés le faire les français (un préjugé bien stupide entre nous soit dit), mais rien n'y fait. Ici, en règle générale, les gens me font la gueule et j'ai l'impression de les emmerder profondément à chaque fois que je demande quelque chose, ou que je dis simplement bonjour.

TTSA again
Mais c'est pas grave. Depuis le début je sais que je suis ici pour mon bateau et que je ne m'y attarderais pas. Donc, il m'importe peu de me faire des amis parmi les locaux.


Bon allez, il faut que j'aille au bureau discuter avec la toute jolie et peu souriante secrétaire et prendre rendez-vous pour sortir La Boiteuse. A plus les gens !

PS : Changement de programme. Je me suis rendu compte que l'installation des nouveaux chiottes risquait d'être un peu plus compliquée que je ne le prévoyais. Aussi, je vais attendre que mes copains de La Bella Flora viennent me rejoindre. J'aurais besoin des lumières de Bernard !