mardi 31 mars 2015

Quatre ans...

12°53.377S 38°41.045W
Itaparica, Bahia

Depuis quelques jours je me torture les méninges pour vous pondre un truc afin de commémorer le quatrième anniversaire de mon voyage... Mais j'ai beau cogiter, rien ne vient. J'ai regardé un peu ce que j'avais écrit les années précédentes et j'avoue que pour ce coup-là j'ai un peu de mal à trouver le ton enjoué, festif, qui convient à ce genre d'article. La faute, sans doute, à cette espèce de torpeur qui m'accable depuis mon dernier échec, à cette année qui au final s'est révélée peu reluisante, à cette solitude qui devient de plus en plus pesante... Bref, l'humeur n'est pas à la gaudriole.

Mais c'est pas grave ! Je vais quand même essayer de vous distraire avec des statistiques ! (Oui c'est possible)
Sachez que depuis mon départ je comptabilise le temps que j'ai passé en mer afin de faire la part des choses entre La Boiteuse comme moyen de locomotion, et La Boiteuse comme maison. Et ça donne ça.



Temps passé en mer
Première année
23 jours 5 heures
6,40%
Deuxième année
36 jours 18 heures
17,50%
Troisième année
8 jours 2 heures
2,20%
Quatrième année
17 jours 22 heures
4,90%
Total sur quatre ans
85 jours 23 heures
5,88%


Alors que faut-il penser de ces chiffres ?
D'abord, lorsque j'en parle autour de moi ces chiffres n'étonnent personne. Bon, je veux bien reconnaître que je suis un marin-voyageur lent et que j'ai tendance à m'incruster dans les paysages que je parcours, mais à quelques choses près, nous sommes tous dans le même cas.
J'ai lu quelque part (où, je ne sais plus) que la moyenne des sorties en mer pour la plaisance française devait tourner autour de quatre jours par an. Moi, j'en suis à un peu plus de 21 jours, ce qui me différencie déjà du plaisancier moyen.
Ensuite, ce genre de chiffres devrait clore le sempiternel débat entre ceux qui pensent devoir privilégier le côté navigabilité de leur bateau et ceux qui pensent que l'habitabilité est plus importante... Définitivement c'est l'habitabilité qui l'emporte ! Si j'osais je dirais que votre bateau est beaucoup plus une maison qui bouge, qu'un moyen de transport sur lequel on peut vivre.
Alors, pour les rêveurs (c'est un compliment dans ma bouche) qui pensent un jour tout larguer pour parcourir le vaste monde au fil de l'eau, pensez-y !

Voilà mes amis. Désolé de ne pouvoir vous détendre avec des souvenirs émus de cette année passée, mais je n'en ai guère. Cette quatrième année je la considère comme une pure perte de temps, une galère obligée, qui m'aura vu remonter les côtes du Brésil pour corriger une erreur de jugement. Le jour où j'ai décidé de prendre vers le Sud plutôt que vers le Nord. C'était le 15 août 2012, et ce jour là j'aurais mieux fait de me casser une jambe...

Bon allez, histoire de ne pas rompre la tradition, je vais vous mettre une photo de moi prise hier afin que vous puissiez suivre l'évolution de ma bouille tout au long de ces quatre années. Et puis aussi une photo de Touline qui a un nouvel ami mais qui ne le sait pas encore !


2015...


Pauvre Coyote... Il n'en mène pas large !

vendredi 20 mars 2015

Vous aviez échappés à ça !

12°53.377S 38°41.045W

Itaparica, Bahia

L'internet dans les pays en voie de développement étant ce qu'il est, balbutiant (notez le politiquement correct de cette phrase, parce que franchement j'aurais plutôt envie de le dire autrement), j'avais renoncé à vous inclure cette vidéo dans mon dernier article.

Mais comme je sais qu'il y en a parmi vous qui sont friands de ma tronche en mouvement avec du son dedans, j'ai décidé de consacrer le temps qu'il fallait pour mettre en ligne cette petite bluette.

Après exactement six heures et vingt-cinq minutes d'upload (oui je sais, ça fait peur) voici le résultat !


Et en prime je vous mets deux photos du coucher de soleil de ce soir... Z'êtes vraiment des veinards !


lundi 9 mars 2015

De Itaparica à.... Itaparica ! Troisième tentative

12°53.377S 38°41.045W
Itaparica, Bahia

Ce mardi 3 mars, alors que l'après midi touchait à sa fin, et que je terminais de visionner les derniers épisodes de la saison quatre de Game Of Thrones (avant le début de la saison cinq prévu pour le 12 avril, avis aux amateurs !), j'entends qu'on m'appelle depuis le ponton. C'est Dennis, le gérant de la marina. Il m'informe que la Police Fédérale et la Receita (les Douanes) l'ont appelés au téléphone pour lui demander de signaler s'il y avait des bateaux « illégaux » par chez lui, et qu'ils prévoyaient de passer faire un tour ce mercredi pour vérifier. Merde, merde, merde ! Il faut que je me tire, et vite !
Je jette un œil sur la météo, et je constate que pour la journée du mercredi et du jeudi les vents seront au Sud-Est, entre 100° et 120°, c'est à dire favorables pour remonter. Ensuite ça se gâte mais si j'ai bien avancé pendant ces deux premiers jours, ça devrait passer quand même... Sinon, je pourrais toujours faire escale à Macéio.
En quelques minutes ma décision est prise, je vais m'en aller et tenter de remonter jusqu'à Jacaré. Aussitôt c'est le branle-bas de combat sur La Boiteuse. Je range ce qu'il y a à ranger, je fais le plein d'eau, je me prépare mentalement à ce qui m'attend...

Le mercredi 04 mars 2015 – Troisième tentative

06H20 : La Boiteuse est pratiquement prête. Je n'ai plus qu'à faire quelques courses pour l'avitaillement et à régler ce que je dois à la marina, et on va pouvoir y aller. Touline m'observe assise sur le ponton, et étant donné le regard qu'elle me jette je vois bien qu'elle a compris qu'on est sur le départ. Ça va être coton de lui mettre la main dessus...

08H30 : Ça y est, on est parti ! J'ai récupéré la chatte allongée de tout son long dans la cabine arrière du bateau de Jacques et Claudine. Ceux-ci me larguent les amarres et me souhaitent une bonne nave. Je fais un petit tour d'honneur pour saluer à mon tour les bateaux-copains. François, Fatiha et leur fille Mohanna me saluent au passage. Bye-bye tout le monde !

Aux abris !
08H40 : A peine ai-je passé la pointe nord de l'île que j'avise un super orage qui surplombe la baie de Tous Les Saints. Il est massif, bien dense, et la pluie fait comme un grand mur gris droit devant La Boiteuse. Je ne crois pas aux augures, mais si c'était le cas je dirais que ça commence mal et que la suite du voyage risque d'être un chouïa galère...


09H00 : Ça y est on est dedans. Il pleut des seaux, des bassines, des citernes d'eau ! J'essaye de rester à l'abri sous la capote mais cela ne sert à rien. Je suis trempé jusqu'aux os ! La visibilité est quasi-nulle. Un voilier brésilien qui était parti quelques minutes avant moi est apparemment en train de faire demi-tour. Il me passe sur tribord en me faisant signe, le pouce vers le bas, qu'il abandonne. Puis, devinant sans doute que je naviguais sous pilote automatique et avec une carte électronique il enquille derrière moi. Et me voilà transformé en poisson pilote !

09H40 : Le grain est passé. J'ai arrêté le moteur pour voir ce que ça donne à la voile. Malgré la marée montante, on avance quand même à trois nœuds et des brouettes.


10H05 : Bon ben on va remettre Mercedes en route hein ? Parce que là on n'avance plus du tout.


12H00 : RAS. Toujours au moteur avec la GV en appui sur une mer presque d'huile. Nous nous approchons du Cabo Santo Antônio. Chose intéressante, le peu de vent qu'il y a semble venir sur Sud-Ouest. Sans doute un thermique.

Le soleil tape de nouveau
12H50 : On attaque la partie la partie compliquée. Celle sur laquelle je me suis cassé les dents par deux fois déjà. Dix milles bout au vent, avec le courant contraire sans possibilité de se dégager. On avance à deux nœuds.

14H40 : Quatre nœuds ! C'est beaucoup mieux hein ? Sauf qu'on n'est pas encore sorti d'affaire car le vent est encore trop faible. Je pense que je vais garder le moteur encore jusqu'à la nuit, histoire d'assurer le coup. Cap au 100°.

15H20 : Yes ! Le vent commence à se lever à peu près là où il était sensé être.

18H00 : Comme prévu j'arrête le moteur et je fais un point. Nous avançons sous voile à plus ou moins trois nœuds et, ô joie, dans la bonne direction ! Cap au 40°, parallèle à la côte. Le seul souci c'est que je suis à 45° du vent apparent, au près serré donc, et que cela ne me laisse pas beaucoup de marge de manœuvre.

Coucher de soleil sur Salvador

18H25 : Bon, finalement le cap n'est pas aussi génial que je ne le pensais... J'aurais préféré m'éloigner de la côte plutôt que de la longer, et naviguer toute une nuit en s'éloignant m'aurait procuré plus de marge de manœuvre au matin si le vent venait à refuser. Mais bon, on avance vers le nord, et je me dis que c'est déjà ça de gagné ! Je n'ai pas encore de véritable raison de me réjouir, mais je prends les choses comme elles viennent. Demain matin, on verra où j'en suis et je verrais s'il y a lieu de fêter ce départ enfin réussi de la baie de Salvador ! Après cinq mois d'escale, il était temps, non ?

Le jeudi 05 mars 2015 - Demi-tour !

Premier matin
06H00 : Bonjour ! La nuit a été assez calme. La première partie j'ai été obligé de faire gaffe à quelques travailleurs de la mer qui, comme de par hasard, avançaient dans la même direction que moi. Mais le reste de la nuit je fus seulement dérangé par un cargo qui naviguait loin sur tribord. Le cap a été bon, mais la vitesse par contre fut... Désespérante. 2,7 nœuds sur les douze dernières heures... Foutu courant ! Dès les premiers rayons du soleil j'ai envoyé un peu de toile à l'avant, mais pas trop car je ne veux pas augmenter ma dérive. A ce train là, il va me falloir une semaine pour rallier Jacaré...

09H30 : Matinée tranquille, faite de lecture et de quelques grains passagers qui obligent à tout ranger dans le cockpit, mais aussi qui rafraîchissent grandement l'atmosphère. La Boiteuse poursuit son petit bonhomme de chemin au bon plein maintenant, et c'est très bien comme ça.

12H00 Trois nœuds de moyenne générale ces dernières vingt-quatre heures, que dire de plus ? Si ce n'est que mon bateau mérite bien son nom !

A l'horizon j'aperçois un front nuageux qui ne me dit rien qui vaille... Ce ne sont pas des orages, mais on dirait bien un front froid. Bizarre.

14H50 : Bon ben les enfants, on est un peu dans le caca. Avec les nuages est arrivé un vent assez fort (F4-5) qui nous a fait bien avancer, mais pas dans la bonne direction puisqu’il provenait du Est-nord-est. Résultat, j'ai fait route au 15° au lieu du 40° nécessaire et obligatoire. C'est à dire que si je continue comme ça, je vais finir par percuter une plage Brésilienne... Je me retrouve dans la même situation que lors de ma deuxième tentative d’exfiltration.


15H56 : Cela fait une heure que je me torture les méninges. Apparemment, et d'après les gribs, le vent devait bien virer un peu au Nord-Est, mais pas aussi tôt et pas avec autant d'angle... La fenêtre météo est en train de se refermer juste devant moi, et plus ça va moins je vais pouvoir tenir mon près sur ce bord.

Il n'y a pas une solution, mais trois. La première serait de virer de bord en espérant que ce nouveau cap me fasse gagner de l'Est. Même si je dois faire ça pendant un jour c'est pas grave du moment que je puisse remonter plein Nord ensuite.

La seconde solution serait de mettre le moteur en marche et de filer à l'Est autant que possible, mais vu ma faible autonomie et la mer formée cela ne me tente pas trop...

La troisième solution, serait de faire demi-tour. Mais là franchement j'aurais bien les boules si je devais en arriver à ça !


Ma pomme
16H40 : La Boiteuse file ses cinq nœuds au 220°, droit sur... son point de départ !

Après avoir bien réfléchi, j'ai finalement décidé que cette troisième fois ne serait pas la bonne. Et ce pour plein de raisons. D'abord parce que j'ai essayé de virer de bord mais même en faisant un près ultra-serré je faisais quand même un cap au 180°. Et puis j'ai refais encore une fois mon analyse météo et j'ai vu qu'il n'y avait quasiment aucune chance que les choses évoluent dans le bon sens. La fenêtre se refermait juste sous mon nez et n'allait pas s'ouvrir de la semaine.

Bordel à queue ! Si je n'étais pas parti aussi précipitamment, j'aurais bien vu que rallier Macéio en moins de deux jours c'était infaisable ! Des fois je vous jure, je me trouve nul, mais nul...

18H00 : C'est officiel, je suis maudit. Avoir fait cent milles et être obligé de faire cent autres milles dans l'autre sens...


Le vendredi 06 mars 2015 – Chaud aux fesses

05H00 : Putain de nuit... Jusqu'à minuit tout allait bien, et j'envisageais de pouvoir rallier Itaparica en milieu de journée, et puis ça a été la pétole entrecoupée d'averses. J'ai réussi à dormir un peu malgré le boucan que faisait la baume et les trombes d'eau aussi subites qu'heureusement éphémères.

Là je me tâte : J'allume le moteur ou pas ? Il reste 53 milles à faire, et on n'y sera pas avant la fin de la journée de toute façon. Avec ou sans moteur.

05H20 : Allumage de Mercedes, qui me fait quelques frayeurs en se faisant tirer l'oreille.

07H35 : Le vent se lève, et il vient... de l'ouest ! Il s'agit d'un thermique matinal bien sûr, mais ça fout un peu les boules tout de même. Le bon côté de la chose, c'est qu'avec la GV en appui et la houle dans le dos, La Boiteuse fait des pointes à six nœuds. Arrivera t-on avant la nuit ?

09H30 : Je pense qu'on arrivera vers 17H00 à ce rythme. Ça dépendra de la marée.

09H55 : Je me dis que j'ai bien fait de prendre la décision de revenir. Si j'avais persévéré je me serais retrouvé dans la merde sans possibilité d'avancer, ou même de revenir, prés des côtes à 125 milles d'un atterrissage possible. Je ne dis pas ça pour me justifier hein ? Enfin, je ne crois pas...

J'essaye de prendre ce troisième échec avec philosophie mais je commence tout de même à remuer de sombres pensées... concernant ce voyage et ma vie en général. Voilà bientôt quatre ans que je pérégrine et je trouve que cette dernière année a été plutôt merdique. Je parle de nave, mais pas que. Pour tout vous dire, depuis quelques mois il m'arrive d'imaginer tout laisser tomber. Oui c'est vrai, parfois je pense à vendre le bateau, à prendre un avion... Et puis très vite, je me mets avoir peur de ce que serait alors mon avenir. Un grand vide, un trou noir... Et puis je me rappelle que j'ai brûlé mes amarres, que rentrer est maintenant quasiment impossible pour moi, que la solution serait pire que le problème, que je me suis condamné moi même à avancer sur mon rafiot... Et que si j'ai fait ça, c'est parce que je croyais dur comme fer que le bonheur ne viendrait jamais à moi et qu'il faut que j'aille le chercher moi-même. Je pense alors à mon pote Christophe qui lui l'a trouvé le bonheur... Sous la forme d'une estonienne perdue en Terre de Feu. Alors je me remets à espérer.

Averse tropicale
10H20 : Un grain passe lentement. Il y a un truc que j'aime bien avec la pluie sous les tropiques, c'est qu'elle a l'air moins mouillée que les autres. C'est intense, court, et quelques minutes après tout est sec !

10H35 : Ça y est, les buildings de Salvador sont en vue.

Les dunes d'Ipitanga
11H10 : Alors que je m’apprête à passer la Ponta Itapua, j'aperçois les grandes dunes qui surplombent Ipitanga (c'est marqué sur la carte). De loin on dirait des pentes enneigées que la silhouette des cocotiers sur la plage rendent encore plus improbables.


12H00 : J'ai faim. Je me prépare un bol de nouilles. Il reste 24 milles à faire. Avec un peu de bol on arrivera avant la nuit. Non pas que cela m'inquiète car je commence à connaître le coin (à force !), mais c'est tout de même mieux d'avoir la lumière du jour.


14H00 Pile : Nous recroisons pour la... septième fois le Cabo Santo Antônio. Coup de bol, j'arrive avec la marée et La Boiteuse file à 6,6 Nœuds !

Toute la journée il a fait gris et il n'y a quasiment pas eu un pet de vent. J'essaye d'imaginer mon troisième retour à la marina. C'est sûr que là ils vont commencer à se dire que je suis un bien piètre marin. J'espère seulement que les flics seront passés, et ne repasseront....

Cabo Santo Antônio
14H20 : Oh putain ! Je n'ai pas le temps de finir ma phrase que j'entends simultanément un bruit de moteur et une voix qui m’interpelle ! Un zodiac de la Marinha do Brasil est arrivé dans mon dos, avec deux types à bord, et il me demande de m'arrêter. Là, je suis pris au dépourvu et j'ai les boyaux en vrac. Ils s'amarrent à la Boiteuse et me demandent alors les papiers du bateau... Là, je ne sais pas si je fais bien, mais je fais celui qui ne comprend pas très bien le portugais. Je me fais tirer l'oreille, les fais patienter un peu, et je leur présente le livret de francisation. Puis, ils me demandent le papier d'entrée délivré par la Capitania lors de mon arrivée au Brésil... D'une main un peu tremblante je leur tends le document, m'attendant à m'entendre dire que celui-ci date un peu (presque un an !). Le gars y jette un œil et me demande si je viens d'Uruguay. Je réponds, oui monsieur, Uruguay ! En français.

Il le rend alors en me demandant de passer les voir pour me faire enregistrer puis me remercie et le zodiac s'en va.

J'ai les joues en feu et une irrésistible envie de boire un verre de quelque chose de fort. Je m'allume une clope et j'inhale profondément la fumée. Mon cœur ralenti... Ouf, ça s'est bien passé !

15H05 : Et merde... en voilà un autre. Là c'est une vedette rapide escortée par un jet ski. Putain de merde !!!!

Le même
15H10 : Ouf ! Là aussi ça s'est bien passé. En fait, j'étais dans le rail qu'empruntent les ferry et les gars se demandaient si j'étais au moteur ou à la voile (les deux en fait). Question de privilège par rapport au ferry qui se pointait sur mon tribord. Je les rassure en virant ostensiblement afin de laisser passer le ferry : Tribord amure c'est lui qui a priorité.

Oh lala... Mais vous croyez qu'un jour je vais en avoir fini avec les emmerdes ?



15H35 : Deux contrôles en l'espace de quelques minutes, je me dis qu'avec le bol que j'ai je vais trouver les fédéraux sur le ponton de la marina.

Bon, en même temps c'est vendredi soir, et il y a de grande chance qu'ils soient en weekend jusqu'à lundi...

15H35 : Bon allez, j'arrête de gamberger ! On arrive dans une petite heure.

16H45 : J'arrête le moteur, on est arrivé. Je me suis amarré sur le ponton extérieur, quasiment à la même place qu'avant. Fatiha qui faisait sa lessive sur le ponton m'a gracieusement aidé. Je regarde le compteur de milles : 196 milles de parcourus pour en arriver au même point. Je suis dégoutté.

Épilogue :

On n'est pas déjà passé par là dis ?
Le lendemain de mon retour, une mauvaise surprise m'attendait dans les bureaux de la marina d'Itaparica. La Police Fédérale était passée et repasserait, probablement lundi, que je ferais mieux de partir, etc. A travers les arguments de Dennis, j'ai compris que ces mêmes autorités n'étaient pas vraiment à la recherche de voileux illégaux, mas plutôt qu'ils recherchaient un bateau bien particulier, sous pavillon français, soupçonné de trafic de drogue. Moi, je risquais juste de me faire prendre dans le filet... J'ai surtout compris qu'il avait envie que j'aille me faire pendre ailleurs. Il me couvrait depuis cinq mois, et sa bonté avait certainement atteint ses limites. Il eut quand même la sympathie de m'indiquer quelques endroits où je pouvais toujours tenter de m'incruster.

J'étais un peu abattu comme vous le supposez sans doute, mais je pris mon parti assez vite de la situation. Ok, dès lundi je me rendrais dans la baie d'Aratu pour aller voir si je peux trouver une place.


En fin d'après midi, la chance me sourit enfin. J'étais en train de papoter avec les copains sur mes petits malheurs de clandestin, lorsqu'un français s'est mêlé à la conversation pour nous éclairé de son opinion averti. Et pour averti il l'était puisqu'il s'agissait ni plus ni moins de Monsieur le Consul Honoraire de France à Salvador !

Celui-ci m'a bien rassuré sur ma situation et m'a convaincu que je ne risquais au pire qu'une amende de 900 Réals et en aucun cas de la saisie du bateau. Il m'a même filé ses coordonnées au cas où j'aurais besoin de lui...

Rassuré, et fort de ce nouvel appui et de ces nouveaux arguments je suis retourné aux bureaux dès lundi matin pour annoncer fièrement à mon Dennis que je restais où j’étais ! Enfin, jusqu'à la prochaine fenêtre météo favorable !

Au près serré je fais le contre-poids... A ma façon !