jeudi 7 juillet 2016

Gardons le moral...

14°27.965N 60°51.925W
Marina du Marin, Martinique

Où est-il ? Que fait-il ? Est-ce qu'il va bien ? C'est quoi la prochaine étape ? Figurez-vous que toutes ces questions que j'imagine vous vous posez, je me les pose aussi. Sans utiliser la troisième personne du singulier, rassurez-vous. J'ai beau choper le melon de temps en temps, je ne porte pas ce couvre-chef en permanence. C'est cyclique en fait... Mais bon, en ce moment je suis plutôt tête nue.

Le temps se couvre... Je reste ou je sors ?
Où je suis ? Et bien je suis toujours accroché au ponton du Marin telle la moule sur son rocher. Deux fois déjà j'ai reporté mon départ. La première fois pour recevoir à mon bord une potentielle équipière, et la seconde fois pour des raisons de météo. De cette éventuelle équipière vous ne saurez rien je le crains. La seule chose que vous saurez c'est que cela n'a pas fonctionné... C'est tout. Ça arrive. C'est comme ça.
La seconde fois, j'ai demandé à rester une semaine supplémentaire afin de laisser passer une onde tropicale. Ce n'est ni une tempête, ni un cyclone, mais une onde tropicale n'est pas le genre de chose qui vous incite à prendre la mer. Vraiment pas. Genre rafales à 30 Nœuds et pluies diluviennes, en plein dans les fesses pour ceusse qui désirent comme moi naviguer vers l'Ouest. Bref, on est loin des navigations pépères sous les tropiques. Donc j'ai sursis de nouveau (ouais je sais ça fait bizarre, mais le passé composé du verbe surseoir à la première personne du singulier c'est, j'ai sursis).

Et puis est venu ce lundi matin sinistre où je me suis réveillé en me disant que je n'avais vraiment, mais vraiment, pas envie de partir. Pendant un bon moment j'ai discuté de mon cas avec une voisine de ponton, et il en est ressorti qu'il n'y avait aucune raison pour que je me force à quoi que ce soit. En règle générale j'aime bien ce genre d'argument... Ça me conforte dans mon attentisme. En plus j'adore ma vie de ponton !! C'est super-confortable, j'ai des voisins super-sympas et j'ai tout à porté de la main ! Mais bon, cette situation toute aussi confortable qu'elle soit ne peut durer trop longtemps. Du moins c'est ce que me dis une autre petite voix dans ma tête. Celle qui s'occupe du portefeuille. Bref, je n'étais pas encore décidé jusqu'à ce que les dernières heures de la matinée me forcent un peu la main.

Celui-la il est mort mon Papa, change le !
Coup sur coup, deux copains sont venus à bord pour ce qui ne devait être que des visites de routine. Le premier Jorge, devait voir ce qui clochait avec Mercedes qui refusait de démarrer, et le second, Émilien, devait vérifier mes haubans... Résultat des courses : A trois jours de mon départ vers la Colombie, Mercedes est à l'article de la mort et j'ai quatre bas-haubans à changer !

Pour les haubans, comment vous dire... La dernière fois que j'ai fait vérifier à fond mon haubanage ce devait être en 2013 lors de mon séjour en Argentine. A l'époque j'avais déjà un bas-hauban qui commençait à se dé-toronner, mais le reste semblait en bon état. Et il l'était puisque j'ai pu arriver jusqu'aux Antilles sans casse. Et ce malgré quelques branlées mémorables et le fait que mes haubans aient très probablement l'âge de mon mât ! Oui toi le voileux qui me lit, un haubanage de 35 ans en bon état c'est possible !
Mais bon, force m'est de constater que la limite se trouve là... Parce que franchement, si j'étais parti pour la Colombie comme prévu, mon mât serait probablement au fond de l'eau maintenant.

En ce qui concerne mon moteur, il me faut vous confesser ma négligence. En effet, normalement j'aurais du le démarrer et le faire tourner quelques minutes au moins une fois par semaine. Et je ne l'ai pas fait depuis plus de trois mois. Résultat, les pistons sont coincés, au moins un segment est foutu, le joint de culasse je ne vous en parle même pas... Bref, le pronostic vital de la pauvre Mercedes est cette fois-ci engagé.

J'essaye de garder le moral
Donc, la réponse à la question « que fait-il ? » : Je fais ce que je peux pour me sortir de ce mauvais pas.
Est-ce que je vais bien ? On va dire que oui. J'essaye tant bien que mal de voir le côté positif des choses, et le principal argument en ce sens est qu'il vaut mieux que tous ces problèmes me soient arrivés maintenant que plus tard. En mer par exemple. Et puis c'est peut-être aussi l'occasion de remédier à tout un tas de petits trucs qui me font chier depuis le départ... Sans compter qu'être obligé de rester bien planqué au Marin n'est pas forcément pour me déplaire finalement.

Sauf que ces nouvelles aventures vont me coûter bonbon... Déjà que j'ai dû racheter un ordinateur à 400 euros, je vais en avoir pour 1000 euros de haubans. Pour le moteur au minimum 500, et probablement quelques milliers de plus si je dois en changer... Bref, il y a peu je me posais des questions sur mon avenir et je décidais de ne pas y répondre dans l'immédiat, là maintenant je vais bien être obligé d'y réfléchir pour de bon.

Donc je pense que vous comprendrez qu'avec tout ça la prochaine étape est pour l'instant mise entre parenthèses. Je me sors de ce merdier, ensuite je regarde l'état de mes finances, et enfin j'essaye de prendre une décision. Ce qui va nous emmener vers... Je ne sais pas encore. Début août ? Fin août ? On verra bien... Cela n'a pas vraiment d'importance après tout... Ce n'est pas comme si je risquais de prendre un cyclone sur la tête en restant ici, hein ? Si ?

Finalement on reste ? Tant mieux !